Les Roses de Rosetta
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 "L'ombre d'un doute"

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Ana Maria de la Vega

Ana Maria de la Vega


Messages : 37
Date d'inscription : 30/10/2008

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MessageSujet: "L'ombre d'un doute"   "L'ombre d'un doute" Icon_minitimeMar 4 Nov - 13:13

L’ombre d’un doute






Une étrange clameur s’élevait de la plaza ce matin-là. Malgré le froid qui commençait à se faire sentir en ce début de mois de Novembre, de nombreux commerçants et peones divers et variés étaient amassés devant les lourdes portes ouvertes de la caserne. Tous regardaient avec surprise et incrédulité l’intérieur du cuartel, et le brouhaha général ne faisait que s’amplifier au fil des minutes. A l’abri derrière la fenêtre de son bureau, le commandant Monastorio observait avec une joie non dissimulée cette foule grouillante. Un sourire sournois vint éclairer son visage. Enfin il la tenait sa vengeance ! Après avoir jeté un coup d’œil au prisonnier qui était exposé ainsi à la vue de tous dans une cage en bois montée sur une charrette, il retourna s’assoire à son bureau terminer son rapport.

Ce fut à ce moment qu’arrivèrent sur la plaza un attelage transportant Don Juan, Annabella de Vargas, Roseta Monastorio, ainsi qu’Ana Maria de la Vega. Ils avaient en effet décidé de venir au marché ensemble de bonne heure, mais quel ne fut pas leur étonnement en découvrant tout Los Angeles massé devant les portes grandes ouvertes de la caserne.


« Mais enfin… qu’est-ce que cela veut dire ?! S’exclama Don Juan, en aidant les Señoras à descendre de voiture.
- Il a dû se passer quelque chose de grave… !
- Je le crois aussi Annabella… »

Roseta Monastorio n’osait rien dire, craignant que son mari ne soit responsable une nouvelle fois de l’agitation présente. Ana Maria, perplexe, gardait elle aussi le silence. Les quatre amis s’approchèrent tant bien que mal de l’endroit d’où provenait toute cette agitation. Mais Don Juan avait beau être d’une taille assez imposante, la foule l’empêchait tout de même de voir la cour intérieure. Il avisa donc un commerçant et lui demanda :

« Dites-moi Señor, pouvez-vous me dire ce qu’il se passe ici ? Pourquoi tant de remue-ménage ?
- Comment Señor de Vargas, vous n’êtes pas au courant ?!! Mais tout le pueblo ne parle que de ça ! »

Don Juan jeta un bref coup d’œil étonné à ses amies qui étaient à ses côtés, elles aussi curieuses et impatientes de savoir de quoi il en retournait.

« Mais…être au courant de quoi ?!
- Le commandant !! reprenait le commerçant apparemment agité, il a arrêté Zorro !!
- C…Comment !!
- Díos …!! »

Don Juan eut juste le temps de se retourner et de retenir dans ses bras Ana Maria qui perdait connaissance…

« Ana Maria, ma chère ! Revenez à vous je vous en prie ! Implora Annabella qui s’était agenouillée aux côtés de son mari pour la soutenir.
- Elle tremble…, remarqua Don Juan avec inquiétude. »

Ana Maria ouvrit alors les yeux, laissant paraître un regard affolé à peine masqué, tandis que Roseta continuait de fixer, incrédule, la cage qu’elle pouvait apercevoir en se mettant sur la pointe des pieds. Annabella et Don Juan aidèrent Ana Maria à se relever.

« Comment vous sentez-vous… ? S’enquit Annabella, encore choquée de la brusque réaction de son amie.
- Je…Je vais bien, pardonnez-moi, c’est idiot, je… je ne sais pas ce qu’il m’a pris…, tenta-t-elle de s’expliquer maladroitement.
- Ce n’est rien Ana Maria…, rassura Don Juan. »

Ils regardèrent alors tous dans la direction de la petite charrette en bois, comme le faisaient tous les habitants del pueblo, abasourdis et dévastés par la nouvelle. Ils pouvaient entrapercevoir une silhouette noire élancée, retenue prisonnière derrière les barreaux de bois. Don Juan fronça les sourcils. Il ne pouvait y croire ! Diego, arrêté ! Comment diable avait-il fait pour se faire prendre ! Perdu dans ses réflexions, il finit par se retourner vers Ana Maria. Il ne put s’empêcher d’avoir un léger mouvement de surprise en découvrant le visage décomposé de son amie. Elle faisait apparemment tout pour se contrôler et garder la tête froide. Il se saisit délicatement de son bras droit et lui murmura aussi discrètement que possible :

« Ana Maria… depuis quand n’avez-vous pas vu Diego… ?... Ana Maria ?!
- Je…Depuis…depuis hier soir…, répondit-elle les larmes aux yeux.
- Avait-il prévu de…disons de faire une sortie ?
- … Oui…Mais ça ne devait être qu’une sortie de routine… Rien de dangereux… ! Oh mon dieu… ! »

Elle porta la main à sa bouche, incapable de croire qu’il s’était finalement fait prendre. Elle regarda elle aussi, effarée, la cage en bois emprisonnant le célèbre justicier masqué.

Alors que tous contemplaient avec effroi la triste réalité, une voix s’éleva derrière eux. Une voix enjouée et étonnement familière…

« Buenos dias, mes amis ! J’ai cru que je ne vous retrouverai pas dans cette foule ! » Salua Don Diego.

Les quatre personnes interpellées se retournèrent, devant le regard plus que surpris de Don Juan, tandis qu’Ana Maria tombait inconsciente une nouvelle fois au sol.


*
*
*
*
*


C’était un visage tout ce qu’il y avait de moins enjoué qu’arborait à présent Don Diego. Les traits durcis par l’inquiétude, il gardait son regard fixé sur un point imaginaire face à lui, tandis que Don Juan, plus agité, arpentait nerveusement la bibliothèque. Les deux amis étaient retournés à l’hacienda de la Vega, ainsi qu’Ana Maria, alors que Roseta et Annabella étaient parties de leurs côtés jusqu’à l’hacienda de Vargas. Ana Maria, après être revenue rapidement à elle, pour la seconde fois, s’était littéralement jetée dans les bras de Diego, tant elle était soulagée de le voir libre, sain et sauf.

