Les Roses de Rosetta
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Les Roses de Rosetta


 
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 Comme autrefois

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Samantha McFly West
From Hill Valley, 1885
Samantha McFly West


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MessageSujet: Comme autrefois   Comme autrefois Icon_minitimeMar 4 Nov - 1:52

Comme autrefois…


Bâton Rouge, Louisiane, 1869



Rosetta Douglas se tenait debout face à la fenêtre de sa chambre, la main posée sur l’encadrement de la fenêtre. Elle regardait, silencieuse, les vastes plaines s’étendrent jusqu’à l’horizon, sous les couleurs pâles du petit matin. Sa femme de chambre finissait de la préparer, et sa robe de dentelle et de mousseline blanche venait accentuer un peu plus encore son teint pâle. Elle resserra son châle autour de ses épaules, et frissonna légèrement, tandis que son regard se perdait dans le lointain, vide de toute expression. Un craquement sur le parquet la fit tressaillir et elle sentit, malgré elle, son cœur se serrer tandis qu’elle entendait la porte de sa chambre s’ouvrir brusquement.

Prenant sur elle, elle se retourna enfin et fit face à son époux, cachant du mieux qu’elle pouvait les frissons qui la parcouraient. A quelques centimètres d’elle, James la toisa du regard, silencieux, avant de réajuster d’un geste sec le châle sur les épaules de sa femme. Il prononça quelques mots, d’une voix sourde, puis embrassa Rosetta sur le front, la tenant fermement par le bras, avant de faire demi-tour et de sortir. Rosetta n’avait rien dit durant cette brève entrevue. Elle se retourna enfin, reportant son regard sur les jardins, puis finit par pousser un long soupir de soulagement. Il était parti pour la journée. Elle pouvait espérer quelques heures de tranquillité…


oOoOo




Au sud de la Louisiane, la ville de Bâton Rouge s’étalait de part et d’autre du Mississippi. Malgré l’heure matinale, la grande rue était déjà animée, et derrière les nuages de poussière soulevée par les chevaux et les diligences, on pouvait voir les habitants de la petite ville aller et venir, avec agitation. Dans une semaine, on célébrait l’élection du nouveau maire de la ville, et des festivités étaient organisées pour l’occasion.


James Douglas stoppa son cheval devant l’entrée de l’hôtel de ville et grimpa les quelques marches de bois menant à l’édifice. Sous les arcades du bâtiment, les passants ralentissaient imperceptiblement à son arrivée, d’autres même, n’hésitaient pas à le fixer du regard, méfiant. James soutint leurs regards, serrant les poings. Il avait l’habitude… Il n’avait jamais été accepté par ces planteurs Sudistes, et ce n’était que regards noirs, provocations à peine voilées ou indifférence qu’on lui adressait tous les jours. James n’était pas homme à se laisser impressionner, bien au contraire. Ce rejet ne faisait qu’attiser sa colère et son ressentiment, colère qu’il évacuait souvent en s’en prenant à son épouse… Il redressa la tête et leur renvoya leurs regards haineux, puis finit par entrer dans le petit édifice. L’intérieur qu’il découvrit ne fit que renforcer sa répugnance pour ce peuple des Etats du Sud. Riches boiseries finement ciselées, dorures délicates, tout respirait encore le luxe dans lequel certains grands propriétaires vivaient, avant la guerre, et vivaient encore maintenant. Ces propriétaires qui pour la plupart accentuaient leur pouvoir par l’emploi d’esclaves à leur service. Plusieurs fois, James avait pensé quitter la région pour s’installer plus au Nord. Mais il avait épousé Rosetta. Elle était à lui à présent, et Svenska Ros aussi. Il était le maître des lieux, lui, et non Rosetta, n’en déplaise à ces planteurs. Sa mine renfrognée s’intensifia lorsque son regard croisa celui de son voisin : Tyrone Power. Power n’était pas comme les autres, il ne méprisait pas James ouvertement, mais quelque part, ce n’en était que plus amer, car sous ses airs polis, il sentait bien que celui-ci non plus ne l’appréciait pas, et pour une raison qui ne pouvait lui inspirer qu’un peu plus de colère encore.

« James »

« Tyrone… »

Les deux hommes se saluèrent d’un mouvement de tête. Impeccable dans son complet blanc, Tyrone le regardait, avec un air faussement aimable que James ressentait souvent comme hypocrite. James se força néanmoins à esquisser un sourire.

« Comment va votre femme ? »

James serra les dents, et perdit immédiatement son fragile sourire de façade. Pourquoi lui parlait-il de sa femme ? En quoi cela le regardait-il ? Power s’intéressait de toute façon toujours d’un peu trop près à elle, et cela avait le don de le mettre hors de lui. N’ayant aucunement l’intention de lui répondre, il changea de sujet.

