Les Roses de Rosetta
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 "Le complot des fraises"

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Rosetta Douglas-Henderson

Rosetta Douglas-Henderson


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Date d'inscription : 30/10/2008

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MessageSujet: "Le complot des fraises"   "Le complot des fraises" Icon_minitimeSam 8 Nov - 3:40

"LE COMPLOT DES FRAISES"




Chapitre I


Vous qui vous interrogez sur le sens de la gourmandise, écoutez donc l'histoire de Stephen Henderson !

Stephen D. Henderson menait la vie tumultueuse de chasseur de primes, chevauchant sans cesse sous un soleil de plomb, impitoyable, d'une adresse étonnante au tir. Il était surtout connu en raison de sa passion pour les confitures de fraises qu'il réussissait remarquablement, passion qu'il qualifiait lui-même de "gourmandise". Or, chaque année à la même date, Denver organisait un grand concours culinaire. Stephen ne le manquait jamais, et l'impitoyable chasseur de primes faisait toujours en sorte d'y participer. Malgré la foule qui se pressait avidement sur les lieux, Stephen parvint à rejoindre Rosetta, son épouse. Il s'approchait d'elle lorsque se noua l'événement tragique qui devait imprimer cette année dans les mémoires de chacun.
Traditionnellement, Margaret Forbes, l'épouse du gouverneur du Colorado, goûtait tous les plats avant de choisir le meilleur, mais lorsque ce fut le tour de la confiture, elle fut prise de convulsions avant de s'écrouler en émettant un gargouillis horrible. Il fallut quelques minutes à la foule pour réagir, mais sa réaction ne fut que plus violente. Quelqu'un cria "On a empoisonné la femme du gouverneur !" Abasourdie, Rosetta comprenait ce que cela signifiait. Aussitôt, le marshall O'Brian accourut pour identifier la confiture empoisonnée. La suite s'enchaîna d'elle-même : avant que Stephen ait pu protester, le marshall le mit en prison tandis que la clameur réclamait sa pendaison. Rosetta supplia le gouverneur pour que celui-ci fasse aussitôt libérer son mari sans toutefois se justifier d'une quelconque raison. Forbes s'approcha d'elle, la fixant avec tout le mépris dont il était capable. Il ne semblait pas vraiment affecté par la mort de sa femme.
- Mais peut-être êtes-vous sa complice, Mrs. Henderson ? Après tout, la-légende-du-chasseur-de-primes-qui-fait-des-confitures ! Nous saurons si ce n'est pas plutôt à vous que l'on doit ce poison. Il faudra peut-être vous pendre ! dit-il d'un air mauvais.
Rosetta s'était déjà trouvée avec la corde autour du cou lorsque James, son premier époux qui était marshall à Carson City dans le Nevada, avait été tué. Plus morte que vive, la jeune femme entendit vaguement le gouverneur ordonner au marshall O'Brian qui était de retour de "faire son travail" avant que ce dernier ne l'empoigne brutalement.

Stephen n'en croyait pas ses yeux : le marshall avait entr'ouvert la porte de sa cellule pour y jeter Rosetta sans explications.
- Que s'est-il passé, je peux le savoir ? demanda-t-il une fois O'Brian parti.
Rosetta ne répondit pas tout de suite. Elle considéra un instant la situation qui s'offrait à ses yeux : d'abord Stephen en prison, et maintenant c'était son tour. Elle avait beau s'efforcer de retourner dans tous les sens les derniers évenements, elle ne parvenait pas à comprendre comment ils avaient pu se retrouver impliqué dans ce qui ressemblait fort à un complot. Bien sûr, elle ne savait pas pourquoi "on" leur faisait porter ce crime, mais il en était ainsi. Devant l'impatience de Stephen, elle raconta enfin son intervention qui lui valait de partager avec lui une paillasse derrière les barreaux.
- Je ne savais pas qu'on pouvait empoisonner des fraises, je ne savais pas que la gourmandise me conduirait dans cet endroit charmant...
- Celle qui est en cause est une autre forme de gourmandise, une gourmandise bien perverse, répondit Rosetta. Le ou les responsable(s) de tout ceci doit ou doivent être gourmand(s) de manipulation, de complots, de desseins obscures qui le(s) pousse(ent) à agir ainsi.
Stephen eut un air ironique.
- Tout cela est bien joli, Rosetta, mais en attendant c'est nous que l'on veut pendre.
Au moment où elle allait répliquer, le marshall O'Brian reparut. Immédiatement, Rosetta vit dans ses yeux luire une étincelle qui ne présageait rien de bon. Il fit tourner la clef dans la serrure, annonçant qu'il venait chercher Mrs. Henderson, puis, sans ajouter un seul mot, il poussa Rosetta dans son bureau dont la porte se ferma d'un claquement sinistre. Face à face, ils se dévisagèrent un long moment comme s'ils se voyaient pour la première fois. O'Brian prit la parole.
- Le gouverneur ignore que je m'apprête à vous laisser sortir, Mrs. Henderson. Si j'accepte de prendre ce risque, c'est parce que je ne vous laisse pas tout à fait libre.
Chaque fois qu'il s'approchait d'elle, Rosetta reculait d'un pas, mais elle se heurta bientôt au bureau du marshall. Elle risqua une question.
- Que voulez-vous ?
- Que vous m'appeliez Patrick et vous prouver que la convoitise est une forme de gourmandise. Ce n'est pas Henderson qui a empoisonné la confiture, mais tout le monde le croit. Je peux faire en sorte qu'il ne soit pas pendu...
A ces mots, O'Brian la saisit par la taille.
- Je peux même faire en sorte qu'il ne finisse pas ses jours au fond d'un pénitencier...
Rosetta ferma les yeux, prisonnière. Soudain, il y eut le bruit d'un corps qui s'effondre et, lorsqu'elle les rouvrit, Stephen se tenait devant elle. Il avait assommé cet odieux marshall avec la crosse de son colt qui était accroché avec son ceinturon à un porte-manteau.
- Comment êtes-vous là ? s'écria Rosetta lorsqu'elle eut repris une respiration à peu près régulière.
Avec un sourire en coin, Stephen lui montra les clefs de la cellule.
- O'Brian les a oubliées dans la serrure quand il est venu vous chercher tout à l'heure. Sa gourmandise pour vous lui a fait perdre la tête, on dirait...
Elle considéra un instant le marshall assommé.
- Que va-t-on faire de lui ?
A ces mots, Stephen le souleva à demi et le traîna le long du plancher.
- Une gourmandise pour une autre, mettons-le en prison à son tour.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Bouclé à double tour, O'Brian serait d'humeur exécrable lorsqu'il reprendrait conscience...
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Rosetta Douglas-Henderson