« Ainsi Monastorio clame haut et fort qu’il a capturé Zorro…
- Mais nous savons qu’il ment puisque vous êtes là devant moi Diego !
- Oui… Je me demande à quoi joue le Commandant cette fois…
- A mon avis, c’est un piège pour capturer le vrai Zorro… Il doit penser que Zorro ne laisserait jamais un innocent se faire prendre à sa place…
- Oui vous avez raison. Il se pourrait même qu’il s’agisse d’un homme engagé par Monastorio lui-même…Tout ceci ne me dit rien qui vaille !
- Je vous déconseille de tenter quoi que ce soit pour le délivrer Diego, c’est trop risqué !
- Je suis d’accord, attendons un peu de voir comment le Commandant va faire évoluer les choses… »


La réponse ne tarda pas à venir. Le lendemain, Diego et Don Juan apprirent avec surprise que le Zorro emprisonné s’était échappé… Mais cela posait plus de questions que ça n’en résolvait. Pourquoi Monastorio avait-il laissé échapper son appât… ?!

« Peut-être qu’il s’agit d’un vrai Zorro…, supposa Diego. Je veux dire, quelqu’un ayant décidé d’agir lui aussi pour la justice et ayant adopté à son tour le costume de Zorro… Monastorio pensait peut-être avoir capturé le vrai Zorro !
- C’est possible aussi, il faut bien le reconnaître…Díos ! Mais qu’est-ce que tout cela signifie enfin !
- Calmez-vous Juan ! Pour le moment hélas, nous n’avons aucun moyen de le savoir…Ce Zorro a disparu dans la nature…
- Il m’a tout l’air d’être aussi doué que son modèle… ! Tout le village ne parle que de l’exploit de leur héros. Personne ne se doute un instant qu’il ne s’agit pas du véritable Zorro… !
- Patience mon ami… ! C’est bien tout ce qu’il nous reste… !
- Diego, vous êtes d’un calme ! Comment diable faites-vous ?!
- Je ne sais pas, répondit-il en riant, l’habitude des situations délicates peut-être !
- Je vous admire ! J’en serais bien incapable je crois !
- Chacun sa façon de réagir mon ami… ! dit-il en accompagnant ses paroles d’une tape amicale dans le dos. Savoir réagir vite sans trop réfléchir est une qualité appréciable également !
- Oui… Annabella aimerait bien que j’arrive à me calmer en certaines occasions !
- Ah les femmes… toujours à s’inquiéter pour nous !
- En tout cas, vous avez fait une belle peur à Ana Maria hier !
- Hum… oui, je m’en suis aperçu ! J’avoue que je n’ai pas tout de suite compris pourquoi mon apparition lui avait causé une si vive émotion !
- Pauvre Ana Maria, il faut avoir les nerfs bien accrochés avec vous, n’est-ce pas ?! dit-il en riant.
- Je crois qu’Annabella et vous n’êtes pas en reste si vous voulez mon avis… ! répliqua Diego.

Les deux amis se mirent à rire et continuèrent ainsi d’échanger paroles moqueuses et regards complices, oubliant un instant ce deuxième Zorro et les manigances du Commandant Monastorio.



*
*
*
*
*


Deux semaines passèrent depuis l’apparition de ce mystérieux deuxième Zorro. Et pas un jour ne s’était écoulé sans qu’on entende parler de lui. Toute la région admirait les exploits répétés de leur héros, argent volé et redistribué aux peones, injustices rétablies, actes de bravoure… Il n’arrêtait pas ! Les gens étaient heureux, le commandant semblait faire peu de cas de cette situation, et Diego et Juan restaient perplexes.

« Vraiment, je ne comprends pas ! Mais qui peut-il bien être ?! S’énervait Don Juan.
- Je n’en sais rien… vraiment rien ! Dut admettre Diego. Il est très habile, il ne s’est pas une seule fois mis en danger…Il est vraiment très fort…
- Zorro n’a jamais été aussi actif que ces derniers jours…Que peut-il donc rechercher ?
- …Peut-être veut-il tout simplement agir pour la justice en Californie ! J’ai l’impression que je peux définitivement raccrocher mon costume noir, il fait tout à ma place ! » Plaisanta Diego.

Don Juan se retourna vivement vers son ami, surpris.

« Diego…cela vous fait rire ? …Vous songez vraiment à arrêter… ?! »

Don Diego perdit soudainement son sourire.

« Non, Juan… Je sais que tout cela est sérieux, et je vous avoue que je ne suis pas très à l’aise avec cette situation. Cela m’inquiète… Tant que ce Zorro agit pour le bien et la justice, ma foi, on peut le laisser faire…Mais quelque chose ne va pas…
- C’est Monastorio… Je suis sûr qu’il est lié à ce Zorro ! Je suis sûr qu’il a un plan !
- Oui, c’est fort probable… Mais lequel ?!
- … Je n’en sais rien, j’avoue que je n’arrive pas à comprendre…

Diego se leva tout à coup et s’approcha de Juan, l’air décidé.

« Je sais ce que je peux faire… Il faut que je rencontre ce Zorro, que je lui parle !
- C’est risqué Diego…
- Oui, mais si j’arrive à lui parler en privé, je pense réussir à savoir si ses intentions sont sincères ou non…
- Reste à le trouver… plus facile à dire qu’à faire !
- Oui… Ca ne va pas être facile !
- Il ne nous reste plus qu’à attendre qu’il se manifeste de nouveau… »




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Ana Maria de la Vega

Ana Maria de la Vega


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MessageSujet: Re: "L'ombre d'un doute"   "L'ombre d'un doute" Icon_minitimeMar 4 Nov - 13:15

La soirée était animée ce soir-là à la taverne de Los Angeles ! La moitié du village s’était retrouvée à la posada, les rires étaient francs et joyeux, et le vin coulait abondamment dans les verres. Tout comme tout ceux qui étaient présents ce soir-là, les époux Vargas et de la Vega, ainsi que le commandant et sa femme Roseta, regardaient avec admiration la danseuse onduler son corps au rythme de la musique entraînante. Personne ne remarqua une ombre silencieuse se glisser au premier étage. A pas de loup, cette ombre s’approcha des escaliers et embrasa du regard la salle animée. Il nota scrupuleusement qu’aucun soldat n’était présent, mis à part le commandant… Il remarqua aussi le petit groupe formé autour du commandant et de sa femme : deux jeunes et riches caballeros accompagnés de leurs charmantes épouses… Son regard détailla pendant quelques secondes la jeune femme brune, puis glissa sur l’autre femme, blonde celle-ci… Son regard s’éclaira alors et un sourire sournois vint illuminer son visage…

« Parfait… »

Le petit groupe d’amis étaient loin de soupçonner l’ombre qui planait juste au-dessus d’eux. Annabella, Ana Maria et Roseta riaient de bon cœur, tandis que Juan et Diego profitaient de cette soirée pour oublier un peu la tension de ces derniers jours. Le commandant, lui, semblait préférer rester en retrait et se contentait de regarder d’un air distrait la danseuse évoluer sur la piste. Un bruit sec et sourd, ainsi que plusieurs cris stridents le firent se retourner brusquement. Toute la table d’amis se leva d’un coup face à l’effrayant spectacle qui s’offrait à eux : ‘Zorro’ avait sauté du premier étage et s’était retrouvé juste derrière Annabella de Vargas, dont il s’était saisi aussitôt. Il l’avait obligée à se lever en la prenant par derrière et la menaçait de la pointe d’un poignard sur son cou.