« Etes-vous là à propos de la réception donnée par Mr le maire ? »
« Oui. Comme vous le savez, il a prié tous les notables de la région et les grands propriétaires de venir célébrer son élection après-demain soir, en attendant les festivités organisées par la ville. Je suis venu décliner son invitation »
« Ah oui ? Pour quelle raison ? »
« Annabella est un peu souffrante ces derniers jours. Je préfère rester à ses côtés »
« Je vois »

Un court silence s’installa entre les deux hommes. Face à face, ils s’observaient l’un l’autre, le regard teinté de méfiance. Portant la main à son chapeau, Tyrone finit pourtant par le saluer, et le dépassa en direction de la sortie. James serra les dents une nouvelle fois avant de reprendre son chemin vers le bureau du maire. Il ne voulait pas s’opposer ouvertement à Power, bien que tout en lui l’énervait. Rosetta et Annabella étaient amies. Et il n’avait aucun intérêt à s’attirer les foudres d’un homme comme Power. Alors comme lui, il faisait semblant, et il ignorait les regards de reproche ou de mépris qu’il lui arrivait de lui lancer de temps à autre…




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Samantha McFly West
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MessageSujet: Re: Comme autrefois   Comme autrefois Icon_minitimeMar 4 Nov - 1:53

James revint à Svenska Ros en milieu d’après-midi. Comme souvent, il revenait énervé… Il essaya pourtant de se reprendre et de se calmer tandis qu’il rejoignait sa femme dans le petit salon. Son premier geste fut de se servir un verre de whisky, qu’il vida de moitié, avant de reporter son regard sur Rosetta, sagement assise sur le sofa.

« Et bien ? Qu’avez-vous à me fixer ainsi du regard ? »

« Je… rien ! Je ne vous fixe pas du regard, James… ! »


Il la regarda quelques secondes en silence, puis termina son verre d’une traite. Tremblante, Rosetta n’osait bouger ni dire un mot. Elle sentait que ça n’allait pas. Que quelque chose n’allait pas. Encore… Les mains nerveusement crispées sur son canevas, elle gardait la tête baissée, quand un bruit d’éclats de verre la fit violemment sursauter.

« …James ! »

Il resta immobile quelques secondes, face au mur contre lequel il avait jeté son verre, puis il se retourna brusquement vers elle. Rosetta s’était levée, mais elle recula d’un pas, horrifiée devant le regard révulsé de son mari.

« James… »

« Ce ne sont que des imbéciles, tous ! Qu’ils aillent au diable !! »

Rosetta sentit sa cheville buter contre le sofa, tandis qu’elle essayait encore de reculer. Face à elle, James allait et venait dans la petite pièce, s’agitant en tout sens, cognant ses poings contre les murs ou les meubles, criant et hurlant sans retenue. Il était hors de lui. Une nouvelle fois… Rosetta ferma les yeux, tremblante, retenant ses larmes. Elle redoutait les coups qu’il ne manquerait pas de lui infliger, mais il n’y avait pas que cela. Elle l’aimait encore assez pour se sentir malheureuse de le voir ainsi, perdu, hors de contrôle, s’en prenant à la Terre entière, dans une douleur et une colère qu’elle ne parvenait pas à comprendre. Elle ne lui était d’aucune aide. Et souvent, elle pensait que tout était fini pour eux, que ses espoirs de bonheur avec lui s’étaient définitivement envolés, qu’il n’y avait rien d’autre à faire que de fermer les yeux et d’attendre que la crise ne passe…


Elle rouvrit les yeux alors qu’elle sentit James la prendre par le bras. Déjà elle sentait sa main puissante se contracter sur elle. Elle eut à peine la force de retenir un gémissement de douleur, tandis que la pression qui lui tenaillait le bras se faisait encore plus forte. Elle osa tout de même demander, dans un vain espoir de le calmer :

« … Que s’est-il passé James… ? Qu’y a-t-il ? »

« Ce qu’il y a ? Ce qu’il y a !… Il y a que vos chers amis ne sont que des abrutis pompeux ! Ils pensent tout savoir de moi, ils me jugent, et me condamnent sans procès ! Ils me donnent envie de vomir, tous ! »

Rosetta baissa la tête, les yeux humides. Elle connaissait le comportement des autres planteurs vis-à-vis de James. Elle n’ignorait pas non plus que la plupart d’entre eux soupçonnaient « le Nordiste » de la corriger, elle, l’une des leurs comme ils pensaient. Leurs soupçons étaient fondés. Et leurs réactions étaient compréhensibles…

« Regardez-moi Rosetta… »

Sa voix soudainement basse était devenue menaçante. Elle obéit, presque déjà résignée.

« J’ai aussi rencontré notre cher voisin ce matin… »

« Oh vous avez vu Tyrone ! »

Le ton enjoué qu’elle avait pris dans l’espoir de détendre l’atmosphère ne fit qu’empirer les choses. Regrettant ses paroles, Rosetta se mordit la lèvre, et elle ferma les yeux, une seconde avant qu’elle ne se sente partir en arrière, sous l’effet de la gifle que James venait de lui administrer…



oOoOo




Allongée sur son lit, Rosetta pleurait doucement. Le soir tombait, et elle pouvait apercevoir de son lit les couleurs tièdes du crépuscule filtrer à travers les rideaux tirés. Ce matin, James avait mis plus d’une heure à se reprendre… Après son départ, Rosetta s’était sentie tomber, à moitié inconsciente, et elle avait passé le reste de la journée à se remettre. Elle resserra encore son châle autour d’elle, tentant de cacher à ses yeux et à son esprit les bleus qui apparaissaient déjà. Il l’avait giflée plusieurs fois. Il l’avait tenue serrée, entre ses mains puissantes et nerveuses, il l’avait bousculée en tout sens, la cognant contre les murs, dans une colère qui l’aveuglait complètement. Il s’était mis à délirer aussi… Il avait reparlé de la guerre, des combats, des massacres... Il disait qu’elle était sa prise de guerre, et rien d’autre. Qu’il la méritait bien. Alors qu’elle se protégeait le visage avec ses mains, il avait alors cessé, et l’avait laissé brusquement, sans un mot. Lorsqu’elle avait entendu la porte d’entrée claquer, elle s’était finalement laissée tomber au sol, en pleurs, sans force.


