Les Roses de Rosetta
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Les Roses de Rosetta


 
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 "Las almas del silencio"

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Ana Maria de la Vega

Ana Maria de la Vega


Messages : 37
Date d'inscription : 30/10/2008

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MessageSujet: "Las almas del silencio"   "Las almas del silencio" Icon_minitimeMer 5 Nov - 13:05

Las almas del silencio






Il était déjà huit heures du matin lorsque les rayons du soleil filtrèrent à travers les rideaux et vinrent caresser le doux visage endormi de la Señora Roseta Monastorio. Elle s’éveilla doucement, ouvrit lentement les yeux et parcourut du regard la petite pièce qui lui servait de chambre depuis six mois maintenant. Un léger sourire éclaira son visage. Aujourd’hui était le dernier jour où elle devait vivre à la caserne : son hacienda était enfin prête et elle emménageait ce matin !

Avec empressement, elle se leva et se dirigea vers la salle d’eau attenante à sa chambre. Son mari le commandant Enrique Monastorio était déjà à son poste depuis plusieurs heures. Roseta retrouva sa domestique et néanmoins amie Paloma.

- Bonjour Señora, votre toilette est prête.
- Bonjour ma chère Paloma ! Quelle belle journée, nous allons enfin quitter cette sombre caserne... !
- Oui Madame. Toutes les valises sont prêtes et nous pourrons partir dès que vous le désirerez.
- J’en suis ravie ! Cet endroit me fait si peur…je suis heureuse de partir…

Quelques heures plus tard, Roseta Monastorio et Paloma découvraient leur nouvelle demeure, une magnifique hacienda à l’extérieur de Los Angeles, non loin des domaines de Don Juan de Vargas et Don Diego de la Vega, deux des plus riches notables du sud de la Californie. Avec un sourire qui ne la quittait plus, Roseta visita les différentes pièces de son hacienda, les chambres, le salon, la bibliothèque, le patio, et les jardins. Tout respirait l’abondance, la richesse et le bonheur. Le commandant Monastorio n’avait pas fait les choses à moitié…De la terrasse de sa nouvelle chambre, Roseta laissa son regard se perdre dans les jardins en fleurs. Elle espérait connaître des jours heureux au côté de son mari, et voir enfin sa famille s’agrandir…


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Don Juan de Vargas arpentait d’un pas nerveux son salon. Il regarda anxieusement l’horloge.

- 10h05 ! Mais que fait-il ?!
- Voyons mon cher, calmez-vous, répondit Annabella en lui tendant un verre de vin, Don Diego ne va pas tarder…

Don Juan vida d’un trait le verre de vin et soupira.

- Merci ma chère Annabella, dit-il en la prenant dans ses bras, vous avez raison il faut que je reste calme…
- Buenos días mes amis ! J’espère que je ne vous dérange pas ? interrompit un jeune et dynamique caballero.
- Diego enfin vous voici ! Venez, j’ai à vous parler.

Après avoir salué Doña Annabella, Don Diego suivit son ami de toujours dans la bibliothèque.

- Et bien, que se passe-t-il de si urgent Juan ?
- Vous ne devinez pas ? L’argent est enfin arrivé. Et tout cela me rend nerveux comme chaque année…
- Je comprends oui…c’est une lourde responsabilité que le Roi vous a donné là.
- Je le sais oui. Garder l’argent des taxes en attendant l’arrivée du représentant officiel du Roi n’est pas une mince affaire…
- Oui…Espérons que ce représentant arrive de Madrid rapidement. Mais je ne comprends pas Juan…Pourquoi est-ce vous qui êtes chargé de garder cet argent, et non le Commandant ?
- Comme vous le savez, j’ai eu l’occasion de rencontrer Sa Majesté il y a quelques années de cela à Madrid, et il a depuis une totale confiance en ma famille et en moi. De plus, il se méfie du commandant Monastorio…
- ..Avec raison ! Ne vous en faites pas Juan, tout va bien se passer, je suis sûr que le représentant du Roi vous délivrera bientôt de votre charge. En attendant, vous pouvez bien sur compter sur mon aide et mon soutien.
- Merci Diego, j’avoue que tout ceci me rend très nerveux ! J’ai hâte d’être débarrassé de cet argent.
- Patience mon ami…

Don Diego servit un verre de vin à son ami ainsi qu’à lui-même. Pensivement, il vida son verre. Toute cette affaire l’inquiétait plus qu’il ne voulait le montrer.


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- Ce Vargas ne perd rien pour attendre !!!

Seul dans son bureau, le commandant Monastorio fulminait. Ainsi le Roi avait préféré accorder sa confiance à un simple ranchero plutôt qu’à lui ?! Les poings serrés et les sourcils froncés, il parvint à contenir sa colère et sa frustration, et se concentra.

- Vargas va me le payer…et cher !!

Il se dirigea vers le fond de la pièce. Après s’être assuré que personne ne l’observait, il actionna un mécanisme et pénétra dans une petite pièce sombre dissimulée derrière l’étagère.

Une heure plus tard, trois hommes se tenaient au côté du commandant Monastorio.

- Alors, vous avez bien compris ? Vous agirez demain soir pendant la fiesta que j’organiserai chez moi. Vous profiterez de l’absence de Vargas pour forcer son coffre-fort et voler l’argent des taxes. Vous déposerez le coffre ici même dans cette pièce. Si vous réussissez, vous serez bien payés. Dans le cas contraire…mieux vaut pour vous que vous réussissiez…,menaça le Commandant.

En silence, les trois hommes de main de Monastorio acquiescèrent. Après avoir donné ses dernières instructions, le Commandant sortit discrètement de la pièce secrète et partit inspecter sa garnison. Il ne remarqua pas la frêle silhouette dissimulée dans l’ombre de l’embrasure de la porte de la chambre…Venue récupérer quelques effets, Roseta avait surpris son mari sortir de cette pièce dont elle ignorait l’existence. C’est l’esprit rempli de questions qu’elle se dirigea à son tour vers la sortie…


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La fête battait son plein. Tous les notables du sud de la Californie avaient répondu présents à l’invitation du commandant Monastorio et de sa femme, afin de souhaiter officiellement la bienvenue à celle-ci à Los Angeles. Roseta allait et venait auprès de ses invités tandis que son mari restait plus en retrait, observant de loin l’ensemble de la scène. Un sourire malsain aux lèvres, il nota l’arrivée de Don Juan et de sa femme, accompagnés des époux de la Vega. Son piège se refermait lentement et sûrement…

Une petite heure plus tard, lorsque les couples dansaient au rythme entraînant de la musique, un homme fit irruption dans le patio, à bout de souffle.

- Señor…Señor de Vargas! Señor...!

L’interpellé interrompit sa valse, s’excusa auprès de son épouse et le rejoignit.

- Roberto ! Mais que fais-tu ici ?!Tu étais chargé de surveiller le coffre... !
- Nous avons été attaqués señor ! Les trois gardes que vous aviez postés ont été assommés, et quand je suis revenu à moi, l’argent avait disparu…
- Mon dieu…, murmura Don Juan, livide.

Le commandant s’approcha des deux hommes.

- Et bien Señor de Vargas, voila comment vous honorez la confiance du Roi !
- Je ne sais que dire commandant, j’avais pourtant placé une garde solide…
- Vous étiez responsable de cet argent señor, et vous avez échoué…Sergent Garcia ! Arrêtez-le…
- Comment ?! Mais vous n’avez pas le droit ! s’exclama Don Juan, déjà prêt à dégainer son épée.
- Je regrette mais vous êtes légalement responsable de l’argent du Roi. Je dois ouvrir une enquête sur ce… « vol » et en attendant, vous êtes en état d’arrestation ! Que cela vous plaise ou non !
- Juan, non ! s’écria Annabella, effrayée.
- Enfin commandant, c’est ridicule! intervint Don Diego, le señor Vargas...
- Je regrette c’est ainsi, coupa Monastorio, inflexible. Sergent, emmenez-le !
- A vos ordres, mon commandant…

Sous le choc, tous les invités regardèrent les hommes de Monastorio arrêter Don Juan.

- Je crains que la fête ne soit finie mes amis…, annonça d’une petite voix Roseta, visiblement mal à l’aise.
- Vous devriez raccompagner Annabella…conseilla à voix basse Don Diego à son épouse.
- Oui vous avez raison, à tout à l’heure, répondit Ana Maria.

Elle s’approcha de la pauvre Annabella qui n’avait pu contenir ses larmes. Elle la prit dans ses bras et tenta de réconforter son amie.

- Courage, je suis sure qu’il va être très vite libéré. Tout le monde sait qu’il n’y est pour rien…

Les deux amies s’éloignèrent et rejoignirent leur voiture. Don Diego les suivit, non sans avoir lancé un regard noir au commandant Monastorio. Celui-ci gardait la tête haute, tenant fièrement dans ses bras son innocente épouse.

