Les Roses de Rosetta
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 "Une liasse de feuilles jaunies par le temps"

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Rosetta Douglas-Henderson

Rosetta Douglas-Henderson


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MessageSujet: "Une liasse de feuilles jaunies par le temps"   "Une liasse de feuilles jaunies par le temps" Icon_minitimeSam 8 Nov - 3:50

"UNE LIASSE DE FEUILLES JAUNIES PAR LE TEMPS"



Note : pensez à "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux" ("The horse whisperer") pour le décor : la grande maison d'Oncle Bob (le portrait craché de... Robert Redford !!) et la petite maison de Stephen et Rosetta.

Nous sommes en 1871.


Chapitre I


Rosetta était assise près d'une fenêtre ornée de petits rideaux rouges et blancs, dans la petite maison qu'elle partageait avec son mari, Stephen, près de la rivière. Cela faisait quelques mois à peine qu'elle vivait ici, sur les terres du ranch que tous appelaient le ranch d'Oncle Bob. La jeune femme avait très vite été adoptée. Le propriétaire des lieux, Oncle Bob, qui vivaient dans la grande maison, un peu plus haut, comme les autres fermiers, tous étaient tombés sous le charme de sa douceur et de sa gentillesse. Stephen était le seul des fermiers du ranch à être marié, aussi Oncle Bob lui avait-il permis de s'installer dans la petite maison près de la rivière avec son épouse, pour qu'ils aient un véritable foyer où ils pourraient un jour élever leurs enfants. Rosetta n'avait pas eu à s'installer dans les logements des ouvriers agricoles avec les autres. Stephen savait à quel point Oncle Bob tenait à cette modeste maison. C'était là qu'il vivait avec son épouse avant de pouvoir construire un jour une maison plus belle et plus grande. C'était là qu'il avait débuté, modestement, sur ces terres, dans cette maison de bois près de la rivière. Il était maintenant propriétaire d'une vaste exploitation et employait plusieurs fermiers. Cette maison était en quelque sorte le berceau pionnier du ranch.

La petite maison en bois était tout à fait charmante, s'était exclamée Rosetta en remerciant chaleureusement Oncle Bob. La jeune femme était sincère, elle trouvait tout cela très joli. C'était pourtant bien modeste à côté de "Svenska Ros", l'immense plantation où elle avait vu le jour, en Louisiane, mais, telle Blanche-Neige devant la chaumière des nains, elle était tombée en amour devant l'adorable endroit, si bucolique et si charmant, où elle pouvait entendre de son lit chanter la rivière aux éclats de diamants. Elle était heureuse. Stephen l'aimait. C'était par amour pour elle qu'il avait renoncé à sa vie de chasseur de primes. n'était-ce pas là preuve suffisante ? Il avait aimé sa liberté, mais il avait été prêt à la sacrifier pour elle, il était devenu fermier. Rosetta, quant à elle, s'occupait de leur petit foyer. C'était elle également qui cuisinait pour Oncle Bob et tous les fermiers du ranch. Elle se rendait alors à la grande maison où tous déjeunaient dans la grande salle à manger en compagnie d'Oncle Bob. Avant qu'il ne perde son épouse, c'était elle qui restait aux fourneaux, mais c'était à présent Rosetta qui remplissait ce rôle. Chacun avait été soulagé à son arrivée, car Oncle Bob n'était décidemment pas doué pour faire la cuisine, malgré ses efforts. Il n'avait pas voulu engager une cuisinière, aussi avait-il tenté de remplacer sa femme, mais il avait surtout réussi à provoquer de douloureux maux de ventre à ses ouvriers. Rosetta aussi avait appris récemment. Tant qu'elle avait vécu à la plantation elle avait eu des cuisinières ; James, son premier époux dont elle était veuve, en avait également une lorsqu'ils vivaient à Boston. Puis, elle avait dû apprendre lorsqu'il avait décidé de partir dans l'Ouest. Rosetta avait souvent pleuré. Elle avait fait de son mieux pour assurer elle-même toutes les tâches ménagères, habituée qu'elle avait été à avoir des domestiques ; elle devait apprendre, et elle y avait mis tout son coeur. Mais James ne l'avait pas compris.
Combien de fois l'avait-il battue pour des cookies brûlés ? La pauvre Rosetta avait eu le coeur brisé. Aujourd'hui, Stephen ne lui faisait jamais de repproches pour une tarte un peu trop cuite. Du reste, Rosetta y avait mis tant de coeur qu'à présent les yeux se mettaient à briller de gourmandise lorsqu'elle appelait à la soupe avec son triangle, sur le perron de la grande maison.