« Que personne ne bouge, ou cette charmante jeune femme en subira les conséquences… ! » ordonna Zorro, devant l’assemblée stupéfaite.

Roseta et Ana Maria regardèrent avec effroi leur amie trembler aux prises du bandit. Don Juan, hors de lui, avait déjà mis la main au fourreau, mais Diego l’empêcha d’un geste impérieux de sortir son épée. C’était bien trop dangereux pour Annabella… Don Diego observa d’un peu plus près ce Zorro qu’il avait pour la première fois l’occasion de détailler. Même silhouette, même costume, même regard, même sa voix ressemblait à la sienne ! Il était extrêmement ressemblant…Ces similitudes finirent de mettre mal à l’aise Diego. Monastorio prit alors son attitude de commandant et toisa Zorro du regard avant de s’adresser à lui :

« Zorro, veuillez relâcher immédiatement la Señora ou vous le regretterez !
- Vos menaces ne m’ont jamais fait peur Commandant !
- Vous ne sortirez jamais d’ici vivant !
- Voulez-vous que l’on parie ?! dit-il en riant. »

Tandis que Monastorio ravalait avec fureur les moqueries de Zorro, ce dernier s’amusait à jeter d’insistants regards à Roseta et Ana Maria. Alors que la douce et charmante épouse du commandant regardait, apeurée, son amie toujours sous la menace du poignard, Ana Maria ne semblait plus vouloir quitter des yeux le bandit masqué. ‘Zorro’ s’interrogea alors sur les raisons qui lui valaient un regard aussi noir et aussi pénétrant.

« Et bien ma chère, quel regard ! dit-il en s’adressant à Ana Maria. Que me vaut l’honneur d’être à ce point l’objet de votre attention… ? »

Plongée dans ses pensées, Ana Maria ne s’était pas rendue compte de l’insistance de son regard. Elle eut un bref mouvement de surprise, et se reprit.

« Pour être tout à fait franche… Vous ne nous avez pas habitué à de telles manières Señor Zorro !
- Ah oui ? Vous avez l’air bien au courant de mes manières, Señora… »

Surprise, la jeune femme ne répondit rien à cette curieuse remarque qui la mettait mal à l’aise.

« Intéressant… » Murmura Zorro, face au trouble évident qu’elle affichait à présent.

« Bien, alors que voulez-vous Zorro ?! S’écria Monastorio, impatient d’en finir.
- C’est très simple, cher commandant, répondit le bandit, en reportant son attention sur le militaire, le sourire aux lèvres. Vous détenez prisonnier un homme nommé Ranchez, il n’a aucune raison d’être en prison, libérez-le !
- Pourquoi ne pas l’avoir fait évader vous-même, comme vous en avez l’habitude… ? »

Zorro se retourna avec colère vers l’homme qui l’avait questionné.

« Oui c’est vrai, continua Diego, d’habitude vous sautez par-dessus le mur de la caserne, vous vous battez avec les hommes du commandant, vous libérez le prisonnier et vous partez !
- Hum…ce n’est pas aussi facile que ça Don Diego… ! lui chuchota Monastorio, légèrement vexé.
- Tiens donc…vous aussi vous avez l’air de bien connaître mes habitudes Señor !
- Mais… tout le monde les connaît ! essaya de se rattraper Diego. Du moins tout le monde sait que Zorro n’a pas pour habitude de prendre en otage ainsi les honnêtes gens !
- Cela suffit ! Alors commandant, je commence à m’impatienter… ! dit-il en appuyant un peu plus la pointe sur le cou d’Annabella, qui n’osait plus bouger d’un millimètre.
- Enrique, je vous en prie… ! implora Roseta, les larmes aux yeux. Libérez cet homme, pour l’amour de dieu !
- Très bien, vous avez gagné Zorro ! Je vais le libérer…, répondit le commandant, étrangement calme.
- Gracias, commandant ! »

Monastorio fit un signe de tête au juge qui se trouvait là lui aussi. Ce dernier sortit en hâte de la taverne prévenir le sergent Garcia. Quelques minutes plus tard, le prisonnier en question se tenait libre sur la plaza. S’en étant assuré en regardant par la fenêtre, Zorro finit enfin par relâcher Annabella. D’un mouvement rapide, il s’enfuit par où il était venu, sans que le commandant ni personne d’autre ne put le suivre.

Annabella, enfin libre, s’effondra dans les bras de son mari, tant elle avait eu peur. Roseta se précipita à ses côtés afin de la soutenir, tandis que Diego regardait la scène, perplexe.

Pourquoi a-t-il fait ça… ? Je ne comprends pas… il doit y avoir une explication, quelque chose ne tourne pas rond… Pourquoi diable a-t-il agi de la sorte ! S’il avait vraiment voulu libérer cet homme, il aurait fait comme Zorro le fait toujours… Quel intérêt avait-il à venir ici défier tout le monde… ?

La voix de Don Juan le sortit de ses pensées.

« Diego, je ramène Annabella à l’hacienda. Elle a besoin de repos, dit-il le visage marqué par l’inquiétude.
- Oui entendu… Prenez bien soin d’elle…
- Enrique, puis-je l’accompagner.. ? demanda Roseta, elle aussi très inquiète.
- Bien sur Roseta, allez-y…
- Gracias, Enrique! »

Don Juan sortit de la taverne, tenant sa femme, tremblante, dans ses bras, Roseta à leur suite. Le Commandant retourna à la caserne d’un pas pressé, tandis que Diego et Ana Maria sortaient à leur tour de la taverne. Elle remarqua la mine soucieuse de son mari.

« Ca ne va pas Diego… ?
- Non, ça ne va pas… Je n’y comprends rien ! Il n’avait aucun intérêt à agir ainsi…
- Oui, en effet c’est curieux…
- Il devait rechercher quelque chose…Mais quoi ?!
- Je n’en ai aucune idée hélas… »

Diego remarqua le ton soudain las de sa femme.