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MessageSujet: Re: "Le complot des fraises"   "Le complot des fraises" Icon_minitimeSam 8 Nov - 3:41

Chapitre II


Une fois qu'il eut récupéré ses colts de chasseur de primes que le marshall lui avait pris, Stephen ouvrit la porte avec précaution, cherchant s'il était possible de sortir ainsi au grand jour après la réaction qu'avait eu à son endroit la foule à peine quelque temps plus tôt. La voie semblait libre, et il en profita pour se faufiler dehors avec Rosetta, pour se cacher quelques mètres plus loin dans l'arrière-cour du forgeron.
- Ceux qui nous ont mis dans cette situation semblent avoir tout prévu, chuchota-t-il. Ils savent que même si nous échappons au marshall il sera impossible de paraître en ville tant qu'on voudra nous voir nous balancer au bout d'une corde.
- Alors que proposez-vous ?
- Nous devrions rendre une petite visite à ce cher gouverneur. Je suis curieux de savoir par quel genre de gourmandise il est tenté.
Le jeu de cache-cache tourna en leur faveur, et ils finirent par quitter la ville sans encombre. Au loin, ils entendaient un tumulte de voix furieuses s'élever du saloon où semblait d'être rassemblée la foule indignée. Du côté de la prison, un silence de mort se faisait pesant ; tout était calme, mais pour combien de temps encore ?
A la nuit tombée, Stephen D. Henderson et Rosetta se dirigeaient à pas de loup vers la somptueuse demeure du gouverneur qui écrasait la ville de son imposante façade. Curieusement, la ville semblait déjà dormir, ou bien les ignorait. De même, ils n'eurent pas longtemps à attendre avant de trouver le moyen de pénétrer dans "Glory Mansion", que Stephen avait rebaptisée "Greediness Mansion", la demeure de la gourmandise. Discrètement, ils s'introduisirent au premier étage, et attendirent, dissimulés comme ils le pouvaient. Stephen ne voulait pas emmener avec lui son épouse pour l'exposer à un danger évident auquel il était habitué, bien que cette fois-ci soit somme toute particulière, mais il n'avait pas eu le choix. Où pouvait-il la laisser en sécurité ? Il avait ainsi dû se résoudre à la précipiter dans la gueule du loup. Par habitude, il referma les poings sur la crosse de ses colts.
- Il y a foule, ce soir, murmura-t-il.
Il désignait de la tête une porte massive qui, à l'extrémité du couloir où ils se trouvaient, laissait échapper un rais de lumière et plusieurs voix quelque peu étouffées.
- Parfait, allons-y, rétorqua-t-elle.
Il savait que c'était de la folie furieuse, que cela allait très mal finir, et pourtant il fut un instant tenté à l'idée de s ejeter dans la pièce, si tant était qu'elle ne fut point fermée à clef, et d'avoir le gouverneur et consorts dans sa ligne de mire. Pourtant, il ne bougea pas.