Pour l'heure, Rosetta était donc assise près de la fenêtre. Elle faisait une robe de coton bleu. Cela aussi, elle avait dû apprendre. Les premiers temps, ses mains avaient été couvertes de piqûres d'épingles. Elle était peu adroite, mais là encore elle fit si bien qu'elle savait à présent se débrouiller pour tout. Ses mains blanches et fines... Elle avait pensé qu'elles seraient abîmées, mais elle était parvenue à les conserver aussi belles que celles que devaient avoir son arrière grand-mère, la Comtesse. Il fallait remercier le médecin qui était installé à la ville la plus proche. Il était arrivé peu de temps auparavant de la côte Est et avait eu l'habitude des dames raffinées, soucieuses de leur teint. Il avait donné à Rosetta des baumes étonnants provenant des grandes villes thermales européennes et qui permettaient à la jeune femme de conserver la douceur de sa peau et de se garder des brûlures du soleil. Si Rosetta ne portait plus les robes à crinoline qu'on lui confectionnait à la plantation, elle gardait, sous ses robes simples, un corps d'aristocrate. Sa coqueterie était d'ailleurs la seule chose qu'on put peut-être lui repprocher.

Alors que Rosetta cousait sa robe, un bruit de roues se fit entendre. Elle passa son doux visage dans l'encadrement de la fenêtre. C'était le chariot de Stephen. Il revenait de la ville la plus proche, Penitence. Une ville, c'était un bien grand mot ! Ce n'était pas Saint-Louis, ni même Carson City où Rosetta avait vécu avec James lorsqu'il avait été tué. C'était le début d'une ville. L'oeuvre des pioniers. Penitence était, du reste, tout de même dotée d'un relais de la Wells & Fargo : s'il n'y avait pas le cheval de fer, la diligence y arrivait et permettait le transport des personnes et du courrier, relayé également par le bureau du télégraphe.
- Rosetta !
Stephen entra dans la maison. Un large sourire fendit son visage lorsqu'il prit sa femme dans ses bras. Il était si grand et elle si menue ! C'était sans difficulté qu'il la soulevait dans ses bras lorsqu'il voulait la porter lui-même sur le lit. Et Rosetta aimait tant se lover entre ses larges épaules !
- Pour qui sont tous ces paquets, sur le chariot, Stephen ? demanda-t-elle.
Il se mit à rire tout en enlevant son chapeau.
- Vous êtes curieuse, dit-il avec un sourire irrésistible. Ils sont pour vous, bien sûr. C'est votre oncle et votre tante qui vous envoient encore des affaires !
- Oooh... Laissez-moi vous aider à décharger tout cela !
- Non, Rosetta, c'est très lourd. Soyez gentille, contentez-vous de déballer vos fanfreluches !
Stephen apporta deux lourdes caisses de bois qui lui avait été remis au relais de la Wells & Fargo, pour Mrs. Rosetta Henderson. Il les ouvrit. Il ne s'était pas trompé : les caisses débordaient de choses inutiles à ses yeux, mais qui semblaient indispensables à une "vraie dame" comme Rosetta. Celle-ci avait déjà délicatement déplié une robe magnifique, dans toute cette brassée de robes et de chapeaux, ces derniers étant fort heureusement protégés par des cartons à chapeaux spécialement conçus pour un tel périple.
- C'est magnifique !!!!
Elle s'extasiait, tout en riant comme une enfant.
- Mais, reprit-elle, je suis reconnaissante à mon oncle et à ma tante de m'envoyer ces robes comme on les fait à Paris, cependant je serais ridicule si je m'accoutrais ainsi au ranch...
- Eh bien gardez-les pour l'office du dimanche !
- Non, dit-elle en riant, ce n'est pas assez décent, voyez le décolleté !
- Il est parfait et vous ira bien mieux que vos robes boutonnées jusqu'au cou !
- Oooh, Stephen !!!!!!!!!! Je sais que nous trouverons l'occasion... ajouta-t-elle en rougissant aussitôt.
- Oui, vous les mettrez pour moi, à la nuit tombée...
Stephen mit les mains dans l'une des caisses, distraitement, pour les ôter des hanches de Rosetta qu'il avait saisit, faute de quoi il aurait mis à exécution des projets qu'il avait avec sa femme, ce qui n'était guère le moment car elle devait préparer le repas. Il en sortit une gravue ancienne, soigneusement encadrée, représentant un homme coiffé d'une perruque poudrée.
- Tiens, qu'est-ce que c'est que ça ?
Rosetta prit le cadre entre ses mains et soufflant doucement dessus pour en ôter la poussière.
- C'est un ancien Roi de Suède, c'est un portrait de Gustav III.
- Ah oui ?
- Oui !
- Ça fera bien accroché au mur !
Rosetta connaissait suffisamment Stephen pour savoir qu'il n'y avait nulle moquerie dans sa voix.
- Il y a ce petit paquet, aussi...
- Aaah, ça, c'est... euh... une bouteille de bourbon...
- Oooh ! Vous savez bien que ce n'est pas bien !
- Mais c'est du bourbon !
Rosetta poussa un soupir et n'insista pas, comme d'habitude. Le bourbon était la manie qu'elle n'aimait pas chez Stephen. Elle avait vu James en boire et la battre après. Cependant, elle n'insistait pas. Son mari connaissait sa répugnance face à l'alcool, il lui avait un jour demandée en riant si elle comptait rejoindre la ligue vertueuse des anti-alcooliques. Il savait qu'elle n'approuvait pas. Mais elle était indulgente de nature, et elle se rassurait de savoir que cette mauvaise habitude qu'il avait pris n'était pas au point d'être un vice. Alors comme souvent elle changea de sujet.
- Stephen, je voudrais me rendre à la ville, demain. J'ai besoin de lecture.
- Je vous y conduirai...
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Rosetta Douglas-Henderson