Roseta regarda les derniers invités s’en aller, les larmes aux yeux. Elle qui se réjouissait tant de cette soirée, celle-ci avait tourné au drame. Elle tremblait encore de l’autorité qu’avait su imposer son mari. Le cœur lourd, elle songea qu’elle s’était mis tout le village à dos, elle qui ne demandait qu’à se faire des amis parmi ces personnes qu’elle respectait…

*
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*



Le lendemain matin, Ana Maria prit une voiture et se rendit sur la plaza de Los Angeles où se tenait le marché. Epuisée, elle ferma un instant les yeux et se laissa bercer au rythme cahotant de la calèche. Elle avait passé une grande partie de la nuit à essayer de rassurer Annabella. Hélas, avec le commandant Monastorio, il fallait s’attendre à tout, et surtout au pire. Il ne manquerait pas d’accuser Don Juan lui-même d’avoir volé l’argent du Roi, alors que tous à Los Angeles connaissaient son innocence. Ana Maria en avait longuement parlé avec Don Diego, après être rentrée de chez les Vargas. Diego était persuadé d’un coup monté de Monastorio contre Don Juan. Mais dans quel but ? Etait-ce juste pour discréditer Don Juan aux yeux du Roi, ou aussi pour en profiter pour s’approprier l’argent des taxes... ?

Perdue dans ses pensées, Ana Maria n’avait pas remarqué qu’elle était arrivée sur la place principale de Los Angeles. Elle descendit de voiture et embrassa du regard la place qui fourmillait de marchands en tout genre. Ana Maria aimait cette ambiance, cette joie de vivre qui émanait de tous, si caractéristique des habitants de Californie. En se promenant d’échoppe en échoppe, elle s’aperçut que tous ne parlaient que d’une chose : l’arrestation scandaleuse de Don Juan, et surtout les accusations qui pesaient sur lui. Don Juan était fort apprécié de tous les peones, malgré son fort tempérament et sa réputation de coureur de jupons, c’était avant tout un homme courageux et généreux, qui ne craignait jamais de s’élever contre les injustices, en particulier celles du commandant Monastorio.

Soudain entre deux boutiques, Ana Maria remarqua une fine silhouette qu’elle reconnut immédiatement : Roseta Monastorio. Doucement, elle se rapprocha d’elle. Roseta était apparemment en pleine discussion avec Ignacio, le tailleur de Los Angeles :


- Puis-je avoir un peu de cette étoffe bleue Señor, por favor ? demanda-t-elle poliment.
- Je regrette mais je n’en ai plus, répondit Ignacio sèchement.
- Mais…pourtant vous en avez tout un rouleau là derrière vous señor ! osa-t-elle répliquer, surprise.
- Et bien…ce tissu est déjà réservé pour une autre commande.
- Oh…alors…et cette soie verte ?
- Celle-là aussi, affirma-t-il, sans même avoir regardé le tissu que lui montrait la Señora.

Roseta en resta bouche bée. Pourquoi tant de mauvaise volonté ?! Cet homme la regardait d’un air si mauvais…D’ailleurs il n’était pas le seul. Chaque commerçant sans exception avait rechigné à la servir ce matin. Le cœur lourd, elle songea que cela était sûrement dû à l’arrestation de Don Juan, et elle fit demi-tour sans un mot. Une main l’arrêta.

- Attendez Señora…

Roseta se retourna et reconnut l’épouse de Don Diego de la Vega.

- Oh bonjour Señora de la Vega...
- Combien voulez-vous de ce tissu bleu..?demanda Ana Maria à voix basse
- Oh…j’en aurais voulu un bon mètre…répondit-elle gênée.
- Bien, attendez-moi je vous prie.

Ana Maria se retourna et passa commande auprès du tailleur, mal à l’aise. Elle paya, prit le morceau d’étoffe et le donna à Roseta.

- Tenez…
- Merci…je vous rembourserai bien sur.
- Ne vous en faites pas…Si nous faisions quelques pas ?
- Avec plaisir !

Elles traversèrent la plaza, sous une vingtaine de regards à la fois méfiants et étonnés.

- J’ai l’impression que vous n’êtes guère appréciée des habitants de Los Angeles Señora Monastorio….
- Oui je…je sais. Ils m’en veulent à cause de mon mari qui a dû arrêter votre ami…

Ana Maria regarda Roseta d’un air sceptique. Elle n’arrivait toujours pas à se faire un avis sur la femme du commandant. Elle avait l’air si innocente et fragile, elle paraissait être une femme juste et généreuse. Elle continuait pourtant à respecter son mari malgré les actes contestables de celui-ci, et cela sans rien dire. Etait-elle à ce point aveugle aux agissements du commandant ? Ou alors était-elle dans le coup et jouait à merveille le rôle de la pauvre épouse soumise ..? Roseta Monastorio restait un mystère. Par prudence, la plupart des habitants du village préféraient se méfier plutôt que d’essayer de mieux la connaître. Ana Maria voulait en avoir le cœur net sur son compte…

- Señora, reprit Ana Maria prudemment, votre mari est devenu assez impopulaire, et ce, dès son arrivée à Los Angles. L’arrestation de Don Juan est loin d’arranger les choses…Il n’est pas étonnant que certaines personnes vous en veulent et se méfient de vous…
- Et vous ? demanda brusquement Roseta. Vous méfiez-vous de moi... ?
- Je…je ne sais pas. J’avoue que je me pose des questions à votre sujet. Je crois que c’est à vous de prouver que vous n’êtes pas aussi impitoyable et injuste que votre mari…Je suis toute disposée à vous accorder mon amitié et ma confiance, ainsi que d’autres, mais cela risque de prendre un certain temps pour convaincre et rassurer les peones de Los Angeles…
- Je comprends… je vous remercie de votre franchise. Je ferai de mon mieux pour prouver ma loyauté au peuple de Los Angeles.
- Je l’espère sincèrement…Maintenant, pardonnez-moi mais je dois rentrer.
- Je vous en prie, adios señora.
- Adios, señora Monastorio.
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Ana Maria de la Vega

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MessageSujet: Re: "Las almas del silencio"   "Las almas del silencio" Icon_minitimeMer 5 Nov - 13:06

Quelques heures plus tard, en fin d’après-midi, Annabella de Vargas se présentait à la grande porte de la caserne. Le cœur battant, elle attendait qu’on lui réponde quand la porte s’ouvrit et laissa apparaître le volumineux Sergent Garcia.

- Oh Sergent ! Aidez-moi s’il vous plait !
- Buenas tardes, Señora ! que puis-je pour votre service ? demanda-t-il avec son entrain habituel.
- J’aimerais voir mon mari Sergent. Laissez-moi lui parler quelques minutes je vous en prie !

Le sergent Garcia considéra pendant quelques secondes la jeune femme qui se tenait devant lui. Il pouvait encore discerner les larmes qu’elle avait dû verser toute la nuit durant. Il songea qu’après tout le commandant n’avait pas explicitement interdit les visites…

- Bon…très bien, suivez-moi señora. Par ici !
- Gracias…

Le soldat désigna du doigt une cellule au fond de la cour. Annabella, le cœur serré, se dirigea rapidement vers la cellule de son mari.

- Annabella ! s’écria Don Juan à la vue de son épouse.
- Juan ! Comment allez-vous ? Est-ce qu’on vous traite bien ? qu’a dit le commandant ?
- Calmez-vous ma douce, ne vous inquiétez pas. Je vais bien et je suis bien traité, ne vous en faites pas pour cela.
- Tant mieux…me voici en partie soulagée…Mais..et le commandant ?

Don Juan marqua un temps d’arrêt avant de répondre. Ce sujet-là l’inquiétait au plus haut point, mais il ne voulait surtout pas effrayer sa femme, déjà paniquée.

- Le commandant…et bien l’enquête est toujours en cours. Mais je saurai me défendre Annabella, il ne m’aura pas aussi facilement !
- Je l’espère…, murmura-t-elle encore inquiète.
- Don Diego est passé me voir il y a à peine quelques minutes. Nous avons discuté des différents moyens de me faire sortir de là, j’ai bon espoir…

Soudain Annabella se retourna lorsqu’elle entendit une porte claquer. C’était Monastorio qui sortait de son bureau.

- Je reviens, lança-t-elle à son mari.
- Non, attendez !

Mais Annabella avait déjà rejoint le commandant.

- Señora de Vargas ! que puis-je pour vous ? demanda Monastorio d’un air ironique.

Annabella le toisa sévèrement.

- Vous le savez très bien commandant ! vous devez libérer mon mari, il est innocent !
- Laissez la justice s’en occuper voulez-vous.. !
- Mais vous perdez un temps précieux au lieu de rechercher les vrais coupables ! Enfin, jamais mon mari n’aurait pu voler l’argent des impôts, l’argent du peuple !
- Jusqu’à preuve du contraire, c’est pourtant ce que je crois. Maintenant laissez-moi !
- Mais…
- Pas un mot de plus Señora, où je vous arrête également !

