Les Roses de Rosetta
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Les Roses de Rosetta


 
AccueilDernières imagesS'enregistrerConnexion
-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

 

 "Pura sicomme un' angelo"

Aller en bas 
AuteurMessage
Rosetta Corleone




Messages : 39
Date d'inscription : 31/10/2008

"Pura sicomme un' angelo" Empty
MessageSujet: "Pura sicomme un' angelo"   "Pura sicomme un' angelo" Icon_minitimeSam 8 Nov - 3:56

"PURA SICOMME UN' ANGELO"




Chapitre 1


« Il fait nuit… Depuis quelques heures déjà… Pas un seul filet d’air ne passe les volets à demi clos. La température n’est pas retombée, ou si peu. C’est comme cela en cette saison, dans la région de Palerme. Il faut être du pays pour supporter cette chaleur. Je l’avais oublié. Tout comme j’avais oublié certains mots. Je connais mieux New York que ces paysages arides où sont nés mes parents. J’étais petit la première fois que je suis venu ici. Je me souviens que Connie était encore bébé. Quand je pense que ma sœur est mariée, maintenant… Elle-même attend un bébé. J’aurais aimé être là pour voir mon neveu ou mon nièce dans ses premiers jours mais je ne peux pas encore rentrer. Pas avec la guerre qui s’est rallumée là-bas depuis que j’ai tué Sollozzo et McClusky. Et encore moins depuis que…

« … Ils ont eu Sonny… Seigneur, ils ont eu Sonny… Ils l’ont eu au péage de l’autoroute. Qui est ce « ils », personne n’en sait rien pour le moment. Des hommes de Barzini, de Tataglia, de qui d’autres encore ? On ne le sait pas. Quand Don Tommasino est venu m’apprendre la nouvelle, ce matin, il n’en savait pas plus. Seulement que je ne pouvais pas encore rentrer à New York et que Sonny était mort.

Tom en sait peut-être plus, peut-être a-t-il caché autre chose, mais pour le moment je suis seul face à cette évidence : ils ont eu Sonny. Connie avait téléphoné, Carlo la frappe. Sonny s’est précipité pour l’aider, a refusé qu’on l’escorte, et ils l’ont eu. Tom avait envoyé une voiture pour le suivre mais ils sont arrivés trop tard. C’est tout ce que je sais.

« La Mamma doit pleurer toutes les larmes de son corps et Pop… il doit être anéanti. Il doit se demander pourquoi a-t-il survécu aux cinq balles tirées par les hommes de Sollozzo pour voir ensuite mourir son fils aîné. Je rage de ne pas pouvoir rentrer aussitôt alors qu’ils ont besoin de moi. Heureusement qu’ils ont Tom, et Fredo s’il est encore à New York. Pauvre Tom… Il était attaché à Sonny plus qu’aucun autre. C’est lui qui l’a trouvé dans la rue quand ils étaient petits et qui l’a ramené à la maison. C’est comme cela que Tom est arrivé chez nous et que Pop l’a adopté. Gräce à Sonny. Pauvre Sandra et ses enfants, les petites jumelles, Frank, Santino Jr…

« Et moi, à présent… Je n’entendrai plus mon grand frère m’appeler « Nice college boy » ou « l’intello ». Il a été bien surpris quand j’ai dit que je m’occuperai de Sollozzo et de McClusky. Ni Clemenza, ni Tessio, ni Tom ne l’ont cru. Quand Sonny a compris que j’étais déterminé, j’ai vu qu’il me regardait autrement. Il lui était arrivé de me secouer ou de me cogner, comme pour l’anniversaire de Pop, en 41, quand j’ai dis que je m’étais engagé pour me battre dans le Pacifique. Mais son regard avait changé.

« J’ai du faire bonne figure quand Don Tommasino m’a appris la mort de Sonny. Pour elle. Pour Apollonia qui m’attendait dans la voiture, qui attendait que je revienne lui apprendre à conduire « come lo hai promesso ». Je lui ai dit quand même que l’un de mes frères était mort. Je ne voulais pas lui dire que je partais pour Syracuse en la laissant à Corleone sans raison. J’aurais pu. Elle m’aurait obéi. J’aurais pu la ramener chez son père sans lui dire que si je vais seul à Syracuse, si je ne peux pas l’emmener demain avec moi, c’est pour la protéger, pour sa propre sécurité.

« Elle croirait que je ne l’aime pas autant que je le dis. Elle aurait des doutes, et pourtant Dieu m’est témoin que je l’aime infiniment. Elle a le droit de savoir. De savoir que la mort de Sonny me met en danger, qu’on a retrouvé ma trace et que même à Syracuse je continue d’être en danger ainsi que toute personne qui m’accompagnerait. Elle ne peut pas venir. Il faut attendre que les choses se calment, comme il a fallu que je quitte New York, Sollozzo et McCluskey à peine refroidis. Sans pouvoir dire au revoir à la Mamma ; c’est Sonny qui l’a fait pour moi. Et demain, je pars pour Syracuse. Seul.

« Je n’arrive pas à dormir, je ne dors toujours pas. Je garde les yeux fixés sur le plafond et j’écoute le silence. Je n’entends que le souffle de ma respiration et celui d’Apollonia. Sa respiration régulière, paisible. Elle dort. Je la tiens blottie contre moi. Qui sait quand pourrais-je à nouveau avoir sa compagnie ? La séparation sera dure, il ne faudra pas que je me retourne. Pauvre Apollonia, elle va beaucoup me manquer.

