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 "La chute de Monastorio"

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Ana Maria de la Vega

Ana Maria de la Vega


Messages : 37
Date d'inscription : 30/10/2008

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MessageSujet: "La chute de Monastorio"   "La chute de Monastorio" Icon_minitimeMar 4 Nov - 19:50

La chute de Monastorio





« Commandant Monastorio, regardez cet homme, regardez le bien. Pouvez-vous me certifier que ce bandit est Diego de la Vega ? »



Le Commandant Enrique Sanchez Monastorio se retourna à peine vers le justicier masqué de noir et planta son regard assuré dans celui du Vice Roi.

« Excellence, je vous assure que c’est bien lui. Don Diego est Zorro ! »

Un frisson parcourut la salle, devenue subitement muette, après l’agitation qu’il y avait eu quelques minutes auparavant, causée par ce duel singulier, opposant l’officier et le caballero. Ana Maria s’efforçait de ne pas trembler, le regard rivé sur l’homme vêtu de noir, soutenant de son bras la jeune Señora Monastorio présente à ses côtés. Venant à peine d’apprendre qu’elle était enceinte, celle-ci ressentait avec encore plus de force les sentiments de peur qui étreignaient son cœur, depuis que cette maudite soirée avait basculé. Son mari s’opposait au Vice Roi, et il risquait beaucoup…

« Parfait, retirez-lui son masque » ordonna le Vice Roi aux deux gardes entourant le hors-la-loi, qui s’exécutèrent.

Le sourire victorieux de Monastorio ne dura que le temps d’une seconde, lorsque, effaré, il découvrit sous le masque les traits de l’un de ses propres lanciers… C’était impossible… !

« Ne le punissez pas Commandant, cet homme a agi sur mes ordres. »
« Mais Diego est Zorro ! J’en suis sur votre Excellence, je le sais ! »
« Je finirai presque par le croire tant le Commandant est convaincant ! »

Surgissant de derrière le comptoir, Diego apparaissait, le sourire aux lèvres, preuve ultime pour le Vice Roi que Monastorio s’était trompé. L’instant d’après, celui-ci était aux arrêts… Seul le gémissement de Roseta vint perturber le silence qui s’était de nouveau installé, la jeune femme s’était évanouie…





Tout sourire s’était définitivement envolé, lorsque Diego avait salué son Excellence et qu’il observait maintenant, silencieux, le commandant se faire passer les menottes aux poignets. L’officier avait cessé de clamer qu’il était persuadé d’avoir découvert l’identité de Zorro. Il se contentait à présent de fusiller du regard celui qu’il tenait pour seul responsable de sa chute, un regard noir, qui signifiait « vous savez que je n’ai dit que la vérité… »

« Est-ce que ça va…. ? »

La voix timide de sa femme ramena Diego à la réalité. Peinant à décrocher son regard de celui, perçant, de Monastorio, il s’efforça pourtant de la rassurer d’un sourire. Au fond de la salle, il remarqua cependant l’épouse du Commandant, qui se remettait difficilement du choc. Le regard vide, il en oublia de répondre à Ana Maria, et n’eut la force que de murmurer quelques mots. « Rentrons à l’hacienda… »



~~~~~~




Le voyage du retour se fit dans un silence pesant. La voiture filait à travers la campagne sombre et ses paysages fantomatiques, et seul le bruit des chevaux au galop venait transpercer le silence nocturne.

Mal à l’aise, Ana Maria osait à peine se retourner vers lui. Il n’avait pas dit un mot depuis Los Angeles, et la jeune femme peinait à comprendre sa réaction. Après tout, il venait de sauver sa vie… Hésitante, elle finit tout de même par se retourner vers lui, et découvrit, le cœur serré, le visage douloureusement fermé de son mari. Il gardait le regard rivé sur le chemin rocailleux, et ne fit pas un mouvement, quand bien même il avait deviné sa femme se rapprocher de lui. Les mains crispées sur les rênes, il ne fit pas un geste et garda le silence.



~~~~~~




Les premiers rayons du soleil, le lendemain matin, vinrent trouver un Don Diego fatigué, aux traits tirés, signe qu’il n’avait que très peu dormi. Miné par les événements de la veille, c’était le visage crispé qu’il rejoignit Ana Maria à la table du salon. Sans un mot, Ana Maria le regarda s’assoire face à elle, le regard triste. Elle avait espéré que la nuit viendrait le calmer un peu, mais elle ne pouvait que constater qu’il n’en était rien... Rarement elle l’avait vu le regard aussi sombre, elle était perdue.

« Mon père est-il ici ? »

La jeune femme ne put s’empêcher de trembler légèrement. Enfin il parlait… !