Annabella le laissa partir, consternée et découragée. Don Juan avait assisté à la scène, impuissant.


Quelqu’un d’autre avait assisté attentivement à cette scène…De la fenêtre de son ancienne chambre, Roseta avait entendu toute la conversation entre Doña Annabella et son mari. Elle était perdue, et ne savait plus quoi penser de son mari et de la situation. Elle avait subitement pris conscience qu’Enrique avait mal agi en emprisonnant ainsi Don Juan. Pour la première fois depuis son installation à Los Angeles, elle se rendait compte de l’homme insensible et partial que pouvait être son mari, et comprenait son impopularité. Mais que faire ?...que faire…Jamais elle n’oserait aller lui parler de sa conduite et lui faire des remontrances…Elle l’aimait et le respectait trop pour cela. Pourtant elle ne pouvait cautionner cet acte abusif et injustifié. Roseta s’assit sur le bord du lit et cacha son visage dans ses mains. Elle sanglota doucement. Quelle douleur…quelle souffrance d’être ainsi partagée entre son devoir et son cœur…que pouvait-elle donc faire.. ?



Après sa visite à la caserne, Annabella alla tout droit chez les de la Vega. Elle n’avait pas le cœur à rentrer chez elle, seule. Elle fut chaleureusement accueillie par Don Diego et Ana Maria, et leur raconta son entrevue avec le commandant. Au fil de son récit, le visage de Don Diego se ferma. Comme il le craignait, il n’y avait strictement rien à attendre de la part de Monastorio. Il se garda bien d’exprimer le fond de sa pensée devant Annabella, mais Ana Maria le comprit d’un regard, vu la mine déconfite de son mari. Elle ne l’avait encore jamais vu aussi inquiet. Après tout, c’était compréhensible, Don Juan était son meilleur ami, et le commandant était connu pour sa cruauté. Ana Maria ne pouvait s’empêcher de trembler en pensant à ce qui arriverait si Don Juan était condamné.

Au bout de plusieurs heures, Annabella se décida à rentrer chez elle. Diego rejoignit sa femme qui était montée à l’étage dans sa chambre. Il poussa doucement la porte laissée entrouverte et vit Ana Maria assise sur le bord du lit, le visage caché dans ses mains. Diego sentit son cœur se serrer en voyant ainsi la femme qu’il aimait pleurer en silence. Il s’approcha d’elle lentement, s’assit à ses côtés et lui prit les mains entre les siennes.

- Ana Maria…
- Je sais…pardon…, murmura-t-elle en séchant d’un geste rapide ses larmes. Juan a besoin de vous…
- Je dois le faire, Monastorio ne me laisse plus le choix.
- Monastorio…

Un bref éclat de haine éclaira un instant le regard sombre d’Ana Maria. C’était à cause d’hommes comme Monastorio que son mari risquait sa vie jour après jour… Elle réussit cependant à se reprendre et se tourna vers Diego en souriant.

- Pardonnez-moi Diego, je sais que vous devez agir…la vie de Don Juan est en jeu.

Diego regarda Ana Maria pendant quelques secondes, puis l’embrassa tendrement sur le front avant de se lever. Ana Maria le suivit jusque dans sa chambre. Après s’être assuré qu’elle avait bien refermé la porte derrière elle, Diego s’approcha de la cheminée et actionna un mécanisme. Un passage s’ouvrit…Ana Maria rejoignit son mari près de l’entrée secrète et leva vers lui un regard encore embué de larmes.

- Soyez prudent…Je…j’ai un mauvais pressentiment.
- Vous dites cela à chaque fois ! dit-il en souriant tendrement. Et je prendrai toutes les précautions nécessaires, comme toujours, rassurez-vous.

Ana Maria esquissa un sourire hésitant et le laissa partir. Diego disparut dans le noir et le passage se referma.


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Au même instant à quelques centaines de mètres de là, dans une autre hacienda, une autre femme craignait pour la vie de son mari. Annabella de Vargas était montée dans sa chambre, aussitôt rentrée de chez les de la Vega. Assise à sa coiffeuse, elle laissa son regard se perdre. Celui-ci se posa sur un portrait de Juan et elle ; il avait été réalisé lors de leur première année de mariage, en Espagne. Elle repensa alors à ce jour où elle avait lié sa vie à la sienne, « pour le meilleur et pour le pire » comme le disait la formule d’usage. Le pire, elle le connaissait maintenant. Elle devait tenir bon. Pour lui…Lui, emprisonné et accusé à tord, risquait une condamnation à mort pour trahison envers le Roi…Elle frissonna. Elle avait tenté de parler au Commandant, en vain. Que pouvait-elle faire d’autre ? Qui pouvait l’aider… ? Ses pensées allèrent alors malgré elle vers cet inconnu, ce hors-la-loi masqué qui se posait en défenseur des innocents et des opprimés. Zorro…Annabella se demanda alors s’il allait agir une nouvelle fois, pour sauver Juan…Sans s’en rendre compte, alors qu’elle avait toujours craint ce bandit, Annabella commença une prière silencieuse et espérait que le justicier masqué apparaisse de nouveau ce soir…

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La nuit était maintenant tombée sur le pueblo de Los Angeles. Il était près de dix heures et pas un bruit ne se faisait entendre sur la plaza. On pouvait cependant percevoir un léger claquement de sabots à travers le souffle du vent passant dans les arbres.

Un homme tout de noir vêtu se glissa habilement le long des murs gris de la caserne. Il leva les yeux vers le haut de la muraille, puis appela d’un chuchotement son cheval.

- Reste calme Tornado…

D’un geste adroit et rapide, il monta debout sur sa monture, aggripa le haut du rempart et se hissa. Diego, ou plutôt Zorro, se mit à plat ventre et rampa silencieusement jusqu’à pouvoir voir la cour intérieure. Pas âme qui vive, tout était calme. Trop calme…Diego se douta bien que Monastorio l’attendait, prêt à le prendre au piège, mais il n’avait pas le choix. Il devait coûte que coûte faire sortir Juan de là. Toujours aussi silencieusement, il agrippa une corde et se laissa descendre jusque dans la cour. Rien, pas un mouvement…Diego prit son inspiration et longea rapidement les cellules à pas de souris, jusqu’à l’endroit où était détenu Don Juan. A la vue de l’homme masqué, le prisonnier se leva d’un bond mais garda le silence, conscient du danger. Zorro fouilla alors dans sa poche et en sortit une petite pièce de métal qu’il introduisit dans la serrure. Pas le temps de s’amuser à chercher les clés ! Zorro avait préféré avoir recours à une sorte de passe de sa confection qu’il espérait être efficace. Don Juan s’était approché des barreaux et suivait, anxieux, le travail minutieux du hors-la-loi.


Soudain, Don Juan leva les yeux et vit avec effroi Monastorio et ses hommes se diriger vers eux.

- Zorro ! cria-t-il.

Celui-ci avait déjà dégainé son épée, prêt à se défendre.

- Zorro ! s’écria Monastorio, vous êtes fait comme un rat ! Rendez-vous !
- Partez Zorro, sauvez-vous ! ordonna Don Juan
- Pas sans vous mon cher ! répliqua-t-il en se lançant à l’assaut des premiers hommes qui l’approchaient.

Les épées s’entrechoquèrent. Trois hommes attaquèrent de front le bandit qui se défendait avec succès. Rageusement, il se défit de ses adversaires successifs. Monastorio qui observait la scène de loin, appela du renfort et aussitôt une dizaine de soldats supplémentaires apparurent. Malgré sa fougue et son adresse, Zorro fut contraint de reculer jusqu’au mur et de monter sur un échafaudage pour se mettre hors d’atteinte des épées menaçantes. Ils étaient trop nombreux…Zorro jeta un regard inquiet vers Don Juan qui continuait de lui dire de se sauver. Les épées des soldats se rapprochaient dangereusement de lui, elles l’encerclaient. Il parvint à se hisser in extremis sur le toit de la caserne. Au moment où Zorro allait sauter de l’autre côté du mur, un coup de feu retentit et un cri déchira la nuit. Horrifié, Don Juan vit Zorro tomber de l’autre côté du mur, puis entendit quelques secondes plus tard un cheval partir au galop.

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Une dizaine de minutes plus tard, Diego arrivait enfin dans la grotte qui servait de refuge à Tornado. Blessé au bras, il était à moitié courbé sur l’encolure du cheval et respirait avec difficulté. Il descendit de cheval, attacha celui-ci et commença à gravir les escaliers menant directement à sa chambre. Une fois arrivé en haut, et après avoir vérifié que la voie était libre, il entra dans sa chambre sans prendre la peine de se changer. Il n’avait pas vu Ana Maria qui était là à attendre son retour. A la vue de son mari blessé, elle se précipita vers lui.


- Diego ! Oh mon dieu… !

Elle l’aida à s’allonger sur le lit et lui retira son masque et son épée.