Elle n’en pouvait plus. Cette fois, la crise avait été bien plus violente que les autres, comme si tout avait explosé en même temps. Rosetta était épuisée, physiquement, et moralement. Elle se remit à pleurer. Elle ne parviendrait pas à tenir encore longtemps comme cela… A travers ses larmes, elle se souvint du jour où elle était devenue Mrs Douglas. A cette époque-là, elle était encore heureuse. Elle aimait James. Il l’aimait. Elle était heureuse d’épouser le bel officier qui lui avait sauvé la vie et dont elle était tombée amoureuse… Son cœur se serra douloureusement. Près de quatre ans après, tant de choses avaient changé…. Rien n’était plus pareil. James avait changé. Et malgré les efforts qu’elle faisait, il lui semblait toujours trouver une occasion ou un prétexte pour se plaindre d’elle et de la corriger en conséquence. L’aimait-il encore ? Elle ne savait plus. Il avait beau lui dire, lui crier qu’elle lui appartenait, qu’elle était sa femme, elle ne savait plus… Les coups étaient trop durs à supporter… Elle repensa, mélancolique, à ces lettres heureuses qu’elle envoyait à sa famille, leur disant que tout allait bien. Elle songea également à ses amis, à Annabella et Tyrone, devant lesquels elle feignait d’aller bien. Mais les questions de son amie, et les regards perçants de Tyrone auraient bientôt raison de sa volonté… Elle n’arrivait plus à soutenir ses regards soupçonneux et inquiets… Elle savait qu’un jour, elle craquerait, elle dirait la vérité. Ce jour, elle le redoutait plus que tout…


Sa main droite glissa lentement sur le tissu froissé de sa robe et se posa sur son ventre plat. De nouvelles larmes glissèrent sur ses joues. Des larmes de douleur. Plus le temps passait, et plus elle désespérait de voir arriver la seule chose qui pourrait encore la rendre heureuse : devenir mère…
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Samantha McFly West
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Samantha McFly West


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MessageSujet: Re: Comme autrefois   Comme autrefois Icon_minitimeMar 4 Nov - 1:53

Une nouvelle journée, identique, succéda à la veille. Le matin, Rosetta avait constaté avec soulagement que James était déjà parti, et qu’il n’avait annoncé son retour que pour le début de soirée. Elle avait hésité à se rendre à Saltair. Annabella lui manquait, elles ne s’étaient pas vues depuis plusieurs jours déjà, et elle avait appris que son amie était souffrante. Puis elle y avait renoncé. Lorsqu’elle s’était vue dans le miroir, dans sa chambre, les bleus étaient encore là, bien visibles. Il suffisait d’un simple faux mouvement, et les châles recouvrant les parties meurtries de son corps pouvaient glisser et les dévoiler… Rosetta s’était donc résignée à rester à Svenska Ros. Se reposant dans sa chambre, elle avait alors senti son coeur battre plus fort lorsqu’on était venu lui annoncer le visiteur qui se présentait dans l’entrée : Tyrone…


Elle l’avait accueillie de la manière la plus aimable possible, malgré l’inquiétude qu’elle ressentait à l’idée qu’il ne découvre tout. Elle savait bien que Tyrone soupçonnait James, comme les autres, de mal la traiter, mais il n’avait aucune idée de l’ampleur que cela pouvait prendre parfois.

« Je suis venu prendre de vos nouvelles Rosetta, j’espère que je ne vous dérange pas. »
« Non, pas du tout ! Comment va Annabella ? »
« Elle va mieux, merci. Elle ne sera pas suffisamment remise pour la réception du maire demain, mais dans quelques jours, il n’y paraîtra plus. »
« J’en suis heureuse ! »

Tyrone marqua un temps d’arrêt, et lui sourit doucement. Face à lui, la jeune femme lui souriait en retour, avec un air fatigué cependant qui l’inquiéta aussitôt. Ca n’était pas la première fois qu’il la voyait dans cet état de fatigue apparente, et il s’en était souvent inquiété en silence. Mais là, il sentait derrière ses sourires las, une nervosité inhabituelle et une certaine douleur dans son regard qui l’alarmait malgré lui. Son regard tourmenté était un véritable appel au secours, un appel muet certes, mais bien réel. Tyrone baissa la tête, pour la relever une seconde après, l’air grave.