« Ana Maria, est- ce que vous allez bien ?
- Oui, je… Je suis juste fatiguée par tout ça… J’ai eu si peur pour Annabella… !
- Je comprends…Rentrons…
- Oui… »

Alors que le couple se dirigeait de l’autre côté de la plaza afin de rejoindre leur calèche, une ombre se faufila à l’arrière de la caserne…

Assis à son bureau, le commandant attendait en silence lorsqu’il entendit le signal…trois petits coups brefs frappés au volet de la fenêtre de sa chambre. Il se leva et fit entrer rapidement l’homme qu’il attendait.

« Alors, plutôt réussi ma petite intervention de ce soir, n’est-ce pas ?!
- Taisez-vous, ne parlez pas si fort idiot ! Si on vous découvrait ici, tout serait fichu, moi le premier !
- Entendu… , répondit le bandit masqué, calmement.
- Alors, qu’en pensez-vous ?
- A vrai dire, cette soirée a été très intéressante… Vous aviez raison, s’en prendre à Annabella de Vargas était une très bonne idée, cela nous a appris beaucoup de choses je trouve…
- Oui… je suis persuadé que Zorro est un ami du Señor Vargas, peut-être est-il lui-même ce hors-la-loi !
- Hum… J’en doute… Si vous voulez mon avis, il s’agit de quelqu’un d’autre !
- A qui pensez-vous ?
- Je ne sais pas encore mais…voyons commandant, vous n’avez pas remarqué ?! Pourtant cette mise en scène avait bien pour but de faire réagir les proches de Zorro afin qu’ils se trahissent d’eux-mêmes… !
- Je le sais oui ! Alors, qu’avez-vous remarqué ? »

Le bandit ôta son masque, un sourire de contentement non dissimulé aux lèvres.

« Enfin commandant, c’est pourtant facile ! Il me parait plus qu’évident que le Señor de la Vega et sa charmante épouse en savent plus long qu’ils ne le disent…
- Comment… ?! (réfléchissant quelques secondes) Oui…ce que vous dites n’est pas faux… Diego de la Vega est hors de soupçon, mais par contre sa femme… Je lui ai toujours trouvé des airs mystérieux… Oui, cela expliquerait bien des choses…
- Vous voulez mon avis, je suis persuadé qu’elle sait qui est Zorro ! Il ne reste plus qu’à la faire parler…
- Oui, et comment cela ? Elle n’est pas du genre à se laisser impressionner…
- Rien de plus facile Commandant ! dit-il en riant. Rien de plus facile ! Laissez-moi faire… »


*
*
*
*
*


Le lendemain de cette soirée agitée, Ana Maria se leva de bonne heure. Elle avait mal dormi, inquiète à la fois par cette histoire de faux Zorro et par la santé d’Annabella. Elle se prépara rapidement et rejoignit Diego au salon.

« Bonjour Diego ! le salua-t-elle avec un sourire.
- Bonjour… ! Je vois avec plaisir que vous allez mieux !
- Oui en effet, mentit-il légèrement. Diego, j’aimerais aller voir Annabella afin de prendre de ses nouvelles…
- Bien sur, elle sera ravie de vous voir, allez-y…
- Gracias… !
- Oh, au fait Ana Maria…
- …Oui ?
- J’ai décidé d’aller à la poursuite de cet autre Zorro…
- Oh…
- Pouvez-vous en informer Don Juan ?
- Oui…bien sur…Diego, vous êtes sur de vouloir faire ça… ? demanda-t-elle inquiète.
- Oui, c’est le seul moyen d’en avoir le cœur net…Ne vous inquiétez pas… !
- Très bien…comment allez-vous faire pour le retrouver… ?
- J’ai ma petite idée… !
- Bien…Je… Je vous laisse alors… Soyez prudent Diego !
- Je vous le promets, à ce soir ! Je viendrais vous rejoindre dans votre chambre…
- Oui…à ce soir… »

Après l’avoir embrassée tendrement, Diego regarda sa jeune épouse quitter la demeure. De son côté, Ana Maria se dépêcha de rejoindre l’hacienda des Vargas, son habituel sentiment de peur au cœur, comme à chaque fois que Zorro entrait en scène. Une dizaine de minutes plus tard, elle arriva chez Annabella et y retrouva Roseta qui était restée la nuit.

« Buenos dias ! salua Ana Maria, heureuse de retrouver ses amies.
- Bonjour Ana Maria ! répondit Roseta.
- Oh bonjour ! Vous n’auriez pas dû venir d’aussi bonne heure… !
- Ca ne fait rien ! Je voulais avoir de vos nouvelles au plus vite…
- Je vais bien mieux rassurez-vous… Juan m’a couchée rapidement hier soir. Il est vrai que je ne tenais plus debout…
- Après ce que vous avez dû supporter, c’est tout à fait normal… !
- Roseta a eu l’extrême gentillesse de me veiller lors de mon sommeil.
- Oh mais c’est normal voyons…, répondit Roseta, le rose aux joues.
- Gracias Roseta…Merci d’avoir été là pour vous occuper d’elle…Annabella, j’ai terriblement honte, j’aurai dû moi aussi rester à vos côtés…
- Mais non, ne vous en faites pas… ! Et je vais bien mieux, voyez !
- Oui…
- Par contre, si je puis me permettre ma chère, vous n’avez pas l’air très bien…
- C’est juste un peu de fatigue…
- Vous avez l’air perturbée, continua Annabella, depuis le jour où l’on a arrêté Zorro…êtes-vous sur que tout va bien… ?
- Mais…oui tout à fait ! répondit Ana Maria, gênée.
- Oh mais tout le monde a été bouleversé par cette arrestation inattendue ! intervint alors Roseta.
- Oui c’est vrai…admit Annabella. »

Ana Maria adressa un sourire reconnaissant à Roseta. Cette dernière n’avait en effet pas oublié qu’Ana Maria connaissait le Señor Zorro, et elle comprenait fort bien que son arrestation l’ait bouleversée…

Don Juan fit alors son apparition et accueillit Ana Maria un sourire aux lèvres.

« Ana Maria, je suis heureux de vous voir !
- Buenos dias, Don Juan ! Moi aussi ! Je suis venue prendre des nouvelles d’Annabella.
- Juan, je vous en prie, dites-lui qu’elle doit aller se reposer !
- Annabella a raison vous savez ! Vous n’avez pas l’air en forme…
- Allez-y Ana Maria, je reste ici en cas de besoin…
- …Très bien puisque vous insistez… Merci Roseta… !
- Oh mais avec plaisir !
- Je vous raccompagne…, proposa Don Juan.
- Gracias. Remettez-vous bien Annabella…
- Oui, ne vous en faites pas, merci d’être venue Ana Maria… ! »

Don Juan accompagna Ana Maria jusqu’à l’entrée de l’hacienda.