- Diego, est-ce que ça va ? Que s’est-il passé ? Où avez-vous mal… ? questionna-t-elle, morte d’inquiétude.
- Monastorio m’a tiré dessus…mon bras droit…, réussit-il à articuler.

Ana Maria s’activa et alla chercher le nécessaire pour tenter de le soigner. Elle ne connaissait pas grand-chose en médecine, mais elle ne pouvait pas se permettre d’appeler le docteur. Tout le monde en ville allait savoir que Zorro était blessé au bras…

Une demi-heure plus tard, Ana Maria avait tant bien que mal réussi à le panser. Diego avait retrouvé ses esprits.


- Ca m’a fait mal sur le coup, mais je crois que la balle n’a fait qu’effleurer le bras, expliqua-t-il. Monastorio avait réuni tous ses hommes. Je savais que j’allais tomber la tête la première dans un piège, mais il fallait bien que je tente de délivrer Juan. Juan…

Le visage de Diego se ferma. Il baissa les yeux. Ana Maria comprit qu’il se sentait responsable et coupable d’avoir laissé Juan derrière lui.

- Vous ne pouviez rien faire Diego…vous étiez encerclé…
- Je sais…
- Vous devriez essayer de dormir un peu, il faut que vous repreniez des forces.
- Merci Ana Maria…ne vous inquiétez pas, ma blessure n’est pas très grave.
- Oui, grâce au ciel…
- Je réussirai Ana Maria…je réussirai à le sauver…murmura-t-il, plus pour lui-même que pour son épouse.
- Je le sais, j’ai confiance en vous…Bonne nuit Diego, répondit-elle doucement.
- Merci Ana Maria…Bonne nuit, dit-il déjà à moitié endormi.

Ana Maria se leva et se dirigea vers la porte en silence. Elle referma la lourde porte en bois en soupirant, après lui avoir jeté un dernier regard rempli de peur et d’incertitudes.
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Ana Maria de la Vega

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MessageSujet: Re: "Las almas del silencio"   "Las almas del silencio" Icon_minitimeMer 5 Nov - 13:06

A la caserne, l’heure était aux remontrances. Ils avaient été plus de vingt mais Zorro avait encore réussi à leur échapper !

- Vous n’êtes que des incapables !! vociférait Monastorio. De vrais incapables ! Sergent Garcia !
- O..Oui mon commandant ?
- Comment se fait-il que Zorro ait encore pu s’enfuir ?! Nous le tenions ! Vous n’êtes qu’un babouin !!
- Heu…oui mon Commandant !
- Hors de ma vue, idiot ! Tenez, allez remettre un peu d’ordre, tout est sens dessus dessous… ! Moi, je rentre chez moi !
- A vos ordres !

Le commandant Monastorio se dirigea vers les écuries alors que le corpulent sergent donnait ses ordres. En passant devant la cellule de Don Juan, Monastorio lui jeta un regard furibond. Don Juan, lui, se tenait en retrait, silencieux. Il était trop inquiet pour Zorro pour avoir l’envie de provoquer le commandant. Ce dernier sella son cheval et partit au galop vers son hacienda.

Quelques minutes plus tard, il retrouva sa demeure ainsi que sa femme.

- Roseta ! Je pensais que vous seriez déjà couchée à cette heure…
- J’y allais justement Enrique. Mais…que se passe-t-il ? Quelque chose ne va pas ? demanda-t-elle surprise du visage déconfit de son époux.
- Ne m’en parlez pas ma pauvre Roseta ! Ces imbéciles de soldats ont encore laissé échapper ce bandit de Zorro!
- Oh ! Zorro ?!
- Oui, il a tenté de faire évader Vargas, mais j’ai réussi à l’en empêcher ! Malheureusement Zorro a pu s’échapper.

Ces paroles troublèrent profondément Roseta. Ainsi Zorro avait tenté de délivrer Don Juan…Zorro qui se disait « l’ami du peuple, le défenseur des innocents »… Roseta baissa les yeux et ressentit de nouveau cette sensation d’oppression et de gêne. Devait-elle parler à son mari ..? Après tout, ces affaires de bandits ne la regardaient nullement.

- Roseta, ma douce, qu’avez-vous.. ? Vous êtes toute pâle !
- Oh Enrique, ce n’est rien, c’est juste que…enfin…
- …Oui ? qu’y a-t-il ?...Vous savez bien que vous pouvez tout me dire…la rassura-t-il devant son hésitation et sa gêne évidentes.
- Et bien…je me disais que peut-être…il y avait une possibilité pour que Don Juan soit innocent…Peut-être ne devrait-il pas être détenu prisonnier Enrique…
- Je…mais enfin Roseta, ne vous tracassez donc pas avec ces histoires de soldat ma chère !
- Ce que je veux dire c’est que Don Juan a l’air d’un caballero tout à fait respectable et honnête. Tout le monde le pense en tout cas. Vous devriez peut-être le relâcher…

Monastorio serra les dents. Si même sa femme était contre lui ! Il durcit son regard et prit un ton autoritaire.

- Señora, les affaires de la caserne ne regarde que moi et moi seul ! Je suis le seul qualifié à mener une enquête et à arrêter les coupables. Je vous prierai à l’avenir de ne plus vous en mêler !
- …Très bien…, répondit simplement Roseta, le regard triste.
- Vous devriez monter dans votre chambre maintenant…
- Oui…bonne nuit Enrique.
- Bonne nuit Roseta, répondit-il en lui baisant la main.

Roseta le salua à son tour et gravit les escaliers qui menaient à l’étage. Des larmes silencieuses roulaient sur ses joues pâles. Ce n’était pas le ton ni les propos tenus par son mari qui l’attristait. Après tout, il avait raison, les enquêtes de son mari ne la concernaient pas. Non ce qui l’attristait surtout c’était de voir l’homme qu’elle aimait devenir plus implacable et injuste de jour en jour…


*
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*



Trois jours s’écoulèrent depuis la tentative de sauvetage de Zorro. En milieu d’après-midi, on apprit que le procès de Don Juan de Vargas aurait lieu le lendemain, à Los Angeles. Un procès équitable pouvait redonner quelque espoir pour le señor Vargas, mais Diego avait appris par son père Don Alejandro que le juge nommé était un vieil ami de Monastorio. C’était comme si Don Juan était déjà condamné…

Don Diego s’était presque totalement remis de sa blessure. La balle n’avait en effet qu’effleuré son bras. Seule une légère douleur se faisait encore sentir de temps à autre. Diego de la Vega se trouvait assis au milieu du patio, à l’ombre d’un arbre, lorsque Ana Maria arriva par le portail.

- Buenos dias Diego !
- Buenos dias …!
- Je suis partie tôt ce matin, je n’ai pas voulu vous réveiller…Je suis allée rendre visite à Annabella, puis nous sommes allées assister à l’office à l’église.
- Comment va-t-elle ?
- Oh… pas très bien…mais elle tient bon, elle a beaucoup de courage. Elle m’a dit qu’elle était allée voir Don Juan hier et avant-hier. Elle l’a trouvé en bonne santé, mais de plus en plus soucieux. J’ai été lui rendre visite à mon tour tout à l’heure pour tenter de lui redonner courage, mais c’est difficile…
- Oui en effet…

Ana Maria fixa du regard son mari qui semblait perdu dans ses pensées. Un court silence s’installa, puis elle reprit :

- Vous… vous avez un nouveau plan… ? demanda-t-elle, hésitante.

Diego baissa les yeux, l’air gêné, ce qui étonna Ana Maria.

- Qu’y a-t-il Diego ? Est-ce que…par hasard vous n’auriez pas d’idée… ?
- Oh si, j’en ai une…Mais je vous avoue que je n’en suis pas très fier…

Intriguée et inquiète à la fois, Ana Maria s’assit à ses côtés.

- Dites moi…
- …J’ai beau retourner le problème dans tous les sens, le fait est que la caserne est imprenable, Juan est trop bien gardé, aujourd’hui encore plus qu’il y a trois jours. C’est franchement impossible de réussir à le délivrer à moi tout seul, et même si j’étais aidé d’ailleurs, avec autant de gardes…
- Je suis d’accord…A quoi avez-vous pensé alors ?
- …A un échange.
- Un échange ?
- Oui. Je vais être obligé d’utiliser le point faible du commandant en personne pour arriver à sauver Juan.
- Son point faible…mais quel est-il ? Je ne vois pas…
- …Sa femme, Roseta Monastorio.


*
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*
*
*


Il était tout juste neuf heures du matin lorsque Roseta Monastorio sortit de son hacienda et monta dans une calèche. Elle avait les traits tirés et le teint encore plus pâle qu’à l’accoutumée. Sa discussion avec Enrique d’il y a quelques jours était encore dans son esprit, et celui-ci se montrait parfois encore méfiant vis-à-vis d’elle, ce qui la chagrinait beaucoup. Aujourd’hui elle avait décidé de se rendre à l’église pour se confesser et recevoir des conseils dont elle avait, selon elle, bien besoin. Ce fut donc peu avant neuf heures vingt qu’elle pénétra dans le lieu sacré. L’endroit était vide. Elle se dirigea vers le fond de l’édifice, derrière le chœur, là où le père Felipe devait l’attendre. Arrivée devant le confessionnal, elle vit la porte de son côté ouverte, alors qu’une silhouette se dessinait de l’autre côté à travers les rideaux sombres. Le prêtre était déjà là.