« Que se passe-t-il Tyrone, quelque chose ne va pas ? »
« Ce serait plutôt à vous de me le dire Rosetta… »

Il sentit la jeune femme tressaillir et se contracter légèrement. Son ton n’avait en rien été menaçant. Au contraire, il avait prononcé ces quelques mots la voix basse, dans un murmure, encourageant la confidence. Il la sentait perdue, ne sachant quel parti adopter, et déjà, il voyait avec effarement la peur s’ancrer dans le regard de Rosetta. Il lui prit doucement la main.

« Vous savez que je suis votre ami, vous pouvez me parler… » continua-t-il doucement, mais fermement. « Je peux deviner certaines choses Rosetta, mais… je ne peux savoir ce qu’il en est exactement, et je veux vous aider. Je peux vous aider Rosetta… Dites-moi… »

Devenue muette, Rosetta sentait les larmes perler à ses yeux. Tyrone était là, il disait vouloir l’aider… Il était si gentil… Cela la bouleversait de voir qu’un homme pouvait être capable d’autant de douceur et de gentillesse. Elle baissa les yeux, honteuse, les larmes roulant sur son visage contracté. Elle aurait voulu tout pouvoir lui dire, lui demander, « Aidez-moi ! Aidez-nous ! » mais elle avait la gorge nouée. Elle cacha son visage dans ses mains, s’effondrant en larmes un peu plus à chaque seconde, et se laissa emporter dans les bras rassurants de Tyrone.


Désemparé, il l’avait prise dans ses bras, tandis qu’elle tombait en larmes devant lui, sans un mot. Il hésitait d’abord, puis avait délicatement posé sa main gauche dans son dos, l’encourageant à se reposer davantage sur lui. La sentir aussi fragile et aussi malheureuse lui brisait le cœur, et en même temps, cela faisait naître en lui une colère sourde. Elle s’écroulait littéralement. Il devait l’aider. Il devait faire quelque chose, même s’il s’était souvent obligé, par le passé, de se garder d’intervenir. Relevant un peu de sa chevelure brune, il remarqua avec horreur une marque, puis une autre, sur son épaule découverte. Les marques se prolongeaient sous le tissu… Sa mâchoire se crispa un peu plus encore lorsqu’il découvrit d’autres bleus sur ses bras…

« Rosetta… »

Sa voix laissait transparaître malgré lui sa propre peur, devant l’état de la jeune femme. Elle, restait immobile, la tête baissée. Ses larmes avaient cessé, et elle restait silencieuse, comme assommée.

« Vous savez qu’il faut faire quelque chose Rosetta, vous ne pouvez plus continuer… Un jour, il vous arrivera malheur… »

Elle hocha de la tête, en un infime mouvement.

« Je vous aiderai Rosetta. Vous n’êtes pas seule. »
« Il faut l’aider lui aussi… »

Sa voix n’avait été qu’un murmure, un dernier sursaut qui montrait qu’elle était encore consciente, tant elle semblait sonnée.

« Comment pouvez-vous encore penser à lui Rosetta, après tout le mal qu’il vous a fait ! Il ne mérite pas votre compassion ! »

Rosetta détourna la tête, incapable de répondre. Elle ne savait plus quoi faire. Elle ne voulait pas causer de tort à James, mais elle ne pouvait non plus continuer comme cela… Tyrone avait raison. Elle ne savait plus… Elle secoua doucement la tête, en signe d’impuissance.

« Pardonnez-moi Rosetta mais… Vous voir ainsi me révolte. Ne vous inquiétez pas… Je ne ferai rien sans votre consentement. Mais je vous en conjure… il faut vous décider à parler. Je peux me charger des démarches. Je vous en prie…. Pensez-y. Pensez-y… Il faut vous décider… »


Elle murmura un vague « oui », un peu rassurée de voir qu’il ne ferait rien sans son accord, rassurée aussi d’entrevoir un semblant d’aide, et peut-être, le signe d’une vie meilleure à venir…

Tyrone resta quelques minutes encore puis repartit. Cette visite l’avait bouleversée, mais elle s’était ensuite sentie mieux. Comme un poids qui s’était finalement retiré. L’esprit et le cœur encore tourmentés, elle décida cependant de sortir pour se rendre en ville. James lui permettait de temps en temps de se promener seule en ville, et elle devait encore aller chercher une nouvelle robe pour la soirée du maire le lendemain.

Une fois arrivée, elle descendit de la calèche et entreprit de parcourir les quelques rues marchandes. L’agitation de la ville lui faisait du bien, et voir toutes ces choses l’égayaient un peu et lui rendirent finalement le sourire. Elle passa chez le tailleur pour retirer sa robe, qui était telle qu’elle le voulait selon le croquis qu’elle avait choisi. Elle admira d’autres vitrines, puis se décida à rentrer. Elle passa devant le cabinet du médecin, et baissa les yeux sans le vouloir. Ce médecin qu’on avait si souvent fait venir parce qu’elle s’était évanouie, suite au traitement trop brutal de James… On lui avait alors soigneusement dissimulé les marques les plus importantes, pour qu’il ne s’alarme pas, et James se contentait de lui demander de lui faire reprendre connaissance. Le regard de Rosetta se posa ensuite sur l’enseigne du bureau du marshall. Un léger frisson la parcourut. Elle se rappela les paroles de Tyrone… « Il faut vous décider… Je peux me charger des démarches… Vous ne pouvez plus continuer… » Elle s’arrêta sans s’en rendre compte devant l’entrée du bureau, et resta le regard dans le vague. Et si elle parlait… qu’allait-il se passer ? Pour elle ?… Pour James ? En était-elle seulement capable ? Un instant elle se sentit hésiter, à entrer, maintenant, et à parler. A pleurer tout en expliquant toutes les douleurs qu’elle subissait depuis quelques mois. Elle aurait tout dit, tout en implorant que l’on ménage son mari. Elle aurait tout dit… et le cauchemar se serait arrêté de lui-même, d’un seul coup. C’était si facile… il suffisait d’entrer.