« Non Diego, mais il a fait parvenir un courrier pour annoncer son retour pour ce soir. »
« Bien… Merci. »

Il ne l’avait même pas regardée, durant ce bref échange. De plus en plus inquiète, elle sentait les larmes monter doucement. Il fallait qu’il réagisse…

« Diego… Que se passe-t-il ? A quoi pensez-vous ? J’aimerais pouvoir vous aider… vous m’inquiétez… »

Pour la première fois, il leva les yeux vers elle. Un regard sombre, orageux, où se mêlait colère et tristesse, mais ce fut à voix basse qu’il lui répondit.

« Ce qu’il se passe… ? J’ai fait arrêter un innocent. »
« …Ne dites pas cela, Diego ! »
« Ce n’est pourtant que la vérité ! » répliqua-t-il, la voix sensiblement plus dure.

Un instant, Ana Maria hésita quant à la conduite à tenir. Il lui faisait peur, c’était bien la première fois que cela arrivait, mais elle ne pouvait le laisser croire qu’il était fautif.

« Diego… Son Excellence a arrêté le Commandant surtout pour tout ce qu’il a fait aux habitants de Los Angeles depuis ces derniers mois…. »

« … Peut-être… »

« Diego… »

« Il va être condamné Ana Maria. Peut-être va-t-il être exécuté, et pour quoi ? Pour avoir dit tout haut ce qui n’est que l’exacte vérité. Je suis Zorro. Monastorio n’est peut-être qu’une crapule, mais il mérite le respect, il n’a fait que dire la vérité… »

« Vous ne pouviez rien faire d’autre Diego. »

« Je… Je ne sais plus… Peut-être y avait-il un autre moyen, autre chose à faire… Il y avait sûrement autre chose à faire… »

Le cœur déchiré, la jeune femme observa son mari se prendre la tête entre les mains.

« C’était lui ou moi, Ana Maria…. »

« Je sais… » répondit-elle, les larmes aux yeux. « …Il n’y a pas de justice parfaite Diego… Même vous, vous ne pouvez l’atteindre. Il ne reste que la justice du Seigneur… »

Le regard calmé pour un temps, Diego semblait plongé dans ses pensées avant de se lever subitement.

« Où allez-vous ? »

« Ne vous inquiétez pas, querida, je reviens… Merci pour vos paroles. »





~~~~~~





Cela faisait maintenant dix bonnes minutes que Don Diego se trouvait assis dans sa voiture, à observer en silence la porte qui menait à l’hacienda de la Señora Monastorio… Il ne savait pas pourquoi il était la, pas encore… Perdu dans ses pensées, il se revit encore une fois dans la taverne, la veille, face au Commandant. Monastorio avait su percer son secret, à force de déductions et de raisonnement. Le Commandant avait beaucoup de défauts, et avait commis nombre de crimes, mais Diego reconnaissait qu’il était intelligent, il ne l’avait jamais sous estimé sur ce point la. Un adversaire redoutable, à la hauteur de Zorro. Monastorio avait deviné qui était le renard, rien qu’en y réfléchissant. Diego l’admirait pour cela, et en un sens, il trouvait cela profondément injuste de ne pas pouvoir lui avouer qu’il ne s’était pas trompé. La justice… Le jeune homme se rappela des paroles que sa femme avait prononcées quelques minutes auparavant. Ainsi, il n’y avait point de justice parfaite en ce monde… ? C’était pourtant ce à quoi il avait voué sa vie, ce en quoi il croyait, ce pourquoi il s'était battu, jusqu’à aujourd’hui…

Le bruit d’une porte qui claquait le ramena à la réalité, et il aperçut la jeune Señora sortir de chez elle. Diego avait au fond toujours admiré et respecté Roseta Monastorio. Elle était la douceur et la gentillesse incarnées, et il devinait aisément les effets positifs que la jeune femme brune avait pu avoir sur son époux. Oui, c’était une femme admirable, et cela lui faisait plus mal au cœur encore de savoir qu’il était responsable de sa vie brisée. Elle ne le méritait pas. Une injustice de plus…

Sans réfléchir davantage, Don Diego descendit de voiture pour aller à sa rencontre. Ne s’attendant pas à une telle visite, Roseta eut un petit mouvement de surprise, tandis que Diego notait douloureusement les yeux rougis par les larmes que la jeune femme avait du verser toute la nuit durant…


« …Don Diego… ? Buenos dias »

Le jeune caballero eut un instant d’hésitation, face à la douleur évidente que la Señora ressentait. Le regard agrandi par les larmes séchées, la fatigue de son visage, elle semblait telle un petit oiseau qu’on avait fait tomber de son nid trop tôt, sans qu’il ne sache encore voler. Diego se demanda silencieusement ce qu’allait devenir Roseta Monastorio… Son mari arrêté, au mieux emprisonné, elle n’avait plus rien. Heureusement il lui restait suffisamment pour vivre très correctement, mais l’argent n’était pas tout. La situation n’avait jamais été facile pour elle, au pueblo, quand son mari devait souffrir, jour après jour, la haine non dissimulée des californiens. Monastorio s’était attiré cette haine, il ne le plaignait pas pour cela, mais il avait toujours détesté voir les habitants de Los Angeles, pourtant réputés pour être accueillants, mépriser de loin la jeune Señora.

« …Don Diego ? » répéta timidement Roseta.

Il réalisa alors qu’il n’avait toujours rien dit. Il fit un geste pour s’excuser et fut sur le point de prendre enfin la parole, lorsqu’il s’arrêta de nouveau. Que pouvait-il lui dire… « Comment vous portez-vous ? » Mal, à l’évidence. Il réalisa combien sa venue ici était stupide et sans utilité aucune. Il voulait lui venir en aide, mais il en avait suffisamment fait, à vrai dire…

« Don Diego, vous m’entendez ? » répéta Roseta pour la troisième fois. « Etes-vous souffrant ? »
« Je… non, pardonnez-moi Señora. Je… Je suis simplement venu vous dire… Je suis désolé. »

Roseta dut faire un effort pour parvenir à comprendre ce qui n’avait été presque qu’un murmure. Elle ne comprenait pas bien pourquoi il avait l’air si étrange, et pourquoi il venait s’excuser, mais il paraissait bouleversé.

« Ce n’est rien… Pardonnez-moi Don Diego mais on m’attend, je vais voir Enrique… »

« …Bien sur… »

Encore troublé et gêné, Diego s’écarta légèrement et aida Roseta à monter dans sa voiture. Lorsque la calèche fut enfin partie, il resta plusieurs minutes à contempler le nuage de poussière qui s’élevait dans les airs, avant de se décider, enfin, à faire demi-tour.