Roseta soupira légèrement, entra dans le confessionnal et referma sur elle la petite porte.

- Pardonnez-moi padre parce que j’ai péché…dit-elle doucement.

Roseta attendit les habituelles paroles du prêtre, mais aucune réponse ne se fit entendre. Intriguée, elle releva la tête vers le padre. A travers le mince voile noir qui les séparait, elle distingua une ombre. Mais avant que Roseta n’ait pu prononcer le moindre mot, la forme disparut brusquement. La porte s’ouvrit soudainement, et ne laissant pas le temps à Roseta de réagir, la forme noire fondit sur elle et lui appliqua un mouchoir imbibé d’un produit fort. Roseta commençait à voir flou, ses yeux se fermèrent d’eux-mêmes, et en moins de trente secondes elle sombra dans un profond sommeil…



Lorsque Roseta reprit conscience, une douleur aigue se fit sentir au niveau de sa tête. Elle ouvrit les yeux mais ne put rien voir : on l’avait laissé dans le noir, et elle s’aperçut rapidement qu’elle était pieds et poings liés. Elle reposait là, allongée dans le noir sur une paillasse, seule… Elle se mit à frissonner de froid, mais surtout de peur, elle ne comprenait rien à ce qui se passait. Soudain elle perçut un bruit sourd sur sa droite, et au bout de quelques secondes elle reconnut le bruit de pas de quelqu’un descendant des escaliers.

- Est-ce que…quelqu’un est là.. ? demanda-t-elle la voix tremblante.

Pour seule réponse elle entendit le bruit de pas se rapprocher d’elle. Enfin une lumière se fit. A la lueur de la torche, Roseta découvrit avec surprise le hors-la-loi que son mari pourchassait sans relâche : Zorro !

- Bienvenue Señora ! Inutile de me présenter je suppose.. ! Pardonnez l’inconfort Señora, mais cela est malheureusement nécessaire…

Elle l’écouta parler, les yeux toujours agrandis par la surprise. Elle écouta cette voix sortit du noir, cette voix inquiétante de prime abord, étrangement familière aussi, et finalement rassurante…Zorro n’avait pas pour habitude de s’en prendre aux innocents. Pourtant cette situation aussi inattendue qu’inquiétante l’intriguait. Zorro sembla lire dans son regard et lui expliqua :

- Croyez bien que je regrette d’avoir dû vous enlever Señora, ce n’est pas dans mes habitudes…Mais votre mari ne me laisse plus le choix.
- Mon mari.. ?
- Il détient Don Juan de Vargas comme vous le savez, et le seul moyen qu’il me reste pour le sauver est de monnayer sa liberté. Avec vous comme monnaie d’échange…
- Oh…je vois…je comprends…
- J’espère pour vous que Monastorio acceptera le marché…

Roseta baissa les yeux, honteuse. Honteuse de s’être laissée enlever, honteuse de mettre son mari dans une telle situation, honteuse aussi de devoir en arriver là pour qu’il comprenne enfin qu’arrêter Don Juan était une erreur…

- Enrique…le commandant Monastorio ne croyait faire que son devoir…il ne s’est pas rendu compte de son erreur…
- Bien sur que si Señora ! Ne soyez pas si naïve. Ou plutôt n’essayez pas de le protéger ou de lui chercher des excuses…

Roseta détourna le regard, mal à l’aise.

- Bien… je vais lui faire parvenir un message à propos de l’échange…Je vais vous apporter à boire et une couverture.
- …Gracias Señor Zorro. Je…je voulais vous dire…
- …Oui ?
- J’espère de tout cœur que mon mari acceptera l’échange…pas pour moi, mais pour Don Juan…

Zorro la regarda un instant, puis dit en s’éloignant :

- Je l’espère aussi Señora…
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Ana Maria de la Vega

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MessageSujet: Re: "Las almas del silencio"   "Las almas del silencio" Icon_minitimeMer 5 Nov - 13:07

Pendant ce temps, le calme n’était toujours pas revenu à la caserne. On préparait activement le procès de Don Juan qui allait se tenir dans quelques heures. Tout le village de Los Angeles se rassemblait petit à petit sur la plaza, où le procès occupait toutes les conversations. Dans son bureau, Monastorio avait longuement parlé avec le juge, tout était presque réglé d’avance… A présent Monastorio essayait de mettre en place une garde solide au cas probable où Zorro tenterait un sauvetage de dernière minute. Le commandant de la caserne ne savait plus où donner de la tête.

- Et Roseta qui reste introuvable ..!


En effet, il avait envoyé le sergent Garcia la chercher après l’office, mais personne ne l’avait vu. Ni au village, ni à l’hacienda. Un cri le sortit de ses pensées :

- Mon Commandant ! Mon commandant !

Un soldat arriva en courant à sa hauteur et lui tendit un bout de papier.

- Et bien ! Que se passe-t-il lancier ? demanda Monastorio, exaspéré.
- C’est pour vous commandant, répondit-il en montrant le papier. Je l’ai trouvé sur ma selle de cheval en sortant de la taverne et…
- Mais que voulez-vous que cela me fasse !
- Mais commandant, c’est un message de Zorro !
- Zorro ?! Et vous ne pouviez pas le dire plus tôt, triple idiot !

Monastorio prit rageusement le mot des mains du soldat et lut les quelques phrases :

Señor Commandante, je détiens votre femme. Libérez le Señor Vargas si vous voulez la retrouver saine et sauve. Si vous refusez, je n’hésiterai pas…
Rendez-vous aux ruines du monastère à 14h, avec le Señor Vargas et sans escorte.
Zorro.


Un bijou était accroché au mot : l’alliance de Roseta.

- Aah ! Le fourbe ! Il a osé !!

Monastorio déchira le message en plusieurs morceaux et le regard noir de haine alla s’enfermer dans son bureau.


*
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*
*


Seule dans sa chambre, Ana Maria finissait de mettre de l’ordre dans ses effets. Mais son esprit était ailleurs. Elle ne pouvait s’empêcher de penser que la femme du commandant était détenue prisonnière dans la cave de sa propre maison ! Que se passerait-il si les hommes de Monastorio la retrouvaient.. ?! Elle préféra ne pas y penser…Poussée par la curiosité et l’inquiétude, Ana Maria décida d’emprunter le passage secret et d’aller voir si Roseta allait bien.

Après s’être munie d’une bougie, elle ouvrit le passage et descendit les escaliers en silence. Arrivée en bas, elle se plaqua contre le mur, éteignit la bougie et jeta un regard en direction de la señora. Celle-ci était désormais assise sur la paillasse, les mains et les pieds toujours attachés. Elle semblait dormir, calmement. Mais elle ouvrit les yeux en entendant un bruit : Zorro venait de revenir.

- Bonjour Señora, dit-il en attachant Tornado, je viens de faire parvenir le message à votre mari. Il ne reste plus qu’à attendre…
- Je suis prête…répondit-elle.

Son calme apparent étonna Ana Maria. Elle semblait résignée…ou alors était-elle ‘consentante’.. ?

- Avez-vous besoin de quelque chose ? continua Zorro.
- Non, rien, gracias.
- Très bien, ce ne sera plus très long.
- Bien.

Zorro se dirigea vers le fond de la grotte pour nourrir Tornado. Ana Maria remonta alors dans l’hacienda. Elle était stupéfaite par l’attitude de la Señora Monastorio. Quel calme ! Et surtout quel courage… ! Si Roseta avait été ‘complice’ de son mari, elle aurait sûrement fait preuve d’un peu plus de mécontentement. Là c’était le contraire…Elle semblait même être plutôt coopérative. Ana Maria savait maintenant à quoi s’en tenir. Roseta était une femme tout à fait honnête, bonne, et digne de confiance, mais aussi très amoureuse de son mari qu’elle respectait beaucoup. Elle n’était pas non plus naïve, elle savait comment pouvait être le commandant parfois…Mais ce n’était pas à Roseta d’agir, elle savait rester à sa place d’épouse. Voir son mari commettre des erreurs, et continuer de l’aimer, cela demandait beaucoup de courage… Ana Maria arriva dans la chambre de Diego. Elle comprenait maintenant un peu mieux quel genre de femme était Roseta, mais n’était pas non plus rassurée. Elle pensait à l’échange qui aurait lieu dans quelques heures…

- Pourvu que tout se passe bien, et pour elle, et pour Juan…



Il était à présent 13h et Monastorio préparait activement sa « sortie » avec le Señor Vargas. Il n’avait pas réfléchi longtemps, il était hors de question de faire courir le moindre risque à sa femme. Il avait prévenu le Sergent Garcia qu’il se rendrait au monastère en companie de Vargas, seul. Cette nouvelle avait laissé le sergent perplexe mais celui-ci n’osa pas poser de question, le commandant ayant l’air déjà suffisemment en colère…

En colère, oui il l’était, mais il était également terriblement inquiet… Il avait beau savoir que ce Zorro ne s’en prenait jamais aux innocents, quelque chose pouvait toujours mal tourner…Et puis Zorro semblait prendre cette affaire très à cœur, il n’aurait sans doûte aucune pitié. Pour la première fois depuis longtemps, Monastorio regretta d’être allé si loin avec ce Vargas. La vie de Roseta était en danger, par sa faute uniquement. Malgré tout ce que l’on pouvait dire sur lui et son caractère difficile, le commandant était très amoureux de sa femme et ne l’aurait mise en danger pour rien au monde.