Soudain, la porte devant laquelle elle s’était arrêtée s’ouvrit brusquement. C’était justement le marshall.

« … Mrs Douglas ? …Avez-vous besoin de quelque chose ? »
« Je… Je voudrais… »

Le marshall dut se pencher légèrement vers elle, tant sa voix était faible. Il fronça les sourcils.

« Que se passe-t-il ? Est-ce que vous vous sentez bien ? » Il terminait à peine sa phrase, qu’il recevait dans ses bras, la jeune femme évanouie.
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Samantha McFly West
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MessageSujet: Re: Comme autrefois   Comme autrefois Icon_minitimeMar 4 Nov - 1:54

Rosetta avait été emmenée dans le cabinet du Dr Firth, heureusement tout près du bureau du marshall. Le docteur s’était montré surpris de la voir encore sujette aux évanouissements, cela arrivait souvent. Même si la jeune femme l’avait expliqué par une constitution fragile, le docteur ne pouvait s’empêcher de s’en étonner encore. Il parvint à lui faire reprendre connaissance assez vite, et Rosetta avait soupiré de soulagement en voyant qu’il ne l’avait pas examinée plus en détail. Au retour de James le soir, elle avait espéré passer sous silence ce nouvel évanouissement, mais ce dernier avait été mis au courant par le docteur qu’il avait justement rencontré en ville. Heureusement ce soir-là, James était d’humeur relativement calme, et il ne fit pas de remarque, malgré son air contrarié. La discussion avait ensuite dévié sur le bal donné le lendemain soir. James avait regardé la nouvelle robe, et avait bien vérifié que les manches longues couvraient ses bras, et le col montant, ses épaules et son cou.


La journée du lendemain se passa tout aussi bien que la soirée de la veille. James avait passé la matinée enfermé dans son bureau, puis s’était occupé des affaires du domaine une partie de la journée. Rosetta n’était pas sortie, et elle se préparait sereinement à la réception du soir. Elle regrettait un peu le col haut et les manches longues de la robe bleue nuit, mais elle n’avait pas le choix. Elle devait en prendre son parti. Elle repensa malgré elle à Tyrone, et aux paroles pleines de conviction qu’il lui avait dit la veille. Le cœur serré, elle se sentait soulagée de savoir que ce soir, il ne serait pas là. Elle n’aurait pas supporté son regard lourd de sens, alors qu’il la regarderait, au bras de James.




Le soir tombait, et il faisait maintenant une chaleur écrasante. Dans sa robe, Rosetta étouffait de chaleur, et espérait qu’un peu de vent frais vienne alléger l’atmosphère de la soirée, avec la tombée de la nuit. Elle se dépêcha de rejoindre James, déjà prêt, élégamment vêtu d’un complet noir.

La soirée se promettait d’être réussie. Les invités étaient venus en nombre, les hommes vêtus de leurs élégants costumes, et les femmes parées de leurs plus beaux bijoux. La lumière des bougies se reflétait, éclatante, à travers les verres de cristal, et la musique remplissait toute la salle. Le maire fraîchement élu pavoisait au milieu de ses invités, déjà prêt à tout faire pour s’attirer les bonnes grâces des propriétaires les plus importants. L’arrivée des Douglas ne passa pas inaperçue. Toute la ville les connaissait. Rosetta était admirée et respectée, de par la grâce et la bonté qui émanaient d’elle naturellement ; James, lui, était craint et méprisé, en tout cas nullement ignoré.

Habitué à ce genre d’accueil, James ne s’en soucia guère. Il s’avança au centre de la salle de bal, Rosetta à son bras. Quoiqu’ils pouvaient en dire, tous, ils devaient reconnaître que lui aussi avait sa place parmi eux. Et c’est avec un sourire assuré qu’il salua le maire. Rosetta, elle, s’efforçait de faire bonne figure. Elle ne se sentait pas bien. La chaleur s’intensifiait de minutes en minutes, et elle ressentait encore les effets de son malaise de l’après-midi. La soirée s’annonçait éprouvante…


Une demi-heure s’écoula, et Rosetta suffoquait presque sous sa lourde robe. Le mois d’août se terminait, cette chaleur était normale, et Rosetta rougissait de voir qu’elle était la seule à porter une robe fermée. Près d’elle, James s’énervait de voir sa femme gesticuler doucement à son bras. Finalement, il finit par l’entraîner jusque sur le perron, à l’extérieur, s’excusant à peine auprès des invités avec qui il discutait.