« Oh, j’allais oublier ! Diego m’a chargée de vous prévenir qu’il partait à la recherche de… Zorro…
- Ah oui ? Dios, il aurait dû m’attendre, je serais venu avec lui !
- Il m’a dit qu’il rentrerait ce soir…
- Très bien, alors je passerai prendre des nouvelles.
- D’accord. Alors à ce soir Juan !
- A ce soir… ! » dit-il en la saluant.

Il resta devant l’entrée regarder la calèche s’éloigner, l’air soucieux.

« Bon sang, Diego, pourquoi ne m’avez-vous pas attendu… ! »
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Ana Maria de la Vega

Ana Maria de la Vega


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MessageSujet: Re: "L'ombre d'un doute"   "L'ombre d'un doute" Icon_minitimeMar 4 Nov - 13:16

Pendant ce temps, Diego, ou plutôt Zorro, (le vrai cette fois !) n’avait pas perdu de temps. Il avait une idée bien précise pour retrouver l’imposteur. S’il était effectivement de mèche avec le Commandant comme il le croyait, ce dernier allait forcément aller rendre visite à son hors-la-loi complice. En suivant Monastorio, Diego était sûr de retrouver son double. Il dut patienter une bonne heure, dissimulé dans un des recoins des murs de la caserne, avant de voir le commandant quitter le cuartel seul. Sûr de lui, Zorro le suivit, en prenant garde de ne pas se faire voir. Après tout, il faisait grand jour, les risques étaient plus grands que s’il faisait nuit.

Après une cinquantaine de minutes de chevauchée dans la campagne environnante, Monastorio prit la direction des montagnes. Toujours derrière lui, Zorro le suivit à travers le paysage rocailleux pendant encore une trentaine de minutes. Quelques minutes et quelques sueurs froides pour Zorro, craignant d’avoir été découvert, plus tard, Monastorio s’arrêta enfin. Il descendit de cheval, imité par Zorro toujours caché, et s’approcha de l’entrée d’une caverne. Zorro vit alors avec satisfaction le bandit habillé et masqué exactement comme lui sortir de la grotte.

« Vous êtes trop prévisible Commandant… ! »

Malheureusement, de là où il était, Diego ne put rien entendre de la conversation qu’avaient entamée Monastorio et le faux Zorro. Pourtant il aurait donné cher pour savoir ce qu’ils se disaient ! L’autre Zorro parlait rapidement, un sourire malsain aux lèvres, tandis que le Commandant buvait littéralement ses paroles.

Tout cela ne me dit rien qui vaille… pensa Diego, de plus en plus inquiet.


« Et vous êtes sûr que de cette manière-là, la Señora de la Vega parlera.. ?
- J’en suis persuadé Commandant. Croyez-moi, ces choses-là, je les sens !
- Vous m’impressionnez…
- J’ai toujours pu me féliciter d’avoir un excellent sens du genre humain. Je perçois très facilement ce que sont les gens…et ce qu’ils ressentent…
- Je le sais oui. C’est bien pour cela que je vous ai engagé !
- Faites-moi confiance…Elle se trahira toute seule !
- Parfait… ! »

De son côté, Diego se contenait avec peine. Il sentait que quelque chose se tramait. Quelque chose d’important… Mais il n’avait aucun moyen de savoir quoi ! Du moins pour le moment… Il attendit patiemment que le Commandant parte, cette douloureuse sensation de sentir un piège se refermer sur lui lui serrant le cœur.

Au bout de longues minutes d’attente, Monastorio finit par partir. Diego décida d’attendre que l’imposteur agisse avant d’aller à sa rencontre. Il voulait savoir ce qu’il avait en tête… Il resta donc là à attendre de nouveau, le surveillant de près. Ce ne fut qu’en milieu d’après-midi que son double se décida à agir. Le complice de Monastorio monta à cheval et prit la direction de Los Angeles. Zorro le suivit silencieusement.

Mais une fois arrivée dans les parties les plus boisées de la campagne, Diego ne put empêcher sa position d’être révélée. Tornado avait malencontreusement fait bruyamment craqué une branche morte au sol. Le faux Zorro se retourna immédiatement et aperçut le célèbre hors-la-loi.

« … Tiens ! Zorro ! Je me demandais quand vous alliez vous décider à apparaître !
- N’espérez pas vous faire passer pour moi plus longtemps, imposteur ! Je sais que vous êtes le complice du Commandant !
- J’avoue que j’étais impatient de vous rencontrer… ! lança-t-il, ignorant royalement les menaces de Zorro.
- Moi aussi…En garde !
- Avec joie ! »

Les deux Zorros descendirent de cheval et se firent face, chacun toisant l’autre du regard.

« Voyons si vous êtes aussi habile à l’épée que moi… ! provoqua Diego.
- Rien ne saurait me faire plus plaisir ! » dit-il en se lançant sur Zorro d’un geste brusque.

Un curieux spectacle commença alors. Deux hommes entièrement vêtus de noir, le visage masqué, se battant férocement l’un contre l’autre…Rien ne pouvait les distinguer l’un de l’autre tant ils se ressemblaient, d’autant plus que la nuit commençait à tomber… Diego dût reconnaître qu’il jouait le rôle de Zorro à merveille, il était extrêmement fort à l’épée…Le commandant avait bien choisi son homme… ! Constatant que la nuit tombait vite, le faux Zorro s’empara alors d’une lourde pierre au sol :

« Vous m’excuserez, mais j’ai à faire ! »

Il lança violemment la pierre sur Diego, qui tenta in extremis de l’éviter…



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La nuit était maintenant complètement tombée. Ana Maria avait tant bien que mal essayé de se reposer, mais l’idée que Diego était dehors à la poursuite de ce bandit la tracassait. Au cours de l’après-midi, elle s’était de nouveau rendue chez Annabella. La bonne santé de son amie l’avait entièrement rassurée sur ce point-là. Ana Maria était donc rentrée chez elle en début de soirée, Don Juan lui ayant promis de passer un peu plus tard dans la soirée afin de voir Diego.

Ana Maria posa ses affaires sur la coiffeuse et retira son châle qu’elle déposa sur le lit. Elle s’approcha de la fenêtre et contempla le paysage nocturne, ne pouvant s’empêcher d’être anxieuse. Elle le trouvait bien long à revenir…

Soudain, elle sentit un léger courant d’air frais dans son dos et entendit le bruit de pas feutré.