Le cœur lourd de remords et de haine, il sortit de son bureau et se dirigea vers la cellule de Don Juan.

- Soldat, préparez mon cheval ainsi qu’un autre pour le prisonnier ! ordonna-t-il.

Don Juan s’approcha des barreaux, surpris. Que pouvait donc encore manigancer le commandant ? Il regarda d’un air perplexe Monastorio lui ouvrir la porte de la cellule.

- Un faux mouvement et vous êtes mort Señor, menaca le Commandant en pointant son arme vers lui.
- Puis-je savoir où nous allons Commandant ? L’heure du procès approche il me semble…
- Ne posez pas de question. Soldat, aidez le prisonnier à monter à cheval. Vargas je vous préviens, s’il vous prend l’envie de vous enfuir, je n’hésiterai pas à tirer !

Don Juan acquiesca de la tête en signe d’obéissance. Les mains liées dans son dos, il monta à cheval avec l’aide du soldat. Puis Monastorio s’empara de ses rênes, et l’arme toujours pointée sur lui, mit en route sa monture. Il sortirent par l’arrière de la caserne afin d’éviter la foule rassemblée sur la plaza. Au moment de franchir les portes en bois, Monastorio adressa un discret mouvement de tête au caporal posté là. Celui-ci lui répondit de la même manière, d’un air entendu…


*
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*
*


Annabella et Ana Maria étaient toutes deux en route pour le monastère. Ana Maria avait été chercher son amie et lui avait expliqué qu’elle avait reçu un message de Zorro indiquant ce qui allait se passer. Malgré sa surprise, Annabella avait accepté de suivre Ana Maria jusqu’aux ruines du monastère afin de récupérer Don Juan. Ana Maria avait expliqué l’absence de Diego par des affaires qui l’avaient demandé de toute urgence à Monterrey. Tandis qu’Annabella craignait pour son mari, Ana Maria se demandait sans cesse si le plan de Diego allait se dérouler comme il l’avait prévu…Monastorio était imprévisible et prêt à tout pour arrêter Zorro. Ana Maria espérait que la présence de Roseta dans l’affaire fasse pencher la balance du côté de Zorro…

C’est le visage crispé qu’Ana Maria arrêta la calèche à quelques mètres du lieu de rendez-vous prévu. Les deux jeunes femmes descendirent et se dirigèrent vers le centre des ruines. Il n’y avait encore personne mais très vite elles entendirent au loin un bruit de galop. C’était Monastorio et son prisonnier. A la vue de son mari, Annabella retint un cri.

- Señoras.. ! Quelle surprise de vous trouver ici ! s’exclama le Commandant. Que faites-vous là ?
- Zorro nous a prévenu de l’échange prévu. Nous somme venues chercher Don Juan, expliqua Ana Maria d’une voix légèrement tremblante.
- … Je vois…

Durant ce cours échange, les époux Vargas ne s’étaient pas quittés du regard. Monastorio avait finalement accepté d’expliquer à Don Juan les raisons de leur sortie. Don Juan jugea que Diego avait pris un gros risque pour tenter de le sauver…enlever la femme du commandant…Ca n’était pas rien. Il tenta de rassurer sa femme du regard. Celle-ci s’apaisa.

Soudain un autre bruit de galop se fit entendre : cette fois-ci c’était Zorro. C’était au tour d’Ana Maria de sentir son cœur se serrer. Elle avait rarement l’occasion de voir Zorro en action et ceci la faisait trembler encore plus. La monture noire s’arrêta à une dizaine de mètres de celles de Monastorio et Don Juan. Roseta se tenait assise en amazone sur Tornado, juste devant Zorro. Le hors-la-loi tenait de la main droite sa prisonnière par la taille, de l’autre il avait dégainé un pistolet et le pointa vers Roseta.


Monastorio sentit les battements de son cœur s’accélérer brusquement. Il ne supportait pas de voir ainsi sa femme aux mains de son ennemi juré. Tentant de cacher sa nervosité, il prit la parole :

- Me voici comme convenu au rendez-vous Zorro. Comme vous le voyez je suis seul. Libérez ma femme et reprenez votre cher Vargas !
- Très bien Señor Commandante, relâchez d’abord le Señor Vargas, qu’il aille se mettre à l’abri loin de votre arme, et je relâcherai votre épouse.
- Hors de question ! Libérez ma femme en première !
- Ah je crois que cela ne va pas être possible voyez-vous…., dit-il en appuyant un peu plus le canon du pistolet sur la gorge de Roseta. Vous n’avez guère le choix…
- Enrique…je vous en prie…faites ce qu’il dit et tout se passera bien…, conseilla Roseta d’une petite voix.

Le commandant considéra un instant sa femme. Elle avait l’air remarquablement calme malgré son visage crispé. Les remords de Monastorio revinrent aussitôt. C’était de sa faute s’il en était arrivé là…Peut-être valait-il mieux écouter sa femme et obéir à Zorro…

- Très bien Zorro…Mais s’il arrive quoi que ce soit à ma femme, je vous jure que vous le regretterez !
- Si vous laissez partir Don Juan sain et sauf, vous n’avez rien à craindre…

Ravalant sa fierté, Monastorio abaissa son arme et coupa les liens de Don Juan. Celui-ci sauta de cheval, et après un geste de reconnaissance vers Zorro, il se dirigea vers sa femme. Annabella se jeta au cou de son mari, au bord des larmes. Don Juan étreignit son épouse en la rassurant à voix basse.

- Pardonnez-moi, mais il faut que vous partiez Don Juan…, conseilla Ana Maria. Zorro ne pourra relâcher la Señora qu’une fois que vous serez à l’abri…
- C’est vrai…Mais…et Zorro ? On ne peut pas le laisser seul face à Monastorio !
- Il s’en sortira…., répondit-elle mal assurée.


Don Juan fixa son amie quelques secondes puis acquiesça. Il leva les yeux vers Zorro qui tenait toujours la Señora Monastorio auprès de lui.

- Allez-y Señor Vargas. Ne vous en faites pas…
- Très bien…


Ana Maria, Annabella et Don Juan montèrent en voiture. Vargas s’empara des rênes et la calèche s’ébranla.

- Bon, maintenant veuillez libérer ma femme ! ordonna Monastorio de plus en plus impatient.
- Mais bien sûr Señor Commandante !

Zorro rangea son arme, défit les liens qui emprisonnaient les mains de Roseta, et l’aida à descendre.

- Ce fut un plaisir Señora ! lança Zorro, d’une voix provocante.

Monastorio enrageait silencieusement mais garda son calme, un discret sourire aux lèvres. Il aida sa femme à monter sur le cheval laissé par Don Juan et toisa Zorro du regard. Alors qu’ils commençaient à faire demi-tour en direction de Los Angeles, Monstorio s’adressa à Roseta à voix basse :

- Ma chère, vous allez rentrer seule à l’hacienda, vous connaissez le chemin. Non ne dites rien, dit-il en anticipant les questions de sa femme, je vous y rejoindrai.

Alors que Zorro avait lui aussi fait demi-tour dans le sens contraire, Monastorio s’élança au galop à sa poursuite. Surprise et horrifiée, Roseta vit alors une quinzaine de lanciers à cheval dissimulés dans les bosquets environnants s’élancer à la suite de leur commandant…


Dernière édition par Ana Maria de la Vega le Mer 5 Nov - 13:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Las almas del silencio"   "Las almas del silencio" Icon_minitimeMer 5 Nov - 13:08

Les époux Vargas et la Señora de la Vega ne s’étaient éloignés que d’une centaine de mètres lorsqu’un grondement sourd leur fit arrêter la voiture.

- Quel est ce bruit ? Vous entendez ? demanda Don Juan.
- Oui…, répondit Ana Maria en tendant l’oreille, on dirait…des chevaux au galop…
- Là-bas ! s’exclama Annabella en pointant son doigt vers l’horizon.

Stupéfaits, ils reconnurent au loin la silhouette du bandit masqué avec à ses trousses toute la troupe de Monastorio.