"Que se passe-t-il Rosetta enfin ? Avez-vous fini !"
"Pardon je, … j’ai simplement trop chaud… Je ne me sens pas très bien, James."

Il soupira. Un instant, il hésita quant à la bonne attitude à adopter, puis il finit par appeler quelqu’un. Il demanda à ce qu’on lui apporte sa voiture.

"Vous allez rentrer Rosetta, puisque vous ne pouvez pas vous tenir en public. Allez donc chez vos amis les Power, sans doute vous sentirez-vous mieux chez eux !"

Elle n’osa pas lever les yeux vers lui. Elle s’en voulait de lui faire honte une nouvelle fois, mais ce soir elle devait reconnaître qu’elle n’était vraiment pas en état de paraître.

"…Vous ne m’accompagnez pas jusqu’à Svenska Ros… ?"
"Non, j’ai mieux à faire. Il vaut mieux que je reste à cette soirée. Mais n’ayez crainte, je vous rendrai visite, et ce, dès demain matin…"

La jeune femme eut un frisson sous la menace à peine voilée. Bouleversée et épuisée, elle monta à bord de la calèche, la tête baissée. Lorsque la voiture s’ébranla, James Douglas était déjà reparti à l’intérieur.




Tyrone Power fronça les sourcils lorsqu’il entendit au loin un grondement sourd. Près de la fenêtre ouverte, un verre de whisky à la main, il finit par se retourner et sourit à sa femme.

"Vous sentez-vous mieux Annabella ?"

Agitant un éventail, elle s’efforçait de se procurer un peu de fraîcheur, en vain. Elle se sentait mieux oui, les remèdes du médecin avaient fait effet. Et même si elle n’avait eu la force de se déplacer jusqu’à la fête du maire, elle avait au moins pu descendre dans le salon et profiter du calme de la soirée. Plein d’attentions, Tyrone offrit un autre verre d’eau à son épouse, et vint s’assoire près d’elle sur le sofa, lorsqu’un nouveau grondement, plus fort cette fois, les fit tous deux sursauter.

"…Qu’est-ce donc… ?"
"Sûrement un orage", répondit Tyrone, "ils sont fréquents en cette saison."

En effet, la pluie ne tarda pas à se mettre à tomber, et le vent à s’intensifier. Les premiers coups de tonnerre retentirent, puis enfin, les éclairs. Revenu à la fenêtre, Tyrone observa le déchaînement nocturne qui s’offrait à lui. Il n’était pas mécontent, au moins la chaleur qui plombait l’atmosphère depuis des jours allait enfin s’envoler pour quelques heures. Devant lui, l’orage éclatait, et le ciel s’illuminait régulièrement, zébré par les éclairs qui tombaient de plus en plus fréquemment. C’était à la fois fascinant et inquiétant. Annabella ne tarda pas, d’ailleurs, à rejoindre son mari et à se blottir contre lui, observant elle aussi l’orage éclater. Tyrone sentit son visage se crisper imperceptiblement. L’orage se rapprochait, et les éclairs ne tombaient maintenant plus qu’à quelques centaines de mètres d’eux. Il sentit la main d’Annabella se resserrer doucement autour de son bras.

"N’ayez pas peur, nous ne craignons rien ici…"

Annabella acquiesça silencieusement. La pluie diminuait un peu, mais le vent qui soufflait en rafales, faisait plier les arbres et claquer les portes à l’intérieur. Soudain, il y eut un coup de tonnerre tel, qu’ils sursautèrent tous deux. Un éclair vint embraser le ciel, et durant une seconde, on vit comme en plein jour. La nuit revenue, Tyrone scruta le paysage nocturne, avant de se figer, le sang glacé…

Durant une seconde, il se colla à la fenêtre, puis délaissa brusquement sa femme pour se précipiter dehors. Il contourna la bâtisse, et fixa son regard en direction du sud. Il ne pouvait en croire ses yeux… A quelques centaines de mètres de lui, là-bas, sur l’horizon qu’il devinait dans la nuit, se détachait une masse mouvante, orangée. Quelque chose brûlait là bas, quelque chose avait été frappé de plein fouet par l’éclair, et s’il ne faisait pas erreur, ce qu’il distinguait c’était…

« Svenska Ros ! »

Il lui fallut plusieurs secondes avant de réaliser ce qu’il se passait, puis il réagit enfin. Svenska Ros était touché, le domaine était en train de brûler ! Il fit demi-tour et en quelques pas il rejoignit les écuries. Derrière lui, Annabella était sortie et avait fait la même horrible découverte.


"Restez là Annabella, je vais voir ce qu’il en est. Rentrez !"