Elle est devenue essentielle à ma vie, je ne peux plus me passer d’elle. Elle est pure comme un ange, douce et candide. Son innocence m’est allée droit au cœur. J’ai le plus grand respect pour elle. Elle m’est dévouée, elle m’aime au moins autant que moi. Et c’est parce que je ne veux pas la perdre que je ne puis l’emmener avec moi à Syracuse malgré le déchirement que cette séparation me coûte… »
Revenir en haut Aller en bas
Rosetta Corleone




Messages : 39
Date d'inscription : 31/10/2008

"Pura sicomme un' angelo" Empty
MessageSujet: Re: "Pura sicomme un' angelo"   "Pura sicomme un' angelo" Icon_minitimeSam 8 Nov - 3:57

Chapitre 2


« Je sens un linge humide sur mon front. Je sens des gouttelettes se mêler à ma sueur. Je sue et ce n’est pas à cause de la chaleur. Je ne la sens même plus. C’est ce choc sans nom. Je ne vois même pas le plafond au-dessus de ma tête. Je ne sens même pas le matelas de mon lit ni les draps que l’on a placé sur moi. Pourtant, je sais que je suis allongé. Je suis dans ma chambre, mais je ne sais pas où je suis. Je ne suis pas seul. Je vois trois visages penchés sur moi. Je reconnais comme flou la mère d’Apollonia. Don Tommasino à ses côtés. Je ne vois pas assez distinctement le troisième visage pour le reconnaître ; c’est Calo, ou l’un des frères d’Apollonia. Je ne sais qu’une chose, que c’est un visage trop jeune pour être son père. Je pense soudain qu’il faudra que j’aille le voir lorsque mes jambes me soutiendront. Que lui dire, Seigneur ?

« Apollonia… »

« J’entends la voix de Don Tommasino. Je ne pensais pas avoir parlé de manière à être entendu. J’ai prononcé le prénom de ma femme et il l’a entendu. Et il répond…

« Morte. »

« Apollonia est morte… Morte par erreur, à ma place. Elle voulait me faire plaisir, me faire une surprise et elle a rencontré la mort. Jamais elle n’aurait du la rencontrer. Elle n’avait que seize ans. Je pensais la protéger en partant seul pour Syracuse, mais elle m’a été enlevée quand même. Son destin était de mourir, quelques soient les précautions que je pouvais prendre.

« Il faisait si beau, ce matin. Le ciel était radieux, rien ne laissait présager une telle tragédie. Nul ne pouvait imaginer que la mort viendrait faucher une innocente qui n’avait rien à se reprocher. Il faisait si beau. Faisait-il beau aussi lorsqu’ils ont eu Sonny ? Mais les choses sont si différentes. J’ai pleuré la mort de mon frère, et la pleure encore, mais ce n’était pas personnel, c’était pour les affaires. Mais… Apollonia… Morte à ma place, par accident… J’aurais du comprendre… J’aurais pu empêcher cela… Quand Fabrizio m’a demandé si j’allais conduire moi-même et si ma femme venait avec moi… J’aurais du comprendre… Pop aurait compris. Sonny aurait compris, et s’il est tombé lui-même dans un piège c’est que la rage à l’encontre de Carlo l’aveuglait. J’aurais du comprendre, et au lieu de cela j’ai répondu à Fabrizio qu’Apollonia resterait chez ses parents, que je partais seul. Donc que je conduirais moi-même, et qu’elle ne serait pas avec moi.

« J’ai cherché Apollonia au moment de partir. Je ne la trouvais pas. Je suis allé voir Calo. Il m’a dit qu’elle voulait me faire une surprise, qu’elle était au volant et qu’elle voulait remonter l’allée jusqu’à moi, juste pour me montrer qu’elle savait. Il m’a dit qu’elle serait comme une épouse américaine. J’ai vu Apollonia dans l’automobile, de loin. J’ai vu aussi Fabrizio qui s’éloignait, très agité. Je lui ai demandé où il allait, sans comprendre. Ce n’est qu’en le voyant s’enfuir que j’ai compris, et il était trop tard… J’ai crié… Pour qu’Apollonia quitte l’automobile… Elle ne m’a pas entendu… Une détonation, une violente explosion… Le souffle m’a projeté à terre. Et maintenant, j’entends Don Tommasino dire qu’elle est morte…

J’ai sans doute perdu connaissance, je ne me souviens plus de rien après l’explosion…

« Et maintenant ? Je comprends que c’est la mère d’Apollonia qui passe un linge humide sur mon front. J’ai honte, je suis si choqué que je suis incapable de lui dire quelque chose, elle qui vient de perdre sa fille. Mais que dire ? Il ne reste que la vendetta. Faiblement, je retrouve l’usage de la parole. Je m’entends dire :

« Fabrizio… »

« J’entends Don Tommasino me répondre qu’il a disparu. Avec difficultés, la bouche pâteuse, je parviens à articuler faiblement :

« Amenez-moi Fabrizio… »

« La bombe m’était destinée. C’est moi qui devais mourir. Moi, et moi seul.

« Devo riedere alla Famiglia »


FIN.
Revenir en haut Aller en bas
 
"Pura sicomme un' angelo"
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» "Blanches colombes et vilains messieurs" (Joseph L. Mankiewicz - 1955)
» "Un meurtre sans importance" (Lloyd Bacon - 1938)
» "Les Incorruptibles" (Brian DePalma - 1987)
» "Le Parrain" (Francis Ford Coppola - 1972)
» "L'ennemi public" (William A. Wellman - 1931)

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Les Roses de Rosetta :: LES DESCENDANTS :: LE SPEAKEASY DE ROSETTA LA MOTTE-HALLORAN - LE CASINO DE ROSETTA FARRELL - LA CASA DI ROSETTA CORLEONE-
Sauter vers: