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 "Un petit garçon devant la fenêtre"

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Rosetta Corleone




Messages : 39
Date d'inscription : 31/10/2008

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MessageSujet: "Un petit garçon devant la fenêtre"   "Un petit garçon devant la fenêtre" Icon_minitimeMar 4 Nov - 0:57

"UN PETIT GARÇON DEVANT LA FENÊTRE"




1901, Ellis Island, New York. État du New Jersey.

C’est un petit garçon assis devant une fenêtre… Un petit garçon devant la fenêtre. Seul. En exil. Sans père, sans frère, sans mère.

Son père a insulté Don Ciccio et l’a payé de sa vie. Son frère Paolo a voulu le venger et a péri tandis que passait encore le cortège funèbre. Il restait un petit garçon et sa mère. Lui, ce petit garçon, le fils cadet. Sa mère s’est sacrifiée pour qu’il ait une chance de s’enfuir. Tuée sous ses yeux comme elle menaçait Don Ciccio, portée par le courage de celle qui donne sa vie pour que le fruit de ses entrailles soit sauf. Don Ciccio, toujours lui. Mais…

… qu’importe les années, le petit garçon n’oubliera jamais.

Il n’aura pas fui pour rien, mais pour revenir un jour. Parce que des gens, au péril de leur vie, l’ont caché dans un panier porté à dos d’âne, alors même que les hommes de Don Ciccio passaient par les rues de ce petit village escarpé en promettant de terribles ennuis à ceux qui cacheraient le petit garçon. Un âne, un panier. Un exil, une fuite en Egypte contre un Hérode sanguinaire. Un bateau. Une longue traversée. Et l’Amérique, enfin. Une terre pleine de promesses, porteuse d’un rêve dont le petit garçon ne sait encore rien.

C’est un petit garçon assis devant une fenêtre… Un petit garçon devant la fenêtre. Seul. Un nouveau nom. En quarantaine.

On n’entre pas à New York comme l’on voudrait. S’il n’est pas nécessaire de se cacher dans un panier porté par un âne, il faut néanmoins passer une série de contrôles, devant des fonctionnaires de l’immigration dont le petit garçon ne comprend pas la langue. C’est ainsi que cela se passe, à Ellis Island. Car c’est déjà New York, mais non encore la terre ferme. Ellis Island est en retrait ; une île, un endroit où il faut attendre avant d’être autorisé à continuer. Le petit garçon est malade, il a la variole, il devra attendre un peu avant de pouvoir quitter les murs de ce qui lui semble un univers carcéral. Il n’a jamais connu que grands espaces, maquis et ruelles écrasées de soleil. Ce nouveau monde lui est entièrement étranger. Le voilà en quarantaine, et il se retrouve avec un nouveau nom. Le fonctionnaire chargé du registre a remplit ses papiers du nom de son village natal au lieu du nom de son père. Un signe, encore un signe de nouvelle vie, de nouveau départ. Un signe de renaissance. Mais…

… qu’importe les années, le petit garçon n’oubliera jamais.

Il n’oubliera jamais l’homme qui a tué sa famille, il n’oubliera jamais que sa vie est un miracle, il n’oubliera jamais le nom de son père. Il portera ce nouveau nom, ce nom inscrit sur l’étiquette accrochée à sa veste, mais il n’oubliera jamais. Il s’en souviendra. Il est entré dans la pièce minuscule et lugubre qui sera sa chambre pendant toute la durée de la quarantaine. Il s’est approché de la fenêtre et a regardé au loin. Elle est là. La Statue de la Liberté. Elle lui fait fasse, mais le dédaigne en même temps. Elle le regarde, mais l’évite aussi. Il ne la connaît pas encore, il n’a encore jamais entendu parler d’elle, et pourtant c’est comme s’il la connaissait. Il la regarde d’un air de défi. Il la défie. Elle ne le dédaignera plus. Il deviendra quelqu’un. Sur le bateau qui l’a conduit jusqu’ici, il a entendu ses compagnons dire qu’en Amérique tout le monde avait une chance de réussir. Il va le lui prouver, alors elle ne le regardera plus de haut de ces yeux de fer tout en détournant son regard parce qu’il n’est encore rien.


C’est un petit garçon assis devant une fenêtre… Un petit garçon devant la fenêtre. Seul. Un espoir au cœur.

Il a délaissé la fenêtre grillagée de cette chambre qui a tout d’une prison mais qui est une promesse d’espoir pour le jour où la quarantaine aura pris fin, pour le jour où il pourra enfin passer devant la Statue de la Liberté la tête haute et la laisser derrière lui pour entrer dans le cœur de New York. Il s’est assis sur une chaise, unique mobilier avec un lit de camp en fer juste à côté. Ce n’est pas cela qui préoccupe le petit garçon. Il a connu la pauvreté. Maintenant que l’espoir renaît, il s’est autorisé à s’asseoir, à fixer du regard celle qui le dédaignait. Il fredonne un vieil air sicilien tout en continuant de la défier du regard. Il est assis, c’est elle qui est debout désormais. Debout devant lui. Il ne l’a pas encore autorisée à s’asseoir. Il deviendra quelqu’un puis, un jour, il reviendra chez lui. Il vengera sa famille car…

… qu’importe les années, le petit garçon n’oubliera jamais.

C’est un petit garçon assis devant une fenêtre. Ce petit garçon a un nom, écrit sur une étiquette accrochée à sa veste. Il porte le numéro 7.

Le nom du petit garçon est Vito Andolini.

Vito Andolini, de Corleone, en Sicile.

Vito Corleone.


"Un petit garçon devant la fenêtre" 156egt3


FIN.
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