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MessageSujet: Re: "Une liasse de feuilles jaunies par le temps"   "Une liasse de feuilles jaunies par le temps" Icon_minitimeSam 8 Nov - 3:52

Chapitre II


Stephen arrêta le charriot à l'entrée de Penitence. Il alla même jusqu'à sauter à terre pour aider Rosetta à descendre ! Jamais avant qu'il ne la rencontre il n'aurait fait quelque chose de semblable. Les scènes de galanterie, du reste fort rares dans les lieux où il avait jadis pris l'habitude de traîner, le faisaient même rire. Mais avec Rosetta... Elle était si douce, si délicate... Elle était différente des autres. Elle n'était ni fermière ni danseuse de saloon, elle n'était pas non plus venue dans l'Ouest avec une bande de bigottes dans le but de fonder une mission. Non, elle était venue d'un plein gré somme toute relatif. Elle était une dame.
- Allez, promenez-vous, Rosetta ! Je vais aller discuter le bout de gras dans l'enclos avec ces braves gens, là-bas !
Cela faisait longtemps qu'elle ne cherchait plus à comprendre les expressions bizarres de son mari !
- Je vais faire vite, rassurez-vous !

D'un pas léger, la jeune femme se dirigea vers l'unique magasin de Penitence, le General Store, où l'on trouvait véritablement de tout, y compris les choses les plus surprenantes aux côtés des plus nécessaires. Sur la façade en bois, au-dessus de la porte, un panneau portait l'inscription "If we don't have it, you don't need it", ce que Rosetta aurait pu traduire à Stephen, dans un français parfait, "Si nous ne l'avons pas, c'est que vous n'en avez pas besoin". Elle entra dans le magasin et salua le vieil épicier ronchon qui se tenait dans un coin derrière les bocaux de bonbons. Il surveillait ceux-ci car il y avait plusieurs enfants dans la boutique ! Rosetta se dirigea immédiatement vers une étagère où trônaient quelques livres parfois poussièreux, à côté des boîtes de pois chiches. Elle souffla un peu dessus, ce qui la fit éternuer. Lorsqu'il ne surveillait pas les bonbons avec un zèle redoutable, l'épicier passait le plus clair de son temps à faire le ménage, un plumeau à la main, mais visiblement devait-il oublier cette étagère. Il est vrai que Rosetta était l'un des rares clients à s'en approcher, les autres s'arrêtant généralement aux pois chiches voisins. Les quelques personnes instruites de Penitence se contentaient en général de lire la Bible en famille. Il restait également la possibilité de recevoir des revues et des ouvrages par le courrier. Il y avait depuis peu un médecin à Penitence et il se faisait envoyer des revues médicales. Rosetta en recevait d'ailleurs elle aussi, une où l'on voyait les jolies gravures de la mode parisienne, et une autre qui publiait régulièrement quelques pages d'un roman à l'eau de rose qui faisait beaucoup rire Stephen. Enfin, Rosetta mit la main sur un roman. Elle l'emporta, toute contente.