Deux heures s'écoulèrent. La porte s'ouvrit enfin, et trois individus sortirent de la pièce, apparemment trois individus patibulaires et amis du gouverneur. Stephen et Rosetta attendirent quelques instants de plus pour pénétrer cette fois dans un petit salon, où ils trouvèrent Forbes devant la cheminée en train de siroter un verre de bourbon. Leur entrée inattendue le fit sursauter et même lâcher le verre. Cependant, il ne cria pas quand il réalisa qu'il avait sur le nez l'un des colts de Stephen.
- Henderson, comment êtes-vous arrivé jusqu'ici ?
- Ce soir, c'est moi qui pose les questions, gouverneur, et vous allez satisfaire ma gourmandise avec vos explications.
Rosetta se tenait au fond de la pièce, dos à la porte qu'ils venaient de franchir. l'horloge sonna lugubrement une heure du matin. Elle était très imposante. Tout était très imposant dans la maison du gouverneur.
- Alors ? insista Stephen.
Forbes soupira et finit par tout expliquer.
- Ma gourmandise, Henderson, c'est l'ambition, mais une ambition démesurée. Je suis gourmand d'honneurs, de reconnaissance. Les gens sont si crédules, ils auraient assimilé ce qui est arrivé à une attaque personnelle contre moi, et désormais m'auraient soutenu quoi que je puisse faire. Y compris créer mon propre État. A partir de là, j'aurais conquis les États voisins.
- Ce n'est plus de la gourmandise, c'est de la boulimie. Votre plan ridicule n'aurait jamais marché.
Et Stephen ricana.
- Tant mieux si cela vous fait rire, Henderson, mais vous, comment allez-vous vous en tirer ? Vous allez me tuer, peut-être ? On vous pendra, Henderson, et je serai un héros.
- Vous êtes fou...
- Si vous cherchez quelqu'un qui est fou, c'est O'Brian. Il vous laisse filer, et pourquoi ? Parce que monsieur est gourmand. Parce que depuis de smois il jette des regards gourmands sur votre femme et qu'il en perd la raison. Je reconnais avoir commis une erreur : avoir demandé à O'Brian de l'enfermer, il n'a pas su se contrôler. Je serai sans doute obligé de m'en débarrasser...

Stephen allait rétorquer quelque chose lorsque se produisit le premier coup de théâtre avec l'arrivée de Margaret Forbes de retour d'entre les morts. Stephen avait envisagé plusieurs hypothèses : le gouverneur avait fait semblant d'empoisonner sa femme pour monter leur coup, mais comment aurait-il expliqué sa réapparition aux yeux de tous ? Il en était alors venu à la seconde hypothèse : le gouverneur profite de son plan pour se débarrasser d'elle. Peut-être avait-elle voulu être sa complice en ignorant qu'il l'empoisonnerait pour de vrai... Quoi qu'il en soit, sa soudaine apparition avait pétrifié Forbes. S'il n'avait pas déjà brisé son verre de bourbon, il l'aurait fait à cet instant.
- Maggie !?!? Mais comment ?!?!
Puis ce fut le tour du marshall O'Brian de franchir la porte.
- Un ami très cher m'a donnée l'antidote, dit-elle simplement.
O'Brian sourit et adressa un petit signe à Rosetta.
- Changement de programme, annonça Margaret qui tenait un revolver de dame.
Elle annonça qu'elle allait partir avec le marshall dès qu'il aurait tué le gouverneur.
- Après tout, les coupables sont déjà tous trouvés...
Rosetta et Stephen se trouvait pris dans un véritable réglement de comptes.
- Ma gourmandise, la manipulation, précisa Margaret.
Ce fut lorsqu'elle incita O'Brian à tuer le gouverneur que se produisit le second et ultime coup de théâtre.
- Ne bougez surtout pas, Margeret, et jetez ce revolver.
Ce fut au tour de Rosetta d'être stupéfaite.
- Oui, Mrs. Henderson, je suis de votre côté et Margaret Forbes vient de s'en rendre compte.
Ainsi le marshall O'Brian avait joué la comédie depuis le début. Stephen fut le premier à réagir, et il assomma le gouverneur félon pour être sûr qu'il ne s'échappe pas tandis que le marshall arrêtait sa femme. Margaret lui cracha dessus.
- C'est comme cela que vous me remerciez pour l'antidote ? ingrate !
L'affaire du complot des fraises était enfin close. La gourmandise contre la gourmandise.

- Le nouveau gouverneur arrive demain, annonça le marshall O'Brian quelques semaines plus tard.
Stephen Henderson, qui en assommant le gouverneur s'était fait on ne sait trop comment une estafilade à la joue, lui avait pardonné d'avoir posé ses mains sur Rosetta.
- Vous ne voudriez pas être marshall adjoint ? proposa O'Brian.
- Non merci. Je suis chasseur de primes parce que je suis aussi goumand d'indépendance et de liberté.
- Nouvelle gourmandise, Henderson ?
- Oui.
Une dizaine d'années plus tard, en 1885, la Cour suprême des États-Unis d'Amérique reconnaîtra aux chasseurs de primes plus de pouvoirs qu'aux autorités locales.

FIN.
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