Il est là… ! Enfin il est revenu ! Il est passé par le passage secret, il est là, dieu merci !

Ana Maria se mit à sourire, et était sur le point de se retourner lorsqu’elle sentit des bras l’encercler tendrement. Son sourire s’agrandit et éclaira son visage.

« Bonsoir… ! Je commençais à m’inquiéter vous savez…
- Je suis là… lui répondit-il dans un murmure, si faible qu’Ana Maria eut peine à l’entendre.
- J’ai eu si peur… Je sais que je ne devrais pas mais…Je ne peux m’empêcher de trembler à chaque fois que vous sortez… »

Elle sentit avec bonheur ses bras la serrer un peu plus fort. Comme elle se sentait bien ainsi en sécurité auprès de lui… ! Elle appuya délicatement sa tête contre son torse, et ferma les yeux. Elle sentit sa main lui caresser doucement le visage…

« Je vous aime Ana Maria…, lui souffla la voix près de son oreille.
- Oh… Je…Je vous aime aussi… Diego… »

Elle sentit imperceptiblement ses bras se serrer un peu plus brusquement autour d’elle. Voulant se dégager, elle se retourna et fit face à Diego.

« Ooooh !!!!
- Bonsoir Señora ! Surprise… ?! »

Ana Maria découvrit avec effroi que l’homme qui était devant elle, l’homme qui la tenait dans ses bras, n’était pas le véritable Zorro, n’était pas Diego ! Elle tenta de se dégager, mais la tendre étreinte n’avait plus rien de romantique. Il la tenait fermement à sa merci.

« Lâchez-moi…Lâchez-moi, vous entendez !!
- Vous pouvez crier tant que vous le voudrez, je sais qu’il n’y a personne ce soir ici !
- Mais…comment avez-vous fait pour entrer… ?!
- Très facile, j’ai relâché le cheval noir de Zorro et je l’ai suivi… il m’a montré l’entrée de la grotte… !
- Vous… vous quoi ?! Oh mon dieu …! »

Ana Maria comprit alors avec horreur que ce bandit avait rencontré Diego…et qu’il l’avait battu… Une peur insidieuse monta en elle, et elle sentit les larmes lui brûler les yeux.

« Où est Zorro ?! Qu’avez-vous fait de lui ?!!... Répondez-moi !!
- Zorro…ou devrais-je dire Diego… doit actuellement être gisant au sol dans une sombre forêt au beau milieu de nulle part… ! Vous êtes satisfaite ?!
- Diego… Non… ! »

S’impatientant, l’homme jeta Ana Maria en pleurs sur le lit et la regarda, apparemment satisfait de lui-même. Incapable de réagir, le cœur brisé, elle resta immobile, pleurant en silence.

« Je serais bien resté mais…j’ai d’autres choses à faire plus importantes, excusez-moi !
- Où…Où allez-vous… ?
- Mais chez le Commandant bien sur ! Il sera ravi d’entendre ce que j’ai à lui dire, et moi j’ai hâte de toucher la récompense ! Adios ! »

La silhouette noire disparut en l’espace de quelques secondes, laissant Ana Maria anéantie, encore sous le choc et réalisant à peine qu’elle venait de trahir l’identité secrète de Diego…
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Ana Maria de la Vega

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MessageSujet: Re: "L'ombre d'un doute"   "L'ombre d'un doute" Icon_minitimeMar 4 Nov - 13:18

Don Juan arriva enfin chez les de la Vega. Il avait été retardé par une affaire urgente de dernière minute, mais il était enfin là, pressé de savoir ce qu’avait découvert Diego sur cet imposteur. Il entra dans le patio et constata avec étonnement que toutes les lumières étaient éteintes. Pourtant Ana Maria était sensée l’attendre…Intrigué, il entra dans la demeure et s’arrêta. Quelque chose n’allait pas…C’était bien trop silencieux et calme pour être normal…
Alors qu’il allait se diriger vers le salon, il perçut un faible bruit venant de l’étage. Poussé par un étrange pressentiment, il prit la peine de sortir son épée, et se dirigea vers les chambres à l’étage.

Pas un bruit… Pourtant il était sur d’avoir entendu quelque chose ! …Oui ! Il l’avait entendu de nouveau, cela venait de la chambre d’Ana Maria. Soudain inquiet, il se précipita vers la chambre en question et entra brusquement.

Le cœur serré, il y découvrit son amie agenouillée au sol, la tête et les bras posés au bord du lit, pleurant presque sans faire aucun bruit.

« Ana Maria ! Mon dieu, mais que s’est-il passé.. ?! »

A la vue de son ami, elle releva la tête et posa sur lui un regard affolé voilé de larmes.

« Juan !!! Oh c’est vous Juan !!
- De grâce, dites-moi ce qu’il s’est passé !... Où est Diego… ?
- Diego…Je… Je ne sais pas, il… il s’est battu avec l’autre Zorro…Mon dieu, Juan, il sait tout ! Il est parti le dire au Commandant !!
- Quoi… ?! Vous dites que le faux Zorro a appris pour Diego ?!
- Oui ! Je vous en prie il faut faire quelque chose ! Il faut l’arrêter !
- Il faut d’abord retrouver Diego !
- Je…oui…je ne sais pas où il est… »

Ana Maria se remit à pleurer, incapable de maitriser toutes les émotions qui l’animaient. Don Juan s’agenouilla en face d’elle et la prit fermement dans ses bras. Il était très inquiet pour son ami, mais ce n’était pas le moment de craquer…

« Ana Maria, calmez-vous je vous en prie ! Diego a besoin de vous ! Calmez-vous ! Réfléchissez, je suis sûr que vous pouvez m’aider à le retrouver…Concentrez-vous… !
- Je…Je ne sais pas…
- Il a surement du vous donner un début de piste, un indice…
- Il… il a parlé d’une forêt…
- Une forêt… »

La seule région boisée qu’il connaissait était celle qui se trouvait au Nord de Los Angeles, juste avant la région montagneuse. Les montagnes…idéales pour se cacher… !

« Restez là Ana Maria, je vais le chercher !
- Mais…et le commandant ?
- Diego d’abord, ensuite on s’occupera de Monastorio….S’il n’est pas trop tard…
- Bien….Merci Juan…
- Ca va aller…restez là, je reviens… »

Don Juan se releva, ramassa son épée qu’il avait laissé tomber et se précipita au dehors. Il n’y avait pas une minute à perdre ! Monastorio risquait fort d’être déjà au courant…mais il devait au moins essayer de retrouver Diego avant qu’il ne soit trop tard…

Ana Maria sécha ses larmes et se calma. L’arrivée de Don Juan lui avait quelque peu éclairci l’esprit. Elle pria intérieurement le ciel pour que Juan arrive à temps…


*
*
*
*
*


Le mystérieux bandit qui avait pris la place de Zorro arriva enfin chez le Commandant Monastorio. Ce dernier le reçut comme à son habitude le faisant entrer par la fenêtre de sa chambre.