Elle n’eut même pas le temps de dire un mot que déjà, il avait éperonné sa monture et filait vers le domaine voisin. Pétrifiée, elle rentra à l’intérieur, avec pour seul soulagement le fait de savoir que personne n’était en ce moment à l’intérieur de la bâtisse en flammes.
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Samantha McFly West
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MessageSujet: Re: Comme autrefois   Comme autrefois Icon_minitimeMar 4 Nov - 1:54

Tyrone avait fait aussi vite qu’il avait pu pour parcourir la distance qui le séparait de ses voisins. Durant sa chevauchée, il avait pu voir l’incendie s’étendre peu à peu et prendre de l’ampleur. Il remercia le ciel d’avoir fait en sorte que ni James ni Rosetta ne se trouvaient là, et espérait que les dégâts qu’ils constateraient au petit jour ne seraient pas trop étendus… Après plusieurs minutes, il arriva enfin sur place, et resta quelques secondes interdit, sans savoir quoi faire. La demeure des Douglas s’était enflammée comme si cela n’avait été que de la paille. Le rez de chaussée était pris par le feu, et quelques flammes commençaient à monter à l’assaut de l’étage supérieur. Tyrone serra la bride de son cheval et fit demi-tour. Seul, il ne pouvait strictement rien faire. La seule chose qu’il pouvait faire était d’aller en ville alerter Douglas.


Il s’arrêta au bout de quelques mètres seulement, et poussa un soupir. Plusieurs voitures et cavaliers arrivaient en sens inverse, dans sa direction. On avait du repérer le feu depuis la ville, qui n’était guère éloignée de la plantation. Les secours arrivaient, mais Tyrone se doutait qu’au point où en était l’incendie, rien ne serait récupérable… Il descendit de cheval et s’écarta du chemin pour laisser passer les arrivants. Lorsqu’il aperçut James Douglas arriver enfin, il eut un geste de surprise et d’étonnement. James était à cheval, il revenait seul…

"James !"
"Ah ! Tyrone, vous êtes là."

James descendit de cheval, et se retourna vers la bâtisse en flammes, le visage crispé. Il étouffa un juron avant de marmonner, plus pour lui que pour Tyrone, qu’il n’allait pas rester grand chose après cela. De plus en plus inquiet, Tyrone le prit par le bras pour capter enfin son attention.

"James…. Où est Rosetta ?"
"Comment ça « où est Rosetta » ? Mais elle est chez vous ! Elle a quitté la soirée plus tôt tout à l’heure et…"

Les deux hommes se fixèrent du regard, figés. En une longue seconde, ils comprirent. James pensait que Rosetta était chez les Power, et Tyrone pensait qu’elle était avec son mari….


James se retourna vers la maison, et resta pétrifié à l’idée que Rosetta pouvait se trouver au beau milieu de ces flammes. Se reprenant enfin, il se dégagea du bras de Tyrone et se précipita vers ce qui restait de la porte d’entrée. A quelques mètres seulement, la chaleur était étouffante, et l’air irrespirable. Autour de lui on s’activait pour essayer d’éteindre le feu, mais c’était peine perdue. L’incendie était trop important, et le premier point d’eau trop éloigné…

"C’est trop dangereux James, tout est en train de brûler !"

Derrière lui, Tyrone regardait les murs se consommer et s’effondrer peu à peu. Il était horrifié. Tout brûlait, et Rosetta était à l’intérieur ! Certes, le premier étage n’était pas encore entièrement détruit, mais essayer d’y accéder relevait de la pure folie. C’était impossible.

James n’hésita pas longtemps. Il prit la première veste qu’il trouva, et s’engouffra à l’intérieur, entre les flammes.





Une main posée sur sa poitrine, l’autre sur sa bouche, elle suffoquait. Elle toussa à nouveau, mais l’air était vite devenu irrespirable, brûlant et rempli de cendres. La jeune femme était assise par terre, près de son lit. Pliée en deux, elle avait renoncé à essayer de sortir de la chambre. Autour d’elle, tout était en feu.

Quelques minutes plus tôt, elle était allongée sur son lit, essayant de se remettre de ses émotions et de sa fatigue. A moitié endormie, elle avait sursauté lorsque l’éclair avait frappé la maison. Ne comprenant pas tout de suite ce qu’il en était, elle était restée plusieurs minutes assise sur son lit, effrayée, à guetter un bruit à travers le vacarme de l’orage. Mais c’était une odeur qu’elle avait d’abord sentie. Une odeur de brûlé. Et quand elle avait enfin ouvert la porte de sa chambre, l’escalier avait pris feu…. Tétanisée, elle s’était alors retournée et avait parcouru le couloir à la recherche d’une autre sortie possible, en vain. Les flammes l’encerclaient et grimpaient doucement à l’étage…. Elle s’était alors réfugiée dans sa chambre, morte de peur, ne sachant que faire.

Elle toussa une nouvelle fois. L’air lui brûlait les poumons, sa gorge était desséchée, et ses yeux lui piquaient horriblement.


James...


Elle pouvait sentir sous ses doigts le sol devenir de plus en plus chaud, au fil des minutes. Elle regarda en direction de la porte close, et aperçut de la fumée noire s’infiltrer à l’intérieur de sa chambre.

James... Revenez...!

Elle n’en pouvait plus et, pétrifiée de peur, réalisait qu’elle était littéralement prisonnière. Se collant un peu plus sur le sol brûlant, elle ferma les yeux et se mit à prier. Je suis là ! Venez me chercher ! Autour d’elle les murs s’effondraient en un vacarme qui la tétanisait de peur. Elle se crispa, et plaça la main sur sa gorge, comme si cela pouvait encore la soulager. Doucement, elle tomba dans une demi-inconscience, inanimée.