Elle chercha des yeux son mari. Elle l'aperçut dans l'enclos qu'il lui avait montré, avec deux hommes. Il y avait là le médecin et le barbier, qui s'entendaient comme larrons en foire malgré les petites tensions qu'ils avaient eu l'un contre l'autre, l'un voyait arriver une sorte de rival qui allait contester sa façon de saigner les gens et de les innonder de whisky pour nettoyer les plaies. Rosetta n'osait pas interrompre leur conversation qui semblait assez mystérieuse car les trois hommes parlaient à voix basse. Elle se dirigea vers le chariot dans l'idée d'attendre sagement. Lorsque Stephen revint, elle ne lui posa aucune question.

Assise à sa place favorite, près de la fenêtre, dans la petite maison de bois, Rosetta voulut commencer la lecture de son roman. Elle fut surprise de constater que cela ne correspondait en aucun cas à ce que le titre promettait. Ce n'était d'ailleurs pas un roman. Sous la mauvaise couverture, placée là par erreur ou à dessein, Rosetta avait entre les mains une liasse de feuilles jaunies par le temps, un récit d'explorateur. Le voyageur anglais qui contait son aventure avait parcourut l'Égypte quelques années après l'expédition du général Bonaparte. Il évoquait les Pharaons et les trésors enfouis sous les sables...
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MessageSujet: Re: "Une liasse de feuilles jaunies par le temps"   "Une liasse de feuilles jaunies par le temps" Icon_minitimeSam 8 Nov - 3:53

Chapitre III



Rosetta avait lu très rapidement ces feuilles jaunies. Cela l'avait vivement intéressée. Certe, l'Égypte ancienne n'avait pas fait partie de son éducation pourtant très soignée, mais sa curiosité et sa soif de connaissances étaient grandes. La grandiloquence prétentieuse de l'explorateur, un Lord parti en expédition comme à un garden-party, ne rendait pas le récit très facile par moment, mais souvent c'était de véritables leçons d'histoire. De plus, ces feuillets avaient été rédigés au temps où l'arrière grand-mère de Rosetta, la Comtesse von Fersen, vivait encore. Tout cela acheva de bouleverser la jeune femme qui conservait précieusement tout ce qui venait du XVIIIème siècle finissant et du XIXème siècle à son aurore.

Stephen, voyant son épouse essuyer rapidement une larme sur sa joue, crut qu'elle avait trouver l'un de ces romans qui n'émeuvait qu'elle. Il s'approcha, se plaisant à la taquiner là-dessus.
- Vous avez encore déniché l'un de ces romans ? Alors, Rosetta, les deux amoureux ont-ils échangé un baiser sur la joue à la fin, au moins ?
Rosetta ne s'offusquait pas. Elle savait qu'il aimait se moquer mais qu'il le faisait toujours gentiement.
- Rosetta... Regardez-moi, je vais vous réécrire cette chose à ma façon ! Venez !
La jeune femme leva son doux visage. Comme à son habitude, son amri se tenait dans une pose de conquérant, mains sur les hanches et ses puissantes jambes écartées. Il se dressait là, immense, avec son éternel sourire carnassier.
- Ce n'est pas un roman, Stephen, dit-elle doucement. La couverture n'était pas la bonne. Je pleure parce que ces liasses qui se détâchent un peu ont été écrites à l'époque où... vous savez... un peu avant la mort du Comte et de la Comtesse...
- Ah, je vois...
Il vint s'asseoir près d'elle et la serra contre lui.
- De quoi s'agit-il ?
Elle s'étonna de l'entendre curieux de littérature. Elle fut touchée qu'il veuille lui faire plaisir.
- L'Égypte... l'Égypte ancienne des Pharaons, et les trésors qu'un explorateur anglais prétend y avoir trouvé.
A ces mots, Stephen lâcha sa femme. Il se redressa, étrnagement pâle. Elle le remarqua et s'en inquiéta.
- Stephen ! Qu'avez-vous ? Que vous êtes pâle ! Vous ne dîtes mot ? Oh, vous avez l'air agité ! Est-ce le poulet à la Louisiane en sauce cajun de midi qui n'est pas passé ? Voulez-vous que j'aille chercher le docteur ?
Mais il retrouva son air désinvolte très vite.
- Non, n'en faites rien, surtout ! N'allez pas le déranger, il m'a dit quand je l'ai vu en ville hier qu'il allait faire une partie de poker avec le barbier. Quand ils y sont, ça peut durer longtemps ! J'espère que personne ne sera malade, pendant ce temps !
- Mais vous, vous...
- Non, je vais très bien !
Rosetta n'insista pas.

Les soupçons de la jeune femme s'accrurent. Au beau milieu de la nuit, elle fut éveillée par un violent orage. Ouvrant les yeux, elle constata alors que Stephen n'était plus couché près d'elle. Elle enroula un châle sur sa chemise de nuit et sortit de la chambre. Elle le trouva à table, avec la lampe à huile, absorbé par la lecture du récit de l'explorateur ! Lui qui ne lisait jamais rien d'autre que les avis de recherche ! Il était si occupé qu'il ne l'entendit même pas.
- Stephen...
- ...
- Stephen !
- ...
Rosetta retourna se coucher, préoccupée par le comportement singulier de son mari.

Stephen fut distrait toute la journée. Les fermiers d'Oncle Bob le lui firent remarquer, mais il ne voulut pas dire ce qui le rendait si songeur. Ils demandèrent même à Rosetta si elle savait ce qui lui arrivait, mais elle l'ignorait aussi. Elle ne parvenait pas à le lui faire dire. Cela l'attristait d'ailleurs. Cette conversation avec ces homme... Était-ce cela ? Pourtant il était devenu étrange au moment où elle lui avait parlé du récit. Elle ne comprenait pas.

Il y avait tout naturellement une logique à tout cela. La conversation dans l'enclos... le médecin et le barbier avaient parlé de l'Égypte. Le médecin recevait régulièrement des revues médicales de Boston, mais aussi parfois, comme Rosetta avec ses affaires telles la gravure de Gustav III, recevait-il petit à petit des ouvrages de sa bibliothèque. Il s'était alors souvenu d'un ouvrage qui l'avait fasciné enfant. Des récits de voyages en Égypte, des ouvrages d'archéologie. Il n'avait pas tout compris, loin de là, mais les Pharaons l'avaient vivement intéressé, surtout lorsqu'il avait appris qu'il y avait des trésors. Ce n'était pas l'idée d'emporter quoi que ce soit. Au contraire, il pensait que tout cela devait rester à leur place. Mais c'était l'idée de voir. Emporté par son enthousiame, il en avait parlé au barbier en se faisant raser, ce qui avait été une erreur. Le barbier était célèbre pour sa cupidité et son intéressement, le mot trésors l'avait immédiatement décidé à accompagner le médecin en Égypte. Mais dans l'idée d'emporter, bien sûr. Ils s'étaient finalement mis d'accord, et également pour emmener une troisième personne. Ils avaient fait part de leurs projets à Stephen Henderson. Deuxième erreur du médecin : Stephen ressemblait beaucoup au barbier pour se qui était de s'approprier les choses. Il n'avait pas été chasseur de primes pour rien. Et voilà que le médecin se retrouvait avec deux pillards ! Enfin, il espérait toujours les faire changer d'avis. Il avait besoin d'eux pour l'aider car il ne voulait pas partir seul si loin.

Stephen n'avait pas dit oui, en montrant cependant quelque hésitation, bien qu'il n'eut pas, à ce moment, d'idée précise quant à l'importance des trésors. Il leur dit qu'il y avait son épouse, qu'il espérait lui faire rapidement des enfants, qu'il ne voulait pas la laisser. Au moment où le barbier allait insister sur la taille des trésors, il l'avait aperçue et ils étaient rentrés chez eux. Mais maintenant... Après avoir lu... Stephen n'y connaissait pas grand chose en écriture, le style de l'auteur aurait dû le rebuter mille fois, mais il comprenait ce qui se rattachait aux trésors. L'idée de ramener des merveilles et de les vendre vint immédiatement à lui. Il n'avait aucune intention de décorer la maison avec des masques mortuaires ou des vases canopes, mais les vendre... Il pourrait offrir à Rosetta la vie luxueuse qu'elle méritait.

Ce n'était pas cela que désirait la jeune femme. C'était son mari qu'elle voulait. Elle ne s'était jamais plainte bien que la plantation lui manquât. Elle pleura, elle le supplia de rester. Mais l'idée de lui montrer que lui aussi pouvait la faire vivre dans le luxe fut la plus forte pour Stephen. Même s'il souffrait de l'abandonner ainsi -qui sait s'il reviendrait ? - pour courir au bout du monde, il partir pour l'Égypte avec le médecin et le barbier. Rosetta faisait peine à voir. Elle pleurait sans cesse. La voyant ainsi, Oncle Bob la fit venir. Il lui suggéra de partir immédiatement rejoindre la première ville dotée d'une gare. Elle arriverait à Boston avant son mari parti en diligence avec ses compagnons. Elle parviendrait à rattrapper leur avance. Et elle monterait à bord du bateau. Il demanda à l'un de ses fermiers de l'accompagner jusqu'à Boston. Rosetta accepta avec joie.

FIN.
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