- Le traite ! il nous a trompés ! s’indigna Don Juan.
- Diego…murmura Ana Maria, si bas que personne ne l’entendit.
- On ne peut rien faire pour lui hélas, constata Annabella.
- Vous avez raison…, admit Don Juan, rentrons…

Don Juan remit en marche la calèche et se dirigea vers l’hacienda des de la Vega, afin d’avoir au plus vite des nouvelles de son ami. Inquiet, il jeta un coup d’œil discret vers Ana Maria qui était plus blanche qu’un linge. De sa main gauche il prit la main droite de son amie et la serra afin de la soutenir. Gardant la tête baissée, Ana Maria tenta de cacher les larmes qu’elle n’arrivait plus à contenir. Elle sourit faiblement indiquant ainsi à Don Juan qu’elle tiendrait le coup, comme elle l’avait toujours fait lorsque Diego se mettait en danger…


Une vingtaine de minutes plus tard, ils arrivèrent enfin à l’hacienda de la Vega. Ils entrèrent dans le patio où ils furent accueillis par le père de Diego.

- Don Alejandro ! Quel plaisir de vous revoir !
- Don Juan, mon cher ami ! Vous voici donc sain et sauf ! Je vois que le plan de Zorro a fonctionné comme prévu.. !
- En effet…dites-moi Don Alejandro… auriez-vous vu Diego cet après-midi… ? demanda Vargas, gêné.
- Diego… ? Mais…il…il n’est toujours pas rentré de Monterrey, répondit-il l’air subitement inquiet.


Don Alejandro regarda Ana Maria l’air interrogateur.

- hum…mais dites-moi…tout s’est bien passé avec Monastorio et Zorro.. ?
- Oui l’échange s’est bien passé, répondit Don Juan, mais une fois partis, nous avons vu les troupes de Monastorio poursuivre Zorro…
- Je vois… Bien… si nous allions attendre Diego dans le salon ? il sera ravi de vous revoir libre Don Juan…, proposa Don Alejandro mal à l’aise.
- Très bonne idée, répondit Don Juan.

Le Señor Vargas accompagna sa femme à l’intérieur de la demeure tandis que Don Alejandro prit sa belle-fille par le bras comme pour la rassurer.




*
*
*
*
*


Pendant ce temps, Roseta Monastorio était parvenue jusqu’à son hacienda. Heureusement qu’elle savait bien monter à cheval et qu’elle connaissait les routes des environs. Par chance, les ruines du monastère se trouvaient proches de son hacienda. Encore essoufflée par sa chevauchée, elle descendit de cheval et donna sa monture au domestique qui se présenta à elle. Etonné, le domestique emmena le cheval sans néanmoins poser de questions. Roseta gravit les quelques marches menant au salon et rencontra Paloma.

- Oh Madame !! Vous voici de retour ! Nous étions si inquiets… !
- Paloma ! quelle joie de te revoir ! Ne t’en fais pas, je vais bien.
- Mais…où est le Señor Monastorio… ? demanda la jeune servante, intriguée.

Le visage de Roseta se referma.

- Il… il rentrera plus tard…
- …Très bien… Suivez-moi Madame, je vais m’occuper de vous.
- Gracias…

Roseta suivit la jeune femme jusqu’à l’étage, le cœur serré par l’inquiétude qu’elle ressentait à la fois pour son mari et son ravisseur…

Après avoir prit un bain et s’être changée, Roseta redescendit dans le salon au moment même où Monastorio y fit irruption.

- Enrique !! Vous êtes de retour Dieu sois loué ! s’écria-t-elle en se précipitant vers son mari.
- Roseta, je suis heureux de vous retrouver saine et sauve…, répondit Monasorio, l’air passablement énervé.
- Oh Enrique, que s’est-il passé ? Pourquoi avez-vous défié les ordres de Zorro en le pourchassant.. ?
- Parce qu’il avait enlevé ma femme ! A mes yeux, c’est un crime impardonnable…
- Oh…Et…Avez-vous réussi à le capturer.. ?
- …Non…

Roseta laissa échapper un petit soupir de soulagement que Monastorio ne remarqua heureusement pas.

- Je suis désolée Enrique…
- Pas tant que moi…il a réussi à nous semer tous ! Ce diable est plus rapide que l’éclair…et il connaît les environs mieux que personne. Mais ce qui compte avant tout c’est que vous n’ayez rien…, ajouta-t-il radouci. J’ai eu si peur…
- Vous…vous avez eu peur… ? Pour moi… ?

Roseta lui sourit tendrement. Les marques de tendresse de son mari étaient rares et précieuses. Elle se blottit dans ses bras.

- Je vais bien à présent…, lui dit-elle doucement.

Le commandant Monastorio serra davantage son épouse dans ses bras. Il oublia un instant son acharnement contre Zorro et se laissa envahir par la sensation de bien-être que seule pouvait lui procurer sa tendre épouse.



Zorro avait en effet réussi à perdre les soldats de Monastorio à travers les collines et les grottes qui entouraient Los Angeles. Après une trentaine de minutes, il avait finalement pu rejoindre son refuge et se hâta pour retrouver ses amis ainsi qu’Ana Maria et son père. Après s’être changé, il sortit de sa chambre, descendit silencieusement les escaliers et fit mine d’arriver par la grande porte du patio en la faisant claquer. Quelques secondes plus tard, il rejoignit les autres dans le salon, un grand sourire aux lèvres.

- Juan mon ami ! quelle joie de vous revoir sain et sauf, et libre !
- Diego ! enfin vous voici !

Don Juan se leva et ils se serrèrent dans les bras l’un de l’autre.

- Merci Diego…, chuchota Don Juan, merci pour tout, je ne l’oublierai pas…
- Ne me remerciez pas…je suis heureux que tout cela ce soit bien terminé…

Diego se dirigea ensuite vers le sofa où étaient assis Ana Maria et son père. Après avoir salué Annabella, il s’installa auprès de sa femme qui l’accueillit les yeux humides et le cœur battant.

- Je suis heureux de te revoir mon fils…, dit le père, ému.
- Mais moi aussi ! J’aurais tant voulu rester avec vous au lieu de devoir courir jusqu’à Monterrey ! Annabella, vous devez être soulagée.. !
- Oui en effet ! répondit la jeune femme avec un grand sourire. J’aurais aimé pouvoir remercier Zorro pour son intervention…
- Moi aussi, ajouta Don Juan avec un regard complice vers Diego.
- J’espère que Monastorio a compris la leçon…, continua Diego pour changer de sujet, et qu’il n’accusera plus à tord…
- Si seulement on pouvait récupérer l’argent des taxes…La population ne supportera pas de payer deux fois les impôts…dit Don Juan, inquiet.
- C’est vrai…hélas on n’a aucun moyen de savoir où il peut être…



*
*
*
*
*



Deux jours s’étaient écoulés depuis la libération de Don Juan. Monastorio avait expliqué au juge ainsi qu’aux habitants de Los Angeles qu’il s’était rendu compte de l’innocence du Señor Vargas et qu’il l’avait par conséquent libéré, annulant de ce fait le procès. Les véritables voleurs restant malheureusement introuvables, tout comme l’argent… Le commandant ne donna aucune autre explication à son ami le juge et le renvoya rapidement à Monterrey. La population accueillit avec surprise et avec joie la nouvelle. Mais la rumeur selon laquelle Zorro y était pour quelque chose courait déjà…

Le quotidien reprenait peu à peu chez les Vargas ainsi que les de la Vega, même si Diego et Juan cherchaient encore un moyen de localiser l’argent du peuple. Mais ils devaient reconnaître qu’ils n’avaient aucun indice. Peu à peu ils abandonnèrent l’espoir de retrouver un jour cet argent.

Une semaine plus tard, Ana Maria eut la surprise d’avoir la visite de Roseta Monastorio. Intriguée, mais heureuse de la voir en bonne santé après ses mésaventures, Ana Maria la fit entrer dans le salon où elles s’installèrent.

- Señora…je suis ravie de vous revoir, j’espère que vous allez bien ? demanda Ana Maria poliment.
- Je vais très bien gracias. Et je me rejouis de la libération de votre ami le Señor Vargas.
- Oui, moi aussi…Les habitants de Los Angeles seront reconnaissants envers votre mari…et je suis sûre que vous serez de nouveau bien intégrée dans notre communauté.
- Je l’espère !

Roseta s’interrompit et baissa les yeux visiblement mal à l’aise.

- Que se passe-t-il Señora… ? demanda Ana Maria, surprise. Y a-t-il un problème ?
- Et bien je…j’ai une question à vous poser, mais j’ai peur qu’elle ne vous surprenne…
- Oh…allez-y, je vous en prie, ne soyez pas gênée…

Roseta releva la tête, hésita quelques secondes puis reprit la parole :

- Voila…J’aimerais…j’aimerais que vous remettiez un message de ma part…
- Bien sûr mais à qui ?
- …A Zorro…

Ana Maria en resta sans voix. Elle sentit la peur la gagner petit à petit. Se pouvait-il qu’elle ait tout deviné.. ?!