Le bruit de quelque chose qui vole en éclats, des bruits de pas sourds qui martèlent le sol, c’est tout ce qu’elle arrivait encore à distinguer, avant de se sentir soulever par deux bras puissants, quelques secondes après. Elle sentait qu’on l’enveloppait dans quelque chose, et qu’on la prenait dans les bras. On l’emmenait…


Exténuée, la jeune femme n’arrivait plus à rouvrir les yeux pour savoir ce qu’il se passait. Elle se calfeutra un peu plus contre ce torse, tandis qu’elle sentait une main protectrice maintenir sa tête. Elle se sentait partir à droite, à gauche. La traversée des flammes était périlleuse. Mais elle ne bougeait pas, préférant s’en remettre entièrement à son sauveur. Elle n’osait plus y croire, jusqu’au moment où, enfin, ses poumons purent s’emplir d’un air frais, respirable. Cela la fit tousser de nouveau, puis quelques secondes après, elle perdit connaissance.
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Samantha McFly West
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Samantha McFly West


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MessageSujet: Re: Comme autrefois   Comme autrefois Icon_minitimeMar 4 Nov - 1:55

Elle soupira d’aise. Allongée, bien au chaud entre les draps, Rosetta appréciait la douceur et la volupté qui l’enveloppaient. Gardant les yeux fermés, elle sentait néanmoins les douleurs se réveiller sur tout son corps, au fur et à mesure qu’elle s’éveillait. Elle avait l’impression d’avoir dormi pendant des jours, et peut-être était-ce le cas. Elle se demanda ce qu’il s’était passé, puis se remémora cette nuit, cette horrible nuit, où tout avait pris feu….


James vit sa femme froncer légèrement les sourcils. Assis près du lit, il se rapprocha d’elle, le visage fermé, et guetta un signe. Le signe qu’elle se réveillait, qu’elle revenait à elle, après deux jours où elle était restée inconsciente… Il passa sa main sur son visage fatigué, et se rapprocha d’elle.

"Rosetta… Rosetta… ?"

Elle se décida enfin à ouvrir les yeux. Lentement, elle découvrit un lit, une chambre qu'elle ne connaissait pas, et se sentit perdue. Elle n’était pas chez elle… Où se trouvait-elle.. ? Désorientée, elle finit pourtant par tourner la tête, et le vit.

"James…"

Elle voulut lui sourire mais n’en trouva pas la force, elle était épuisée. Elle se contenta de le regarder doucement, l’air perdu. Face à elle, James ne bougeait pas, et ne la quittait pas des yeux. Rosetta s’éveilla un peu plus, et commença à se rappeler. L’orage. Les flammes. Prisonnière. Elle allait mourir. Elle se souvint de la chaleur, des brûlures, de la douleur. Comment s’en était-elle sortie… ? Elle reporta son regard fatigué sur lui. James… Il ne disait rien et gardait le visage fermé. Baissant les yeux, elle remarqua avec douleur les marques de brûlure qui s’étalaient sur ses bras et ses mains. Il l’avait sauvé.. Il avait risqué sa vie pour la sauver. Elle n’arrivait pas à le croire. Elle voulut à nouveau lui sourire, le prendre par la main, mais le moindre geste lui semblait impossible tant elle avait mal partout. Et puis… James n’avait pas bougé, pas dit une parole…. Elle détourna son regard, les larmes aux yeux. Il l’avait sauvé oui, mais il devait être dans une telle colère maintenant….


N’arrivant plus à réprimer ses larmes, elle se laissa aller et pleura doucement, sans le regarder, lorsqu’elle se sentit emportée. James… Il était là, il la prenait dans ses bras, avec douceur, il la berçait doucement. Elle n’en revenait pas… Ainsi il n’était pas fâché après elle ? Il ne lui en voulait pas… ! Elle n’aurait pu le croire si elle ne l’avait entendu par la suite murmurer son prénom plusieurs fois de suite.

"Rosetta…. J’ai eu si peur…"

Il avait eu peur pour elle. Il était venu la sauver. Il l’aimait ! La jeune femme ne savait plus si elle pleurait à présent de douleur ou de joie. Elle sentait les bras de James se resserrer un peu plus encore autour d’elle, tout en prenant garde à ne point la blesser. Elle se rappela alors…. C’était il y a plusieurs années de cela, mais elle ne pouvait l’oublier, ce jour où James lui avait sauvé la vie, une première fois. Il avait risqué sa vie pour elle, et elle était tombée amoureuse de lui…. Il l’avait pris dans ses bras, tendrement, pour se jurer quelques temps plus tard un amour éternel. Elle eut un sourire triste. Finalement tout n’était peut-être pas perdu… James l’aimait encore, il l’aimait… Elle en pleurait. Elle porta doucement la main à son ventre, et se mit à sourire à la pensée de ce qui pouvait encore être possible… Tout pouvait recommencer. Ils pouvaient retrouver cet amour partagé qu’ils ressentaient l’un pour l’autre… Elle se blottit un peu plus contre lui, rassurée. Tout pouvait recommencer...



Comme autrefois…



FIN
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