« Alors ?! Qu’avez-vous donc appris ? Vous avez été plus long que prévu ! questionna Monastorio.
- J’ai été quelque peu retardé, mais cela importe peu désormais, dit-il un sourire sardonique aux lèvres. J’ai réussi ma mission et je viens toucher ma récompense comme prévu commandant.
- Vous savez qui est Zorro… ?!
- Je vous avais dit que j’y arriverai ! Cela a été encore plus facile que prévu !
- Alors ? Et bien, dites-moi ! Qui est-ce ?!
- …Je veux mon argent d’abord.
- Ne jouez pas ce petit jeu-là avec moi idiot ! Dites-moi ce que vous savez !
- Je regrette, mais je n’ai aucune confiance en vous commandant ! Je ne parlerai pas tant que vous ne m’aurez pas donné les 2000 pesos !
- Et moi je vous dis que vous allez vite regretter votre entêtement si vous persistez à ne rien dire !! menaça-t-il en dégainant son épée. »

Le bandit fit de même et menaça le commandant.

« Vous voulez vous battre avec moi…. ? Attention, je prends mon rôle très au sérieux et je risque fort de vous battre comme Zorro le fait à chaque fois !! lança-t-il moqueur.
- Suffit !! Parlez ou je vous fais enfermer sur le champ ! »

L’homme vêtu de noir sembla hésiter quelques secondes puis finit par baisser sa garde.

« Parfait. Vous avez gagné ! Monastorio, je vais vous dire qui est Zorro… ! »




*
*
*


Entre temps, Don Juan avait réussi par miracle à retrouver son ami Diego. Il avait parcouru la forêt noire à bride abattue et par un heureux hasard l’avait retrouvé au creux d’un fossé. Il gisait inconscient sur le sol tapissé de feuilles et de branchages. Une petite flaque d’un rouge sombre inquiétant s’étalait au niveau de sa tête. Don Juan le redressa légèrement et tenta de le faire revenir à lui.

« Diego ! Diego vous m’entendez ! Revenez à vous, pour l’amour de dieu ! »

Il examina plus attentivement sa blessure ; c’était une vilaine entaille au niveau du front. Don Juan se rappela les quelques gestes de médecine qu’il connaissait et entreprit de soigner sa plaie. Il fallait faire vite, chaque seconde qui passait était autant de risques que Monastorio n’apprenne la vérité. Les soins rudimentaires qu’il lui prodigua finir heureusement par faire effet, et Diego encore sonné revint à lui.

« …Juan.. ?!
- Diego, il faut faire vite. Notre imposteur a découvert votre identité et il est parti droit chez le commandant !
- Q…que dites-vous là ?!
- La vérité hélas ! Comment vous sentez-vous ?
- …Je vais bien… Il faut les rattraper Juan ! »

Diego se releva avec difficulté et se retint de justesse de tomber en s’appuyant sur son ami.

« Vous n’êtes pas en état !
- Mais si… !
- Mais non ! Aahh, écoutez-moi un peu ! Rentrez chez vous, je m’occupe de Monastorio !
- Hors de question que je vous laisse y aller seul ! Bon… partez devant alors et je vous suis…à mon rythme.
- Qu’est-ce que vous pouvez être borné parfois !
- Au moins autant que vous Juan ! Allez, ne perdez pas de temps… !
- Très bien… A plus tard alors ! »

Diego regarda Don Juan remonter à cheval et partir au triple galop. Encore chancelant, il finit lui aussi par remonter en selle et se diriger à une allure plus modérée vers le pueblo de Los Angeles.
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MessageSujet: Re: "L'ombre d'un doute"   "L'ombre d'un doute" Icon_minitimeMar 4 Nov - 13:19

Le regard du Commandant s'illumina d'un éclat mauvais. Il sentit un léger frisson le parcourir. Cette fois, il le tenait, il tenait le Renard…! Grisé par la victoire, il se contenait avec difficulté.

- Je vous écoute… Qui est Zorro?

L'homme en noir face à lui s'approcha de quelques centimètres prêt à prendre la parole.

- L'homme qui se cache derrière le masque de Zorro, c'est..


Une lame pourfendant l'air lui frôla tout à coup le visage, et une seconde plus tard, vint se ficher dans le mur, entre le militaire et lui.

- Qu'est-ce que…
- Zorro !

Hors de lui, le Commandant Monastorio se précipita à la fenêtre, mais déjà le hors-la-loi avait disparu. C'était à peine s'il avait distingué une ombre dans la nuit.

- Maudit Zorro! Rhaaaaaa!!
- Je m'en occupe Commandant, répliqua le bandit, l'épée à la main. Je vais vous le ramener…




Quelques mètres plus loin, de l'autre côté des murs gris de la caserne, Don Juan rejoignait son ami, le souffle court. L'attendant, se tenant appuyé contre le mur, Diego supportait avec peine la douleur, et c'est le visage crispé qu'il s'adressa à Juan.

- … Alors?
- Je crois être arrivé à temps, je l'espère en tout cas. Mais il ne faut pas rester ici, Monastorio doit déjà avoir envoyé ses hommes à mes trousses.

Diego acquiesça dans une grimace.

- Il faut s'assurer qu'il n'a pas eu le temps de lui dire…
- Je m'en charge.
- Je viens avec vous!
- Diego!

Un puissant coup de feu interrompit les deux hommes, les faisant sursauter. Au loin, ils virent le faux Zorro, le visage à présent à découvert, jeter le pistolet fumant au sol et reprendre son épée à la main, pestant contre lui-même d'avoir raté son tir. Juan et Diego ne perdirent pas de temps, et déjà les deux jeunes caballeros détalaient aussi vite que possible, à travers les dédales des petites rues endormies du village. Derrière eux, ils entendaient le complice de Monastorio se rapprocher dangereusement. Juan jeta un regard inquiet à Diego, qu'il soutenait par l'épaule. Son visage était de plus en plus blême et il perdait rapidement le peu de force qui lui restait. Don Juan se faufila dans une ruelle et se plaqua au mur, dissimulé dans l'ombre d'une porte cochère. Durant quelques secondes, les deux amis écoutèrent le silence de la nuit, guettant le moindre bruit suspect.