- Mais…Señora…pourquoi pensez-vous que je puisse être en contact avec Zorro… ? osa-t-elle demander, le cœur battant.
- Je vous ai vue dans sa grotte, lors de ma détention. Je vous ai brièvement aperçue lorsque Zorro est rentré dans la caverne et a soulevé le pan d’herbes masquant l’entrée et laissant entrer la lumière…
- Je…vous m’avez vue…je..
- Je ne vous demande aucune explication Señora. Et sachez que je n’en ai rien dit à mon mari et que je ne le ferai pas. Je souhaite juste que vous remettiez ce message à Zorro…, dit-elle en lui tendant une feuille de papier pliée en quatre.
- Je…je vais essayer, répondit Ana Maria, tremblante et mal à l’aise.
- Vous n’avez rien à craindre de moi…, continua Roseta en se levant. Je vous remercie pour votre accueil et votre aide.
- Je vous en prie…

Ana Maria raccompagna Roseta Monastorio jusqu’à sa voiture et la regarda s’éloigner. Le morceau de papier serré entre ses doigts tremblants, elle se précipita ensuite dans la chambre de Diego.
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MessageSujet: Re: "Las almas del silencio"   "Las almas del silencio" Icon_minitimeMer 5 Nov - 13:09

Sous le regard inquiet de sa femme, Diego de la Vega lut avec attention la lettre qui était adressé à Zorro.


Señor Zorro,

Tout d’abord je tiens à vous remercier pour votre délicatesse et votre attention à mon égard durant mon petit séjour chez vous…Je suis heureuse de voir que tout s’est bien terminé pour votre, et j’ose dire notre, ami le Señor Vargas.
Vous n’avez rien à craindre concernant votre amie la Señora de la Vega, je ne veux lui causer aucun tort…Si je vous écris c’est pour vous rendre et en même temps vous demander un service…Je sais où est caché l’argent volé des taxes. J’estime que cet argent doit être restitué au Roi mais je ne le vous donnerai qu’à la condition que vous n’arrêtiez pas le vrai coupable… Si vous acceptez mon offre, faites le savoir à la Señora de la Vega qui me préviendra. Je vous attendrai dimanche après l’office derrière l’église.

Roseta Monastorio.



Lorsqu’il eut terminé sa lecture, Diego leva les yeux vers sa femme.

- Qu’en pensez-vous… ? lui demanda-t-il. Tout ceci me laisse perplexe…
- Cela pourrait être un nouveau piège de Monastorio, mais franchement je n’y crois pas trop. Si tel était le cas, il y aurait longtemps que le commandant serait venu ici me poser quelques questions…
- En tout cas il est hors de question que Zorro retourne en ville en ce moment, c’est beaucoup trop risqué. Mais Zorro n’est pas indispensable cette fois-ci. J’ai une autre idée…


*
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*



Il était midi en ce beau dimanche du mois de Juin et les cloches de la petite église blanche sonnaient déjà la fin de l’office. Petit à petit les fidèles sortirent et se séparèrent, et l’édifice religieux se vida.


- Enrique, pardonnez-moi mais j’ai à parler avec le padre…Je ne serai pas longue…, dit Roseta Monastorio d’un air assuré.
- …Très bien…Comme vous voulez Roseta, je vous attendrai à la taverne.
- Parfait.. !

Dubitatif, le commandant regarda son épouse repartir vers l’église d’un pas léger et rapide. Il haussa les épaules en signe d’incompréhension et se dirigea vers la taverne placée de l’autre côté de la plaza.

De son côté, Roseta sortit de l’église par la petite porte de derrière, après s’être assurée qu’on ne la voyait pas. Elle traversa le petit jardin et atteignit les arbres qui bordaient le domaine du lieu saint. Fébrile, elle guetta l’arrivée de Zorro mais ce fut quelqu’un d’autre qui se présenta au rendez-vous.

- Don Juan… !
- Mes hommages Señora ! salua l’élégant caballero d’un geste de la main. Je me doute que vous devez être surprise de me voir ici…vous attendiez une autre personne je crois..
- Je…c’est-à-dire…
- Ne craignez rien. Le Señor Zorro m’a prié de venir à sa place écouter ce que vous aviez à lui dire…et il m’a demandé de vous remettre ceci, ajouta-t-il en lui donnant un mot.

Roseta lut les quelques phrases rapidement :


Señora Monastorio,

Je ne puis me risquer à venir en plein jour à Los Angeles sans aucune garantie. Sachez cependant que j’accepte votre offre. Confiez-vous au Señor Vargas, rendez-lui l’argent des taxes, et je vous promets que votre mari ne sera pas inquiété. Vous avez ma parole.

Votre serviteur,
Zorro.



- Je vous écoute Señora…
- Très bien…Ecoutez, pour le moment il serait trop dangereux pour vous de venir récupérer l’argent, car il est trop bien gardé, mais mon mari et moi avons prévu de partir en voyage pour quelques jours à San Pedro. Nous partons demain. Vous pourrez profiter de notre absence pour récupérer l’argent…
- Parfait. Où est-il… ?


D’une voix hésitante, Roseta lui révéla l’existence de la petite pièce secrète dissimulée dans le bureau de son mari et lui indiqua la manière d’ouvrir le passage.

- Vous me promettez que vous n’accuserez pas mon époux… ?
- Je vous le promets Señora. Si la parole de Zorro ne vous suffit pas, vous avez également la mienne.
- …Gracias.
- Merci à vous. Grâce à vous le peuple de Los Angeles n’aura pas à supporter le poids d’un deuxième impôt.
- C’est tout ce que je souhaite…Bonne chance Señor Vargas, à vous et au Señor Zorro…
- Merci…

Roseta fit demi-tour et traversa la jardin en courant pour rejoindre Monastorio qui ne manquerait pas de s’impatienter. Pensif, Don Juan alla porter les dernières nouvelles à Diego.


*
*
*
*
*


Tout se passa comme prévu. A l’occasion du voyage du Commandant et de sa femme, une grande partie de la garnison s’absenta de la caserne, et il ne fut pas difficile pour Zorro, aidé de son ami Don Juan, de s’emparer des milliers de pesos cachés dans le bureau du Commandant. A son retour à la caserne, Monastorio eut la mauvaise surprise d’entendre Don Juan lui annoncer qu’on avait miraculeusement retrouvé l’argent des impôts. Le Commandant s’étonna du fait qu’il ne l’accuse pas du vol, mais se garda bien de lui poser des question à ce sujet.

Peu à peu, tout rentra dans l’ordre. Une semaine plus tard, l’émissaire du Roi arriva à Los Angeles et emporta avec lui la somme collectée vers l’Espagne. Les relations entre Don Juan de Vargas et le commandant Monastorio étaient pour le moins tendues, mais le temps fit son œuvre et l’on s’efforça d’oublier cette fâcheuse histoire d’emprisonnement et d’accusation non justifiée. Quant à Roseta, elle fut définitivement acceptée parmi les amis des Vargas et des de la Vega, et par conséquent par l’ensemble de la petite ville de Los Angeles.




Un soleil resplendissant illuminait le ciel bleu de Los Angeles en ce 7 Juin 1820. Tous les notables de la ville et des environs étaient réunis à l’hacienda Monastorio pour célébrer l’anniversaire de Roseta. Bien sûr, les familles Vargas et de la Vega étaient présents autour de la jeune femme, radieuse, en ce jour de festivités. Le petit groupe d’amis était rassemblé auprès du buffet où trônait un magnifique gâteau que le commandant avait fait faire spécialement pour l’occasion. Alors que les domestiques commençaient à le servir aux invités, Roseta prit discrètement Ana Maria à part.

- Ana Maria, puis-je vous parler un instant ? demanda Roseta, en s’assurant que personne ne les entendait.
- Oui, bien sûr.. ! Que se passe-t-il ? Pourquoi tant de mystère ! répondit la jeune femme en souriant.
- Pourriez-vous remercier…qui vous savez…pour sa discrétion envers mon mari… ?
- Oh…et bien…vous savez c’est inutile, mais je le ferai avec plaisir….A vrai dire…c’est plutôt lui qui vous remercie d’avoir permis de rendre l’argent…vous avez été très courageuse.
- Oh je n’ai pas fait grand-chose..je lui ai juste indiqué son emplacement…


Ana Maria sourit devant l’humilité de la jeune femme. Alors qu’elle allait lui répondre, elle fut coupée par le son des guitares et des mandolines qui entamaient une valse. Le commandant Monastorio s’approcha de sa femme, un grand sourire aux lèvres et s’inclina devant elle. Les joues roses, Roseta lui tendit sa main et ils commencèrent à danser au rythme entraînant de la musique. Peu à peu les autres couples les imitèrent et le patio fut rapidement rempli par un flot de dentelles tournoyantes.




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