~~~~~~




Le lendemain matin, tout le village de Los Angeles se retrouva sur la petite place. La masse grouillante remplissait l’espace, et les soldats avaient du mal à contenir la foule et à garder un endroit libre devant la caserne. Aujourd’hui, l’ancien Commandant, Enrique Monastorio était transféré à Monterey. Personne ne savait quel serait exactement le sort réservé à l’officier, le procès était prévu pour la semaine suivante.

Près de la lourde porte en bois, les lanciers s’étaient rassemblés et s’alignaient à présent pour escorter la diligence transportant le prisonnier. Sur la place, l’ambiance était lourde, oppressante, tous voulait voir de leurs yeux la défaite du Commandant qui avait régi leurs vies depuis tant de temps. Près de l’entrée de la caserne, Don Diego observa un instant la douce Señora Monastorio, le visage encore pâle, entourée d’Annabella et Ana Maria. Il baissa les yeux. Il se sentait toujours si douloureusement coupable de ce qui arrivait, mais il savait que de toute façon, il ne pouvait plus rien y faire…

Il sentit ses poings se contracter lorsqu’il entendit la clameur de la foule augmenter tandis que la voiture de Monastorio quittait enfin les murs gris de la caserne. Inquiet, il se retourna vers tous ces gens, pour ne lire sur leur visage que de la colère mêlée à une étrange joie. Etrange… Lui qui avait toujours voulu la paix à Los Angeles, il doutait maintenant que cela ne soit un jour possible… La paix et la justice… Oui, cela était sûrement impossible, se dit-il amer.

Alors qu’il tentait de se raisonner, Diego sentit qu’on le bousculait. Sur le point de se retourner, il fut stoppé net par ce que le peon clamait maintenant haut et fort.

« A mort Monastorio ! Viva el Zorro ! Mort à l’imposteur ! »
« Silence ! Tais-toi immédiatement tu entends ! »

Pris par le col de sa veste, le pauvre peon réalisait avec peine que c’était bien Don Diego qui lui intimait de se taire, le regard noir.

« Mais, Señor… »
« Basta ! »
« Diego, du calme. »

Il n’avait pas vu arriver Don Juan, qui, une main posée sur son épaule, lui conseillait de lâcher le pauvre paysan. Il finit par le lâcher, sous le regard assuré de son ami.

« Désolé… »
« Diego, rentrez chez vous, et oubliez tout cela. »
« Juan, … »
« Rentrez chez vous. Vous ne pouviez rien faire d’autre. Vous auriez été tué si vous ne vous étiez pas défendu. Est-ce la ce que vous souhaitiez ? »
« … Non. Bien sur que non. »
« Parfait. Alors je ne veux plus vous voir dans cet état, compris ? »
« Si… »


Don Diego se retourna une dernière fois vers le carrosse qui disparaissait lentement dans la foule grouillante. Il savait que Don Juan avait raison. C’était le Commandant ou lui… Zorro avait gagné une fois de plus…

Mais à quel prix…


« Adios, Señor Comandante… »





Fin
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