- Bien… Nous avons quelques minutes de répit…

Avec précaution, il aida Diego à s'assoire par terre, et fronça les sourcils. Sa respiration était de plus en plus difficile.

- Diego… vous allez rester la, je vais le retrouver et m'en occuper.
- Non, c'est trop dangereux. Juan, si on vous reconnaît, vous seriez immédiatement arrêté et condamné. C'est à moi de le faire.
- Vous avez raison mais vous n'êtes plus en état. Inutile de discuter avec moi Diego…! Et puis… vous prenez toujours tous les risques tout seul, ce ne serait que justice de vous aider, pour une fois…

Toujours à terre, Diego eut un moment d'hésitation, puis finit par acquiescer enfin. Il était épuisé et sa tête lui tournait atrocement. Il devait bien reconnaître qu'il n'avait plus la force de ne rien faire.

- Gracias… , murmura-t-il.

Don Juan lui répondit par un sourire, soulagé de voir que son ami l'écoutait enfin.

- Ne bougez pas, vous devriez être à l'abri ici. Je reviens vite.

Portant la main à sa tête, Diego n'eut pas le temps de répondre. Déjà Don Juan s'était éclipsé, épée à la main, enveloppé par la nuit.




Don Juan de Vargas longeait avec précaution les murs de la petite ville, aux aguets. Tous ses sens étaient en alerte. Il ne devait pas sous-estimer son adversaire, il était, après tout, aussi doué que son "modèle". Alors qu'il remontait une rue vers la plaza, Don Juan se figea tout à coup lorsqu'il aperçut la silhouette de l'homme qu'il recherchait se découper au bout de la rue. Il nota silencieusement que la nuit était encore suffisamment sombre pour qu'il puisse se battre sans se faire reconnaître, fort heureusement. Il se mit aussitôt en garde, prêt à parer les attaques de son ennemi.

Face à lui, le bandit vêtu de noir exerçait tout son talent d'escrimeur, et Don Juan dut reconnaître que Monastorio avait bien choisi son homme : il était aussi bon bretteur que Diego, si ce n'était meilleur encore…! Il s'efforçait de parer au mieux, reculant petit à petit sous les assauts de l'imposteur. Outre la force de l'homme qu'il combattait, il devait prendre garde à ne pas se retrouver trop proche de lui pour ne pas être reconnu. En plus de cela, Juan avait la désagréable sensation de se battre avec Diego lui-même, et malgré lui il voyait que les infimes moments d'hésitations qu'il avait à attaquer lui faisait perdre le duel. Face à lui, son adversaire s'approchait dangereusement, un sourire mauvais aux lèvres.

Don Juan serra la mâchoire lorsqu'il se sentit partir en arrière, et tomber lourdement sur le sol. Il n'eut pas le temps de reprendre l'épée qu'il avait lâchée dans la chute : l'autre le tenait, de son épée pointée sur sa gorge. Lentement, l'homme releva de la pointe de sa lame le rebord du chapeau de son adversaire, et découvrit, dans les lueurs de la nuit, les traits de Don Juan de Vargas.

- Tiens… Voilà qui intéressera également le Commandant, j'en suis certain…

A terre, Don Juan eut un moment d'hésitation. Il ne savait plus quoi faire… Il avait échoué. En silence, il observa le sourire victorieux de son ennemi, et hocha la tête, imperceptiblement. Ils étaient finis, lui comme Diego…

- Levez-vous, Señor de Vargas. Nous allons…
Un cri de douleur déchira la nuit l'espace d'un instant. Stupéfait, Juan regarda alors l'homme qui le menaçait s'écrouler devant lui pour s'effondrer à terre, le corps transpercé par une balle au niveau du cœur. Mort… Il releva la tête, et découvrit, à quelques mètres de la, Diego le bras encore levé, l'arme à la main. Encore sous le coup de la surprise, Juan rejoignit son ami.

- Diego…
- Partons. Le bruit de la détonation va nous faire repérer.

Sans un mot de plus, Diego siffla et quelques secondes plus tard apparaissait Tornado. Il fit signe à Juan de monter avec lui en selle, ce que fit ce dernier, puis il éperonna sa monture, sans plus de considération pour l'homme qu'il avait abattu de sang froid quelques minutes plus tôt.




Soulevant les pans de feuillage qui dissimulaient l'entrée de la caverne, Don Juan laissa passer le cheval noir, avant de rabaisser le rideau de verdure derrière eux. Dans la petite grotte, Diego descendit de cheval, s'assit immédiatement et porta la main à la tête.

- Est-ce que ca va aller..?
- Oui, merci Juan. Ca va passer. Je vous remercie pour tout. Sans vous…
- Ce n'est rien. Diego…
- … Oui?
- … Vous l'avez tué.
- Vous étiez dans une assez mauvaise posture, Juan…
- Avez-vous hésité?
- Non… Pas une seconde. Je n'avais pas le choix, Juan.
- Je ne dis pas que vous n'auriez pas du le faire… mais…
- Croyez-bien que je ne l'ai pas fait de gaîté de cœur. Je ne sais encore si j'ai bien fait. Mais ce qui est fait est fait…, termina-t-il, la voix sourde.

Don Juan le considéra quelques instants, le regard grave, puis répondit.

- Vous avez raison. Venez, vous devez vous reposer.
- Merci… Merci Juan.


Quelques minutes plus tard, Don Juan déposa Diego sur son lit. Il ne lui fallut que quelques secondes pour s'endormir, sous l'effet de la fatigue et de la douleur. Juan hocha doucement la tête. Une fois de plus, ils n'étaient pas passés loin d'un drame. Une fois de plus, le Commandant avait failli réussir. Combien de temps encore réussiraient-ils à le maintenir en échec…? Diego avait voulu bien faire en créant un jour Zorro, mais il ne savait pas dans quoi il s'était lancé, et quels obstacles encore il allait devoir surmonter… Juan repensa à cet homme que Diego avait tué. Etre Zorro le poussait à dépasser des limites que jamais il n'aurait cru franchir un jour… Cette nuit, ils s'en étaient sortis de peu. Sûrement étaient-ils intervenus à temps. Sûrement cet imposteur n'avait pas eu le temps d'informer le Commandant. Don Juan referma doucement la porte de la chambre et soupira. Le combat était loin d'être terminé. Monastorio était un adversaire redoutable, et jamais il ne renoncerait avant d'avoir atteint son but : démasquer le Renard. Cela, ca ne faisait pas l'ombre d'un doute…






FIN
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